La Chronique Agora

Un mensonge et deux arnaques

Macron

Les électeurs ne savent peut-être pas toujours discerner la propagande de l’information, mais ils comprennent instinctivement qu’on leur raconte des histoires.

Quoi qu’annonce le gouvernement, il semblerait que l’effet sur l’opinion soit désormais nul. Il était facile d’ironiser sur le mensonge évident du gouvernement, annonçant qu’il augmentait les taxes sur les carburants pour financer la transition énergétique.

En fait, il s’agissait de compenser une partie de la baisse des recettes relatives à la TIPP, par suite du recul de la consommation à la pompe. Le parc se renouvelle partiellement chaque année avec des voitures qui consomment moins, tandis que la hausse des prix de carburants incite ceux qui le peuvent  à moins rouler.

Mais ce n’est que l’ultime mensonge d’une longue série, qui a pour conséquence évidente de totalement décrédibiliser le pouvoir politique, même lorsqu’il dit la vérité (ce qui arrive aussi bien entendu).

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de voir toute cette colère libérée, et ses conséquences devenues incontrôlables.

Qui va dire aux gilets jaunes que ce qu’ils ressentent aujourd’hui n’est que le résultat d’une longue succession de mensonges ?

Le mensonge est celui de l’Etat social le plus avancé, que le monde entier nous envierait

Pourtant nos voisins se gardent bien de copier notre modèle social. Mais ceci est une autre histoire.

Aujourd’hui, avec 1% de la population mondiale, la France concentre 15% des dépenses sociales de la planète. À ce niveau-là, notre pays devrait être un petit paradis où personne ne songerait à se plaindre. Un coup d’œil rapide sur les chaînes d’information en continu dissipe d’emblée toute illusion.

Ce ratio est le résultat d’un processus analysé depuis longtemps à la Chronique, à savoir accumuler toujours plus de dépenses publiques, financées à la fois par des hausses d’impôts et le recours à la dette. En d’autres termes, toujours plus de ce qui ne marche pas. Et obtenir un résultat toujours plus désastreux en matière de dynamisme économique, avec les conséquences sociales déplorables que nous connaissons.

Le refrain n’est pas nouveau. Du temps de l’Union soviétique, bel exemple de ratage complet pendant 74 ans, on expliquait les échecs du système par « l’insuffisance de socialisme ». Donc la seule décision intelligente qui s’imposait était de rajouter « encore plus de socialisme ».

La première arnaque relève de la mondialisation

Elle devait apporter à tous un surplus de bien-être dont on ne pourrait que se féliciter.

La réalité fut plus cruelle.

Dès les années 2000, Bill Bonner avait identifié les conséquences de la mondialisation sur les salaires des personnes peu ou pas qualifiées dans la mesure où les biens importés l’étaient à crédit.

À partir du moment où des travailleurs du sud-est asiatique, par exemple, acceptent de faire des tâches de base, notamment dans l’industrie, à des salaires 20 fois plus bas qu’en Occident, un effet mécanique allait placer une chape de plomb sur les revenus réels des salariés de nos pays.

A terme, le pouvoir d’achat des uns et des autres devait converger, mais pas forcément vers le haut…

Les gilets jaunes, qui travaillent dur, sont aujourd’hui confrontés à cette équation douloureuse. Travailler toujours plus sans jamais voir leur qualité de vie s’améliorer. Sans parler de leurs sombres perspectives de retraite et de l’absence d’espérance d’avenir pour leurs enfants, même s’ils font des études. Le système de reproduction des élites cher à Bourdieu leur laisse peu d’espace.

La deuxième mystification est celle de l’euro

On nous avait dit que la constitution d’une zone monétaire au cœur de l’Union européenne était le premier acte d’une consolidation de la construction politique du continent, afin de nous protéger et d’améliorer notre train de vie. C’est tout le contraire qui s’est passé.

Certains y croient encore. Ils défilent et manifestent en exigeant « plus d’aides, plus d’allocations mais aussi moins de taxes ». Espèrent-ils de nouveaux accords de Grenelle, comme en 1968 ?

À l’époque, pour sortir de la crise, le gouvernement avait forcé les partenaires sociaux (mais il y avait encore des syndicats qui pouvaient dire « il faut savoir arrêter une grève ») à négocier des accords, permettant notamment une très forte revalorisation des bas salaires (+30% pour le salaire minimum).

Un an plus tard, à peine élu, Pompidou, avec son ministre de l’Economie et des Finances, un certain Valéry Giscard d’Estaing, dévaluait le franc de 12,5%, promettant à la France de retrouver sa compétitivité perdue.

Aujourd’hui, suivre les revendications les plus visibles des gilets jaunes reviendrait à la fois à augmenter les bas salaires (hausse significative du SMIC et son effet domino sur toute la hiérarchie des rémunérations) et à faire exploser un déficit public déjà bien creusé (encore plus de transferts, mais moins d’impôts).

Tenu par ses « engagements européens », le gouvernement ne peut rien lâcher ou presque

Existe-t-il un passage étroit entre la sortie du chaos social et celle de la zone euro ?

Dans ce dernier cas, le grand jubilé des dettes serait précipité. En revenant au franc, notre pays ne pourrait plus recourir à de nouveaux emprunts ni assurer le service de sa dette, ruinant au passage les investisseurs mal conseillés.

Les épargnants avisés devraient dès maintenant sortir de leurs contrats d’assurance-vie libellés en euros et penser à loger, si ce n’est déjà fait, une partie de leur épargne sur des supports investis chez les buveurs de bière membres de la Zone euro. Les solutions – légales – existent.

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