La Chronique Agora

Trump inébranlable ?

Donal Trump - pression - destitution

Depuis deux ans, rien ne semble pouvoir ébranler Trump. Mais les choses pourraient changer dès janvier 2019, or les marchés détestent l’incertitude…

En avril 2017, peu de temps après l’investiture de Donald Trump, j’avais écrit l’analyse suivante pour mes abonnés :

« La politique américaine a atteint son plus haut niveau de dysfonctionnement depuis la Guerre de Sécession. Ce contexte ne va pas disparaître mais s’intensifier jusqu’à ce que le président Trump soit politiquement ‘désactivé’, ou que ses opposants soient politiquement mis sur la touche. Cette situation sans précédent a d’énormes conséquences sur les marchés et les investisseurs…

Après le discours d’investiture de Trump, puis celui qu’il a prononcé face au Congrès, lors d’une session conjointe, et ses ‘100 premiers jours’, on aurait pu penser que la Maison Blanche se serait plongée dans une routine de travail et que l’opposition se serait apaisée. C’est totalement faux. Les premières attaques réussies, engagées contre la Maison Blanche, ont enhardi les opposants de Trump, et la Maison Blanche elle-même se remet péniblement de ces attaques tout en faisant avancer son programme de façon agressive. Les deux camps prennent fermement position pour une longue bataille.

En réalité, les Etats-Unis vivent une deuxième guerre de Sécession. Cette fois-ci, ce n’est pas le Nord contre le Sud. A présent, c’est le président Trump et son état-major contre les démocrates, l’élite internationale, les médias grand public, les républicains conventionnels, le gouvernement permanent, les personnes nommées par Obama et Obama lui-même.

Cette nouvelle guerre de sécession n’est ni aussi violente, ni aussi sanglante que la première, mais les enjeux sont tout aussi élevés. La première Guerre de Sécession (1861-1965) était motivée par des questions capitales concernant la succession, l’esclavage et les droits des Etats. Elle a résolu les questions laissées en suspens par la Révolution américaine et la Convention constitutionnelle, et engagé les Etats-Unis sur la voie des droits civils et de la gouvernance fédérale qu’ils ont toujours suivie depuis. Cette nouvelle guerre civile est largement motivée par des questions de nationalisme par opposition à la mondialisation, de frontières sécurisées par opposition à leur ouverture, mais également par des questions relatives au commerce, à une monnaie saine, à une production nationale et au soi-disant progressisme par opposition à la tradition.

L’élection de Trump à la présidence a stupéfié les forces progressistes mondialistes qui se liguent désormais contre lui. Les progressistes considèrent que leur programme est irréversible, comme une sorte de ‘cliquet social-libéral’ qui tournerait toujours dans une direction et ne pourrait faire marche arrière. Sauf que, désormais, Trump fait reculer ce cliquet. Mais comme avec un vrai cliquet, la résistance est forte et quelque chose va céder avant que la situation ne soit résolue.

De leur côté, les opposants de Trump appellent ouvertement à sa destitution, ou cherchent à créer les conditions d’une démission forcée, dans un contexte où aussi bien les républicains que les démocrates s’en prennent au président. Il n’y a pas de juste milieu. Soit Trump parvient à réprimer les progressistes, soit il n’ira pas au bout de son mandat. Ces deux éventualités pourraient énormément perturber le fonctionnement normal de la politique et de l’économie aux Etats-Unis. »

Dans ce même article, j’évoquais cinq méthodes auxquelles cette soi-disant « Résistance » pourrait recourir pour tenter de neutraliser Trump :

A présent, deux ans après l’élection de Trump, 18 mois après la publication de cet article, et avec le résultat des élections de la mi-mandat, il est temps de faire le point pour voir si mes analyses tenaient la route et pour prévoir ce qui nous attend, dans le contexte de la nouvelle Guerre de Sécession américaine, et plus particulièrement de la guerre contre Trump.

