La Chronique Agora

Tromperies et illusions

inflation, Joe Biden

Une poignée de personnes est en train de transformer le passé glorieux des Etats-Unis en avenir sordide…

« La plupart des débats que l’on voit à la télévision sont incroyablement stupides. Ils sont totalement hors-sujet. Ils ne signifient rien. »
~ Tucker Carlson

La semaine dernière, deux événements se sont produits dans les secteurs des médias et de la politique – et tous deux pourraient avoir une incidence sur le sujet que nous couvrons, à savoir l’argent. Tucker Carlson a été licencié de son poste principal à Fox News. Et Robert F. Kennedy Jr. a annoncé qu’il se lançait dans une campagne présidentielle. Nous allons examiner ce que ces deux événements ont en commun.

Mais d’abord, au sujet de l’argent, voici ce que Bloomberg rapporte :

« Les Etats-Unis vivent le pire double scénario possible, avec une inflation élevée et un ralentissement du PIB.

Le produit intérieur brut a augmenté de 1,1% en rythme annuel au premier trimestre, chiffre nettement inférieur à la prévision de 1,9% de l’enquête de Bloomberg, selon les données du Bureau d’analyse économique publiées jeudi.

Ce qui est frustrant pour la Fed, c’est que l’indicateur préféré de la banque centrale, qui exclut les denrées alimentaires et l’énergie, a augmenté de 4,9% entre janvier et mars, soit le rythme le plus rapide depuis un an. »

Un ralentissement de la croissance. Des prix plus élevés. Comment appelle-t-on cela ? Ah oui : c’est la stagflation.

Trop « anti-américain » ?

Notre vieil ami Richard Russell avait pour habitude de dire que l’on peut savoir qu’une récession est arrivée lorsque « les flux de transports diminuent ». Lorsque les camions cessent de rouler, c’est que les commandes se tarissent. Voici les dernières nouvelles du Wall Street Journal :

« La chute des prix du diesel est un signal d’alarme pour l’économie américaine. »

Un ralentissement du transport de marchandises à l’échelle nationale a contribué à réduire de moitié les prix du diesel aux Etats-Unis par rapport au record de l’année dernière, ce qui laisse penser que certains secteurs de la plus grande économie du monde connaissent un important ralentissement.

Le prix du diesel est récemment tombé à 2,65 $ le gallon (3,78 l) dans le port de New York, alors qu’il avait atteint 5,34 $ en mai dernier, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a mis les marchés des matières premières en ébullition et fait exploser les prix affichés dans les stations-services, dans un contexte d’inflation la plus élevée depuis 40 ans. Le coût record du diesel a rendu plus onéreux le fonctionnement des excavatrices sur les chantiers de construction, des machines agricoles et le transport des marchandises depuis les ports, les gares de triage ou les usines.

Mais laissons cela de côté et reprenons le volant.

Un de nos lecteurs américains s’est désabonné à nos lettres. Nous n’étions « pas assez américains », a-t-il signalé. Plusieurs se sont d’ailleurs plaints (surtout lorsque Donald Trump était président) du fait que nous passions trop de temps à l’étranger, et que nous avions perdu le contact avec nos racines.

Mais nos racines n’ont jamais été bien loin. Nous apprécions le chêne natif américain autant que n’importe qui d’autre. Ce sont les parasites dans les branches et le bois pourri au centre de l’arbre que nous n’avons jamais aimés.

Nous parlons spécifiquement des élites, et de la façon dont elles ont décidé qu’elles devaient prendre des décisions pour le monde entier. Nous sommes la « nation indispensable », comme l’a dit Madeleine Albright ; les autres ne peuvent pas vivre sans nous.

Des crétins gériatriques

Le problème, pour résumer la situation, c’est que les Etats-Unis n’ont plus les moyens de soutenir leurs prétentions et illusions d’antan. Avec la hausse des prix, nous ne pouvons plus nous contenter d’« imprimer » de l’argent. Enfin, c’est ce que les gens disent.

