La Chronique Agora

La lutte pour le contrôle de votre esprit

Donald Trump est-il sur le point de tirer une balle dans le marché haussier des valeurs technologiques, déclenchant ainsi une guerre pour la liberté d’expression ?

Trump aurait sur son bureau un décret qui déclencherait des poursuites anti-trust contre Google, Facebook et d’autres réseaux sociaux encore non-nommés.

Le décret n’attend plus que sa signature. Supposons un instant que Trump signe. Qu’est-ce que cela signifierait ? Et pourquoi le ferait-il ?

Examinons tout d’abord le problème d’un point de vue purement mercantile – avant de passer aux sujets plus brûlants. Le marché boursier américain connaît actuellement sa plus longue hausse de tous les temps – due en grande partie aux taux d’intérêt bas et aux politiques de relance. Mais les principaux bénéficiaires de cette largesse publique – les entreprises qui tirent vers le haut les marchés – sont les sociétés technologiques et les réseaux sociaux.

Une dimension boursière

Par conséquent, une attaque en règle de ces entreprises par le gouvernement américain pourrait être une attaque contre le marché haussier lui-même. Si la Big Tech tombe en disgrâce, c’est le marché tout entier qu’elle pourrait entraîner dans sa chute. A moins qu’un nouveau secteur n’émerge pour tirer la croissance.

Ne nous méprenons donc pas : si vous êtes investi sur les marchés actions et sur la Big Tech, cela vaut la peine de surveiller les rumeurs sortant du Bureau Ovale. Trump a prouvé à maintes reprises au cours de son mandat qu’il souhaitait prendre des risques et qu’il n’hésitait pas à mettre ses menaces à exécution. On ne peut pas exclure l’idée que c’est là la première salve d’une guerre ouverte entre Washington et la Silicon Valley.

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N’oublions pas également un fait gênant : le dernier marché haussier dans les valeurs technologiques – la bulle internet à la fin des années 1990 – fut sapé, et en partie stoppé, par un procès anti-trust contre l’un de ses acteurs clés, Microsoft. Certes, d’autres facteurs avaient clairement contribué à l’éclatement de la bulle, mais le fait que l’Etat ait poursuivi en justice un acteur clé a été l’une des épingles.

Ce qui m’amène à la dimension la plus importante de cette histoire. Une poursuite judiciaire anti-trust contre Facebook et Google pourrait-elle se transformer rapidement en une lutte pour la liberté d’expression et pour la gouvernance de l’internet lui-même ?

Je pense qu’il y a un risque, même un risque extrême. Les conséquences seraient catastrophiques pour la société.

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Pourquoi ? Parce qu’il y a de fortes chances que Trump ait une dent contre la Big Tech parce qu’il pense que ces entreprises ont une trop forte influence sur ce qu’on pourrait appeler de manière générale « le débat public. » Trump pense que cette influence présente un biais social-démocrate et accélère la marginalisation des voix conservatrices.

Comme il l’a écrit sur Twitter en août dernier :

Les réseaux sociaux discriminent complètement les voix républicaines/conservatrices. Avec mon gouvernement, nous ne laisserons pas cela arriver. Ils font taire les opinions de beaucoup de personnes de DROITE, alors qu’en même temps ils ne font rien pour les autres.

En d’autres termes, pour Trump, les réseaux sociaux influencent l’accès des gens à l’information et aux opinions divergentes.

C’est peut-être vrai. Ainsi, je sais que Google comme Facebook ont « dépublié » des analyses de notre groupe d’édition.

C’est là un débat intéressant, qui a lieu depuis que la promesse initiale de l’internet (une décentralisation du pouvoir) s’est transformée en une centralisation de plus en plus forte, avec une poignée d’entreprises qui contrôlent ou influencent notre accès à l’information.

Une dimension politique

Google et Facebook sont comme toutes les autres sociétés de média ou d’information : elles sont le medium via lequel nous connaissons le monde ; elles peuvent servir d’intermédiaire à notre accès à l’information et aux idées.

Naturellement, comme il s’agit d’entreprises privées, elles ont parfaitement le droit de faire du business comme elles l’entendent. Simplement, leurs décisions peuvent aujourd’hui modifier la façon dont pensent les gens, ce qu’ils savent et quelle « version » du monde ils connaissent.

C’est là la plaie suppurante où se rejoignent la politique et les médias. Et c’est là que Trump entre dans le débat.

Si l’on en croit les rapports, Trump veut engager des procédures anti-concurrentielles contre les réseaux sociaux. Voici ce qu’on peut lire d’après une version qui a fuité de l’ordonnance et que j’ai trouvée en ligne :

« Du fait de leur rôle crucial dans la société américaine, il est essentiel que les citoyens américains soient protégés d’actes anti-concurrentiels de la part des plateformes en ligne dominantes. »

Réfléchissons un instant. Le décret est enveloppé dans le langage des pratiques commerciales anti-concurrence – utiliser sa position de marché dominante pour écraser les entreprises concurrentes.

Le contrôle du marché des idées

Mais il n’est pas vraiment question de domination commerciale du marché. Ce que le décret cible en réalité, c’est le marché des  idées. Ce ne sont pas les entreprises concurrentes qui sont perdantes mais les opinions, les idées et les perspectives contradictoires.

Lorsqu’on examine la situation de cette façon, on comprend que nous nous approchons d’une lutte entre le choix des visions qui sont marginalisées et celles qui sont acceptées. J’essaie de comprendre exactement comment cette bataille se déroulera entre les médias et l’Etat.

Le risque est que, plutôt qu’un marché totalement libre des idées, où il nous est possible d’avoir accès à des opinions concurrentielles, où nous pouvons les comparer par nous-même et venir à une conclusion fondée sur notre propre expérience, nous vivons de plus en plus dans un monde où les autres prennent ces décisions pour nous.

Or, dans notre domaine, l’investissement,  nous recherchons spécialement ces idées précieuses qui ont été marginalisées ou qui sont encore marginales.

Nous souhaitons  les partager directement avec vous afin que vous puissiez tirer vos propres conclusions. Mais je doute que nous soyons assez forts pour lutter contre les puissants intérêts du gouvernement et des médias qui cherchent à censurer.

La liberté d’expression et la richesse d’idées concurrentes sont essentielles pour une société libre parce qu’elles protègent notre liberté de penser par nous-mêmes. Voilà ce qu’une attaque à la liberté d’expression est en réalité : une attaque à la liberté de penser et à la liberté de parole. C’est une lutte pour le contrôle de votre esprit.

Essayons de ne pas l’oublier !

 

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