La Chronique Agora

Un nouveau jour, une nouvelle plaie

** "Un nouveau jour, une nouvelle plaie", comme dirait le père de votre rédacteur.

– Le marché a mangé la poussière cette semaine. L’indice Dow Jones a baissé. Le S&P 500 et le Nasdaq se sont débattus eux aussi.

– Que s’est-il passé ? Tout allait pourtant si bien !

– Le Dow a terminé son rally de trois jours, la semaine dernière, sur un gain de 91 points. Le pétrole était soi-disant retombé à des niveaux "normaux" après que tous ces vilains spéculateurs se soient enfuis. Le dollar a rebondi, l’or a chuté et les étoiles dans les yeux des haussiers semblaient s’être alignées. Avec leur mémoire à court terme, sifflotant gaiement le générique du JT du soir, les investisseurs ont dû penser qu’ils étaient sortis du tunnel.

– A la clôture de vendredi dernier, le VIX, l’indice de volatilité du CBOE, avait chuté à son plus bas niveau en trois mois. L’indice, connu aussi sous le nom de "jauge de panique" de Wall Street, indique les prévisions de volatilité à 30 jours par le biais des volatilités extrapolées à partir d’une gamme d’options sur l’indice S&P 500. Un chiffre au-delà de 30 signifie que la panique a déjà frappé le cœur des investisseurs. En d’autres termes, ils s’attendent à une chevauchée sauvage le mois suivant. Un chiffre en-deçà de 20 représente en général une foule relativement détendue, peut-être même complaisante.

– Vendredi dernier, le VIX est descendu à 18,67. Apparemment, les investisseurs étaient tellement détendus face aux prévisions qu’ils ont placés leurs paris et qu’ils sont partis jouer au golf tout le week-end.

– Tous ceux qui s’attendaient à une traversée calme ont subi un véritable choc quand ils sont revenus au bureau cette semaine. Les données de l’Association américaine des agents immobiliers (NAR) ont révélé que les prix des maisons continuaient de chuter, et que les stocks de maisons invendues augmentaient. Le nombre de maisons et d’appartements à vendre a grimpé de 3,9% en juillet, selon les chiffres de la NAR, ce qui signifie de nouvelles chutes de prix à venir.

** Pendant ce temps, dans le secteur financier vérolé, les murmures annonçant que Lehman Brothers avait trouvé acheteur dans la Korea Development Bank ont été mis en doute  quand le régulateur financier coréen a prévenu cette banque, dirigée par l’Etat, qu’il y avait des risques à se "mondialiser".

– "En ce moment, les risques sont importants, KDB devrait rester prudente", a dit Jun Kwang-Woo, directeur de la Commission des services financiers de Corée du Sud.

– "Il n’est pas correct, pour des institutions financières propriétés de l’Etat, de se mettre en avant et de porter des charges excessives", a-t-il dit.

– Et nous lisons maintenant que Tamasek Holdings, le fonds souverain de Singapour de 130 milliards de dollars, affirme que la crise du crédit va durer encore deux ans.

– Non, les investisseurs ne sont pas encore sortis du tunnel.

** En ce qui concerne les cris et les caprices de M. le Marché, nous sommes seulement surpris qu’ils surprennent encore les gens. Au cours du mois dernier, le Dow a enregistré des amplitudes à trois chiffres à neuf reprises, bien distinctes les unes des autres. De fait, l’amplitude quotidienne moyenne pour le mois d’août dépasse les 130 points.

– La toile de fond de tout ça : le chaos dans le secteur financier, les malheurs immobiliers, l’augmentation des dettes personnelles et nationales, les mouvements épileptiques des matières premières, les renflouements sponsorisés par la Fed, les guerres déclarées autour des principaux oléoducs, le fiasco sans fin de Fannie et Freddie… et la liste continue…

– Cela ne ressemble pas vraiment à un contexte dans lequel on peut baisser sa garde. Une fois encore, l’homme complaisant rencontre rarement des obstacles sur la route vers la pauvreté. Il me semble avoir déjà entendu une phrase qui aurait parfaitement illustré ce propos, ce devait être de Sun Tsu… ou de M. Miyagi dans Karaté Kid. Quoiqu’il en soit, partir en guerre (ou au golf) sans stratégie est le meilleur moyen de revenir vaincu.

– Peut-être que, comme l’a dit Eric la semaine dernière, il serait temps de vendre le risque et d’acheter la prudence. L’or pourrait être un bon début, et il n’est pas très cher en ce moment. C’est juste une idée…

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