Il fut un temps où l’arbre était vigoureux – exceptionnellement ouvert, libre et prospère. Ce n’était pas parfait, loin s’en faut… mais c’était différent des autres nations. Au moins, on pouvait en rire en public, et même le New York Times protégeait ses sources et défiait les politiciens en place.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’Amérique est toujours exceptionnellement amusante, mais elle n’est plus libre ni prospère… et le New York Times livre ses dénonciateurs au FBI !

Les crétins gériatriques – Biden, Pelosi, McConnell, Feinstein… républicains et démocrates – ont tout gâché. Leurs politiques fiscales et monétaires ont été des échecs délirants. Des milliards de dollars de dépenses de « relance » ont ralenti la croissance du PIB, réduit les salaires réels, grevé le pays d’une dette totale de 93 000 Mds$, récompensé les riches par une hausse des prix des actifs, rendu les pauvres dépendants de l’assistanat et provoqué une inflation des prix à la consommation touchant tout le monde.

Mais ce n’est pas ce que Robert F. Kennedy Jr. avait en tête lorsqu’il a annoncé sa candidature à la présidence des États-Unis. Il s’est plutôt attaqué à un autre échec grandiose : l’empire américain.

Voici ce que nous dit son annonce :

« En tant que président, Robert F. Kennedy Jr. entamera le processus de démantèlement de l’empire. Nous ramènerons les troupes à la maison. Nous cesserons d’accumuler des dettes impayables pour mener une guerre après l’autre. L’armée reprendra son rôle de défenseur de notre pays. Nous mettrons fin aux guerres par procuration, aux campagnes de bombardement, aux opérations secrètes, aux coups d’Etat, aux groupes paramilitaires et à tout ce qui est devenu si normal que la plupart des gens n’en ont pas conscience. Mais cette ponction constante de notre énergie et notre force est pourtant bien réelle. Il est temps de rentrer à la maison et de restaurer ce pays.

Lorsqu’une nation impériale belliqueuse se désarme de son propre gré, elle établit un modèle pour la paix partout dans le monde. Il n’est pas trop tard pour que nous abandonnions volontairement l’empire et que nous servions la paix à la place, en tant que nation forte et saine. »

A notre connaissance, M. Kennedy est le premier et le seul candidat à reconnaître ouvertement que les États-Unis ne sont plus la nation indispensable qu’ils ont pu être autrefois… et à souhaiter mettre fin à cette chose grotesque qu’ils sont devenus.

Mais le candidat sous-estime les coûts de cet empire. Dans son annonce de campagne, il a fait référence au budget de 800 Mds$ du Pentagone. Mais le coût du maintien de l’empire est bien plus élevé. Winslow Wheeler a pris en compte tous les coûts évidents – le budget du Pentagone, les 800 bases militaires américaines dans le monde… les avions, les chars, la formation à la diversité et autres accessoires…

… et y a également ajouté les coûts indirects… tels que l’aide étrangère, les ambassades, les soins aux vétérans, etc. C’est lui qui est parvenu au chiffre de 1 500 Mds$. Et cet argent n’a pas grand-chose à voir avec la « défense » ou la « protection du pays ». Les Etats-Unis ont peut-être été exceptionnels à leurs débuts. Les Américains ne l’ont jamais été. Comme tous les autres, ils sont la proie des faiblesses dont la chair est héritière – l’orgueil, la paresse, la luxure, la cupidité – et la vanité.  Ils ne pouvaient pas plus résister à l’attrait de l’empire qu’un dipsomane ne peut résister à une vodka tonique.

Il y a quelques semaines, alors que nous étions de retour en Irlande, nous avons pu voir Air Force One sur l’asphalte. Joe Biden était en visite en Irlande. Mais il y avait aussi Air Force Two, l’avion de la vice-présidente, tout aussi imposant. Et toute une ribambelle de camionnettes noires, de militaires et d’agents, ainsi qu’un entourage qui devait compter plusieurs centaines de personnes. Ce voyage, qui ne présentait aucun avantage apparent pour les Etats-Unis, s’inscrivait dans le cadre de la politique actuelle et des poncifs qui ont cours en permanence.

NPR a rapporté que ce voyage a eu lieu pour des raisons « purement personnelles ».

Dans ce cas, pourquoi n’a-t-il pas pris un vol United, comme le reste d’entre nous ?

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