La Chronique Agora

Trucages, factures et nigauds

▪ Tous les gouvernements sont engagés dans le vol et la fraude ; ils tirent parti de leur position pour transférer la richesse et le pouvoir des non-initiés vers les initiés. Un gouvernement intelligent utilise la tromperie pour parvenir à ses fins… tandis qu’un gouvernement maladroit le fait sans faux-semblants ni excuses.

Aux Etats-Unis, par exemple, les autorités refusent aux épargnants tout rendement financier sur leurs économies sous le prétexte de la "relance économique". Les salariés ne gagnent rien, tandis que les banquiers, les spéculateurs et les zombies sont récompensés par des financements à taux ultra-bas, des plus-values, des renflouages et des allocations.

L’ampleur de ce transfert de richesses est sans précédent dans l’histoire. Des milliers de milliards de dollars changent de main… mais pas même un électeur sur 1 000 comprend ce qui lui arrive. Tyler Durden, du site ZeroHedge :

"Vous êtes curieux de voir où va le toujours insaisissable ‘effet de richesse’ ? Il va là :

Porsche annonce le meilleur mois de ventes de son histoire ;
les livraisons sont en hausse de 29%

L’Américain moyen n’achète pas de Porsche. En termes relatifs, il s’appauvrit. Mais son cerveau a ramolli, réduit par les journaux télévisés, les campagnes électorales et les commentaires benêts. Il croit vraiment Hilary Clinton quand elle annonce que "le gouvernement, c’est nous tous". Il est convaincu que la Fed engendre une "reprise". Et il imagine qu’une économie peut s’enrichir quand elle imprime plus d’argent et le donne à d’autres.

▪ Botteleuse et taux de change
Ici, dans la pampa, les Argentins sont mieux informés. Leurs cerveaux ont été affûtés par l’adversité et la nécessité.

"C’est un combat quotidien pour suivre les événements", dit un ami qui gère une petite entreprise à Salta. "Il faut calculer combien vaut le peso… et décider si on fera affaires en pesos ou en dollars. Si l’on choisit le peso, il faut déterminer comment échanger des dollars contre des pesos… ou vice-versa".

Il y a quelques jours, le peso a chuté, pour atteindre près de 10 pour un dollar. Officiellement, le taux n’est que de 5,5 pour un dollar. Une grosse différence.

Nous devons acheter une nouvelle botteleuse. Le prix est cité en dollars — environ 50 000 $. On paie en pesos au taux officiel… soit environ 250 000 pesos. Mais attendez… si on a des dollars et qu’on peut échanger son argent sur le marché noir, on économise 25 000 $.

"Le problème, c’est que le gouvernement veille", a dit notre informateur. "Ils voudront savoir d’où on tient ces 250 000 pesos… et les choses peuvent s’envenimer si les papiers ne sont pas en ordre".

"Mais il y a des méthodes".

Les Argentins savent que le gouvernement les escroque. Ils trouvent donc des moyens de se protéger.

"Il y a facture… et factures. On peut avoir une facture au taux officiel… ou au taux officieux. Voire pas de taux du tout. A, B ou C. Le gouvernement truque le système pour nous tromper. Nous le truquons en retour. Il faut juste s’assurer d’avoir la bonne facture pour la bonne transaction. A la fin de l’année, il y a même des gens qui vendent et achètent des factures"…

"J’ai acheté une nouvelle camionnette, récemment. J’ai passé un marché avec le concessionnaire. Il m’a livré une nouvelle camionnette — mais ensuite, il a attendu huit mois pour me faire la facture. A ce moment-là, il a pu le considérer comme véhicule d’occasion… et diviser le prix facturé par deux. On aurait dit que je payais le prix complet pour un véhicule d’occasion… alors qu’en fait j’ai payé le prix complet pour une nouvelle camionnette, mais avec de l’argent changé au taux non-officiel".

"Tout le monde a un truc ou deux. Il le faut. Sinon, on est un nigaud".

Les Argentins savent qu’ils ne peuvent pas faire confiance à leur devise… ou à leur gouvernement. En comparaison, les Américains sont des nigauds. Ils ne savent pas à qui faire confiance.

Nous allons faire une prédiction : les Américains seront bien moins nigauds… et bien moins riches… quand ils réaliseront enfin ce que les autorités sont en train de leur faire.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile