La crise actuelle n’est (presque) que la suite des précédentes : nous payons encore et toujours les conséquences des mauvaises solutions appliquées alors. Mais les limites du système sont toujours là.
Cet article ne surprendra pas ceux qui me suivent et me font confiance depuis des décennies et ceux qui ont commencé à me suivre au moment de la grande crise du capital en 2008.
Seuls ceux qui savent que le système est en crise depuis 14 ans peuvent comprendre. Pour les autres, c’est inintelligible… Tout est l’effet du hasard, la faute à pas de chance, tout est cygne noir !
La solution à la crise
Dans ces conditions, vous comprenez que dès 2011 on a cessé de parler de la crise de 2008, on l’a faite disparaître des mémoires. On a fait croire aux peuples que l’on était sortis de la crise alors qu’en fait on y rentrait encore profondément de plain-pied, on préparait déjà la suivante.
Mais chut, il ne fallait pas que cela se sache, puisque toute la logique du soi-disant traitement de la crise consistait non pas à la faire payer aux riches qui en étaient responsables, mais aux peuples qui en étaient victimes. Ce fut la socialisation des pertes.
L’austérité pour les peuples et l’enrichissement accéléré pour les riches. Ce qui a donné naissance au populisme.
Le populisme a été produit par les suites de la crise de 2008 et le mode de traitement scandaleux de cette crise par les classes dominantes : elles ont laminé le peuple, imposé l’austérité, la stagnation, la régression, l’érosion des retraites et des systèmes de santé, la répression financière, la fin de l’ascenseur social, l’intensification de l’immigration, etc.
La réalité – que l’on ne veut surtout pas que les peuples comprennent – est celle-ci : le système s’est sauvé sur leur dos !
Il a buté sur ses limites internes, il ne parvient plus à durer, à se reproduire à l’identique, en raison de ses contradictions internes.
C’est un système d’accumulation continue du capital, de ses droits et de ses besoins. La masse de capital dans ce système ne cesse de progresser, de s’empiler et cette progression quasi mécanique, cette capitalisation, crée une disproportion grandissante avec la vraie masse de richesses réelles produite dans le monde.
Une différence de vitesse
On promet plus que l’on ne peut tenir. Un bon exemple est celui des retraites : les retraites sont un capital accumulé qui donne des droits futurs, mais le capital accumulé est très supérieur aux richesses futures, donc il faut soit rogner sans cesse les retraites, soit les détruire par l’inflation de la monnaie et des prix, payer en monnaie de singe.
On produit plus de dollars et donc d’actifs financiers que l’on ne produit de matières premières, de marchandises et de services, donc on empile, on accumule une disproportion.
Si on veut, pour simplifier, la vitesse de la production de capital est plus grande que la vitesse de production de vraies richesses réelles.
C’est comme si, autour de la grande table du monde, il y avait de plus en plus de convives invités alors que les plats que l’on peut servir à cette table ne s’accroissent que très peu. La Bourse enrichit plus vite que l’économie, plus vite que les productions nationales.
Les richesses promises, virtuelles ou anticipées, n’ont pas de de limites alors que, dans le monde réel, les limites existent. Dans un monde désancré comme le nôtre où la monnaie est créée de façon détachée de l’économie, la masse des actifs financiers galope alors que la masse des biens et des services marche au pas, de moins en moins vite. La croissance vraie ralentit en fait depuis 30 ans.
Le mot important c’est « interne » : le mal du système est en lui et, comme c’est le grand secret, il faut faire croire que le mal est externe, que cela vient du dehors.
Couper les robinets
Si on reconnaissait que le mal est endogène, alors les peuples diraient : « Mais il n’y a qu’à changer de système et modifier tout cela ! »
Il faut cesser de capitaliser, empêcher l’accumulation et la suraccumulation, il faut prendre l’argent des riches ou faire en sorte qu’ils en gagnent moins. Ou, de temps en temps, couper les robinets monétaires, favoriser une bonne crise de nettoyage qui détruit les parasites, le capital inefficace, périmé ou inadapté.
Le mal du système est endogène, c’est la disproportion entre le capital colossal qui est accumulé et qui cherche sa rentabilité et les occasions de s’enrichir plus et la masse de profit qui est disponible sur la planète.
Par exemple, il n’y a pas assez de matières premières, d’énergie, de pétrole, de terres rares, etc., pour en maintenir les prix bas accessibles pour tout le monde, donc il faut faire la guerre pour s’approprier celles qui existent.
Les travailleurs des pays développés exigent des salaires trop élevés, donc il faut faire du dumping salarial au niveau mondial – délocaliser, importer des marchandises et des bras, faire venir des travailleurs bon marché pour augmenter ou maintenir les profits.
Il y a trop de monde à la table capitaliste, le gâteau que doit se partager le capital est trop petit alors qu’inéluctablement la masse de capital qui exige le respect de ses droits ne cesse de gonfler. C’est la suraccumulation de capital qui prétend exiger que ses droits soient honorés.
A suivre…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]