Heureusement, il n’y a eu aucune tentative d’assassinat, mais les quatre autres méthodes ont été utilisées et continuent de l’être.

La destitution, on en reparlera dès janvier 2019

Les démocrates ont gagné la Chambre des Représentants le 6 novembre ; ils ne devraient donc pas tarder à enclencher les auditions de destitution – dès qu’ils auront prêté serment mi-janvier. La procédure de destitution prendra énormément de temps à la Chambre, au cours du premier semestre 2019 (ce qui n’altèrera pas l’agenda politique des démocrates puisqu’il est déjà mort-né). Pour les investisseurs, cela signifiera encore plus d’incertitudes de marché et la probabilité d’une baisse du marché actions en raison de cette même incertitude.

Le président est écarté selon le 25è Amendement

Cette hypothèse a été lancée, récemment, par des révélations selon lesquelles Rod Rosenstein, Procureur général adjoint (Deputy Attorney General), aurait proposé de porter un « micro invisible » pour piéger le président Trump lorsqu’il fait des commentaires lors d’entretiens privés, et fournir des preuves de son incapacité mentale. Cette idée est ridicule et fournit aisément un motif justifiant le licenciement de Rosenstein et d’éventuelles poursuites à son encontre. Mais cela a ravivé les fantasmes nourris par les démocrates à l’égard du 25è Amendement.

Le harcèlement et le sabotage incessants orchestrés par le Deep State

Le harcèlement dont Trump fait l’objet, principalement de la part des médias, et le sabotage orchestré par le Deep State, principalement de la part du Département d’Etat, du Département de la Justice et de la communauté du Renseignement, s’est poursuivi tel que je l’avais prévu. Mais en vain, toutefois. En effet, rien ne prouve que cela ait « entamé » Trump, ni même qu’il songe à démissionner. En fait, on dirait plutôt que cela lui réussit, et qu’il puise de l’énergie à montrer du doigt ses opposants, auteurs de fake news et de « fuites ». Ce n’est pas que de la rhétorique.

La liste des erreurs journalistiques volontaires – et des négligences commises par le Washington Post et le New York Times – est si longue à ce stade, que c’en est embarrassant. Bon nombre d’agents du Deep State ont été arrêtés pour avoir organisé la fuite d’informations, ou bien ont plaidé coupable d’avoir menti aux enquêteurs. Il s’agit notamment de Nathalie Edwards (arrêtée), haut-fonctionnaire au Trésor, de James Baker (qui fait l’objet d’une enquête et a démissionné du FBI), d’Andrew McCabe (qui fait l’objet d’une enquête et a été licencié du FBI), de James Wolfe (membre du comité du Renseignement au Sénat, chargé d’organiser les fuites) et bien d’autres. Le Deep State n’est peut-être pas mort, mais il a été démasqué.

Ces harcèlements et sabotages incessants n’ont pas freiné les projets de Trump. Il a renégocié le NAFTA, réduit les impôts, nommé deux juges conservateurs à la Cour Suprême (Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh), partiellement révoqué l’Obamacare, resserré la sécurité aux frontières, révoqué certaines réglementations, etc. Peu de présidents ont accompli autant de choses en si peu de temps.


Wilfred Michael Stark III (à droite), agent actif de la résistance, a été arrêté le 16 octobre 2018 pour avoir agressé une directrice de campagne républicaine, dans le Nevada. Il avait déjà été arrêté et accusé d’avoir harcelé et agressé d’autres femmes républicaines.

Donc voilà pour le palmarès de la Résistance.

Aucune tentative d’assassinat n’a eu lieu, et espérons que cela n’arrivera jamais. La destitution et le 25è Amendement ne sont que des sujets de discussion, au sein de l’extrême-gauche, pour l’instant, mais la destitution pourrait occuper le devant de la scène dès le mois de janvier. Le sabotage orchestré par le Deep State et le harcèlement des médias ont été démasqués mais n’ont pas ralenti les projets de Trump.

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