Donald Trump, le candidat populiste, lève un million de dollars là où Hillary Clinton, la candidate préférée du Deep State, en lève sept millions. Mais le discours de Trump rencontre des oreilles favorables.
Après l’hystérie post-Brexit, on dirait que les investisseurs ne savent pas trop quoi faire.
Certains pensent que le vote des Britanniques est un « signe de rupture »… de mouvement en direction du Trumpisme, et de recul vis-à-vis de la mondialisation et de la financiarisation.
Si c’est le cas, cela dresserait des murs– le repli sur soi, le fait de prendre ses distances avec une ère de prospérité basée sur l’expansion perpétuelle du crédit et les filets de sécurité offerts par les banques centrales aux marchés financiers.
D’autres pensent que le Brexit aura l’effet opposé. L’effet « Hillary », disent-ils, conduit les responsables politiques à resserrer les rangs… et à faire « tout ce qu’il faut » pour se protéger.
Tout ce qu’il faut, pensent-ils, c’est encore plus d’argent bidon.
Dans le journal de vendredi dernier, Mark Carney, qui dirige la Banque d’Angleterre, déclarait qu’il était prêt à agir si le Royaume-Uni subissait un « stress économique post-traumatique ».
Pour ceux qui ne parlent pas le jargon des banques centrales, voici ce qu’il voulait dire : si le cours des actions chute, nous nous précipiterons avec suffisamment de liquidités pour redresser la situation.
Et mardi dernier, le Financial Times mettait en garde les responsables politiques, leur conseillant d’oublier le long terme. Le plus important, c’est d’empêcher qu’une récession se produise dès maintenant !
« Ce n’est pas le moment que [le Secrétaire du Trésor] mette en place une politique fiscale à long terme », peut-on lire.
Non… c’est le moment de bien regarder les nouvelles. (Ou les « données entrantes », comme dit Janet Yellen, la présidente de la Fed).
Le week-end dernier, Donald Trump était dans le Maryland.
En fait, il était à Berlin (Maryland), dans le comté de Worcester, qui compte le taux de chômage le plus élevé de l’Etat… où M. Trump compte le plus grand nombre de supporters.
Dans le Maryland, le taux de chômage est sous les 5%. Dans le comté de Worcester, il est de 7%.
Pourquoi ?
Nous continuons de tracer des traits entre les points. Washington (DC), avec son rayonnement, ses liquidités, et son hystérie, est l’un de nos points.
Berlin, autre point, est aussi éloigné de Washington que possible mais, pour autant, toujours dans le Maryland.
A Washington, le prix moyen d’une maison est d’environ 500 000 $, et la ville possède le niveau de revenus le plus élevé du pays (environ 90 000 $).
Comment la ville de Washington est-elle devenue si riche ?
L’explication est simple : au lieu de favoriser l’égalité, les initiés ont fait pencher la balance de leur côté. A présent, l’argent s’évacue de tout le pays en direction des coffres volumineux de la capitale du pays.
Attendez… Comment ça marche ?
Chaque Etat dispose de deux sénateurs et d’au moins un membre du Congrès. Alors comment fait le District de Columbia (D.C.) pour avoir tous ces avantages, sans sénateur, et avec un seul délégué au Congrès n’ayant même pas un droit de vote.
Ah Ah ! Et encore un autre point : le Deep State.
Les renards dans le poulailler
Le gouvernement n’est pas contrôlé par le Congrès. L’argent du pays non plus.
En revanche, tous deux sont sous contrôle d’un groupe d’initiés non élus (alias le Deep State). [Ndlr : Jim Rickards vous détaille très précisément les arcanes de ce milieu dans son dernier numéro de sa lettre Intelligence Stratégique et vous explique comment investir pour en profiter. Recevez ce dernier numéro avec, en plus, son nouveau livre Le Nouveau Plaidoyer pour l’Or, offert !].
Ce groupe tire les ficelles, rédige les lois (que les membres du Congrès ne lisent pas car ils sont trop débordés, comme ils le reconnaissent). Quel que soit le plat servi au reste du pays, ce groupe fait en sorte que les morceaux de choix reviennent au District de Columbia et aux comtés voisins, du Maryland et de Virginie.
Nous l’avons souvent souligné. Mais nous le faisons encore, pour les nouveaux lecteurs et ceux qui seraient atteints d’Alzheimer.
Le grand économiste italien, Vilfredo Pareto, a expliqué comment fonctionnait un gouvernement. Peu importe le nom que vous donnez au système — monarchie, théocratie ou démocratie – le véritable pouvoir repose toujours entre les mains d’un petit groupe.
Pareto les appelle « les renards ». Ils font fonctionner le système… et ils le font fonctionner avant tout pour eux-mêmes.
Les renards ne produisent rien qui ait de la valeur. Ce sont plutôt des lobbyistes, technocrates, prestataires, régulateurs, avocats, initiés, administrateurs, éducateurs, conseillers politiques, copains et parasites de toutes sortes.
Ils sont le Deep State.
Ce sont les renards qui vivent dans le poulailler du District de Columbia.
« L’effet JFK »
« Le Donald » s’est rendu à Berlin, Maryland, et à Monessen, Pennsylvanie… il n’est pas allé dans une banlieue cossue de D.C., telle que Chevy Chase… car il s’est positionné comme le candidat anti-establishment.
Mais s’il est élu, nous ne savons pas s’il s’en prendra au Deep State. John F. Kennedy fut le dernier président des Etats-Unis à défier celui-ci. Et vous savez comment cela s’est terminé…
Parallèlement, Mme Clinton est la championne du Deep State. Elle semble approuver toutes les officines, toutes les mesures politiques, tous les copains, et toutes les guerres menées par le Deep State.
Mme Clinton est l’insider, et M. Trump, l’outsider. Chacune de ces positions offre ses avantages.
En tant que candidate de l’establishment, Mme Clinton lève sept millions de dollars là où Donald Trump en lève un million. D’un autre côté, neuf électeurs sur 10 seraient probablement réceptifs à un message anti-establishment, si M. Trump était capable de le faire passer correctement.
Quel sera le résultat ?
Cela reste à voir…