Alors que les Etats-Unis vacillent sous le poids d’une dette colossale et d’un système politique fracturé, Donald Trump incarne moins un tournant qu’un accélérateur.
Aujourd’hui, nous allons décoller certaines étiquettes trompeuses qui se trouvent sur les tendances politiques et économiques, et essayer de comprendre ce qui se passe réellement.
De nombreux lecteurs pensent que nous sommes trop « négatifs », ou que nous sommes atteints du syndrome de déni de Trump, hermétiques aux bienfaits que cet homme pourrait apporter.
Peut-être !
Mais il n’y a rien dans les propositions politiques de M. Trump ou dans ses commentaires récents qui nous fasse penser qu’il fera quelque chose de très différent de la dernière fois qu’il a été président. Ou que les tarifs douaniers seront efficaces, alors qu’ils ont échoué tant de fois par le passé. Ou que les réductions d’impôts ne feront rien d’autre qu’augmenter le déficit.
Ou que – dans le meilleur des cas (nous examinerons prochainement ce qui pourrait être le pire des cas) – nous terminerons les quatre prochaines années avec plus de dettes, plus d’inflation et une économie ébranlée par plus de chaos et de dysfonctionnements.
Telle est la principale tendance politique et il est peu probable qu’elle change de sitôt.
Investors’ Business Daily rapporte :
« Le rendement du Trésor à 10 ans a atteint un nouveau sommet en 16 ans
Le rendement des obligations du Trésor à 10 ans est sorti de sa fourchette d’évolution qui remontait à la crise financière de 2007… »
A mesure que l’inflation et les taux d’intérêt augmentent, la Fed doit passer de la stimulation de l’économie à la suppression de l’inflation. Les actions n’apprécieront pas. Seeking Alpha explique :
« Les actions américaines ont été vendues massivement mardi, tandis que les obligations ont été abandonnées après que des données économiques plus fortes que prévu aient tempéré les attentes de nouvelles réductions des taux d’intérêt de la Réserve fédérale…
L’Institute for Supply Management a déclaré que l’activité économique dans le secteur des services américains a augmenté pour le sixième mois consécutif en décembre. Mais surtout, une mesure clé de l’inflation, les prix payés par les organisations de services pour les matériaux, a augmenté pour atteindre son plus haut niveau depuis près de deux ans. »
Une grande partie de l’action à Wall Street se résume à faire des paris, des suppositions sur la politique de la Fed et son impact sur les prix des actions.
A un niveau plus profond, les politiques qui augmentent la dette et l’inflation réduisent également les ventes et les bénéfices réels, ce qui rend les entreprises intrinsèquement moins efficientes. Le Financial Times rapporte :
« Au moins 686 entreprises ont déposé le bilan l’année dernière, les faillites d’entreprises américaines atteignant leur plus haut niveau depuis le lendemain de la crise financière… »
Ensuite, l’écart entre ce que les gens attendent (créanciers, investisseurs, retraités) et ce qu’ils sont susceptibles d’obtenir réellement se creuse, ce qui ouvre la voie à une prise de conscience soudaine, au cours de laquelle les prix réels des actifs sont ramenés à des niveaux raisonnables.
C’est la grande perte que nous souhaitons le plus éviter.
Cela nous amène aux étiquettes frauduleuses.
Donald Trump n’est pas responsable des crises qui menacent l’économie américaine. Il est plus un symptôme qu’une cause, plus un imbécile qu’un chevalier. Des décennies de décisions politiques – prises tant par les démocrates que par les républicains – nous ont valu une dette de 36 000 milliards de dollars. Trump n’a fait qu’en rajouter.
La division des Etats-Unis entre « gauche » et « droite » n’est plus très pertinente. La gauche (démocrates) est censée représenter le progrès, les classes ouvrières et les opprimés. La droite (républicains) est censée favoriser les valeurs conservatrices plus traditionnelles des classes supérieures.
Mais aujourd’hui, les élites des deux partis représentent le même groupe : elles-mêmes. Elles se chamaillent sur des questions culturelles. Mais sur les questions vraiment importantes, les deux choses qui vont nous ruiner – la guerre et l’argent – elles veulent toutes les deux la même chose : elles en veulent plus.
Depuis les années 1980, aucune personnalité majeure des deux partis ne s’est opposée au programme de l’empire, avec ses déficits, sa planche à billets et plus de 800 bases américaines dans le monde abritant des garnisons américaines.
On ne peut compter que sur un seul membre du Congrès (sur 535) pour voter contre les déficits. Et aucun des deux partis ne défend aujourd’hui le libre-échange, la liberté d’expression, l’équilibre budgétaire et des ambitions militaires modestes.
En d’autres termes, la ligne de fracture la plus importante en politique s’est déplacée d’un parti à l’autre vers un fossé grandissant entre les élites et les personnes qu’elles prétendent représenter.
C’est cette faille que Donald J. Trump a réussi à ouvrir à deux reprises en se posant en véritable champion des « marginaux ».
Mais ce n’est pas la renaissance du conservatisme. Ce n’est pas un antidote aux fantasmes des élites de ces trente dernières années, ni le triomphe de politiques plus responsables. En bref, il ne s’agit pas d’un changement de direction, mais d’une accélération de la vitesse en direction de la dégénérescence vers laquelle les républicains et les démocrates ont couru.