La Chronique Agora

Un troisième assouplissement quantitatif au programme pour la Fed ?

▪ Etes-vous prêt, cher lecteur ? Tenez-vous bien, parce qu’un nouveau round d’assouplissement quantitatif arrive. Des stimulants… de l’impression monétaire ! L’économiste Michala Marcussen, de la Société Général, affirme que ça arrive… et vite ! Bloomberg est sur le coup :

« Marcussen écrit que le stimulant ne sera utile ‘qu’à la marge’. ‘Nous sommes d’avis depuis longtemps que chaque nouvelle vague de QE génère un rendement déclinant’, dit-elle. ‘Nous sommes toutefois d’avis que l’impact sera positif — donnant, à défaut d’autre chose, l’assurance qu’il y a un pilote dans l’avion’. »

Nous ne voudrions pas être à bord ! Il y a une bande de clowns aux commandes, et les moteurs crachotent.

Une assurance ? Nous serions plus rassuré si nous voyions le pilote et le co-pilote sauter de l’avion. Mais ils sont décidés à continuer de voler… jusqu’à ce que les ailes se détachent.

Si vous pensiez que la Fed rend une sorte de service public… comme livrer le courrier à des villages au fin fond de l’Alaska… vous devez vous rendre compte qu’elle livre de l’argent… du cash… à ses amis et partenaires d’affaires.

Mais la plupart des gens ne le savent pas — ou ne s’en soucient pas. Ils font toujours la queue pour monter à bord.

▪ Qu’est-ce qui ne va pas chez les prix Nobel ?
Nous ne résistons pas à l’envie de vous donner quelques nouvelles de Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie. Il a sorti un nouveau livre. Voici un extrait :

« Les marchés, de toute évidence, n’ont pas fonctionné comme l’affirment les auteurs des plans de relance. Les marchés sont censés être stables, mais la crise financière mondiale a montré qu’ils pouvaient être très instables, avec des conséquences dévastatrices ».

Hein ? Qui a dit que les marchés étaient censés être stables ? Stiglitz vient-il tout juste de remarquer que les prix grimpent et baissent… parfois de manière très marquée ?

Le voilà sur un terrain plus solide :

« Les banquiers avaient pris des paris qui, sans l’aide du gouvernement, les auraient détruits, eux et l’économie tout entière. Mais si l’on regarde le système de plus près, on constate que ce n’était pas un accident : les banquiers ont été encouragés à se comporter de la sorte ».

Il semble ensuite se noyer un peu dans son sujet… Le pauvre homme semble ne porter aucun intérêt à l’origine de ces encouragements. Un de nos lecteurs pourrait peut-être lui passer cette information :

Le système de rémunération pervers de Wall Street… l’inégalité… et l’extrême instabilité récemment enregistrée sur les marchés financiers ont tous la même source — les autorités américaines. Leur ersatz de devise a mené à une augmentation extrême de la quantité de crédit. Le crédit total aux Etats-Unis a été multiplié par 50 au cours des 50 dernières années.

L’industrie financière avait tout intérêt à refourguer du crédit à tout le monde — même à ceux qui ne pouvaient pas rembourser leurs prêts.

La finance gagne de l’argent en distribuant du crédit. Plus elle en distribue, plus elle gagne. Une quantité démesurée de ce nouveau crédit va à leurs clients et à leurs amis — c’est-à-dire aux « riches ». C’est pour ça que les riches sont si riches. Parce que le prix de leurs actifs financiers a grimpé plus vite que les prix à la consommation ou les coûts de main-d’oeuvre (tous deux étant limités grâce à la délocalisation vers les marchés émergents).

Quant à l’instabilité, qu’attendre d’autre quand on a un système monétaire qui permet au crédit de se développer bien plus rapidement que l’économie réelle ? Et qu’arrive-t-il à une économie quand la devise elle-même n’est pas fiable ? Essayez cette expérience : laissez des maçons construire votre nouvelle maison avec des mètres élastiques… laissez des pilotes faire voler des avions avec des instruments déréglés… ou programmez l’escalator du centre commercial pour qu’il aille de plus en plus rapidement. Vous verrez beaucoup d’accidents là aussi.

Qu’est-ce qui ne va pas chez Stiglitz ? Les cours grimpent en flèche quand la Fed sous-entend qu’elle va imprimer de l’argent… ou s’effondrent quand elle indique qu’elle ne fera rien. Et Stiglitz accuse les marchés d’instabilité ! Lorsqu’on fonctionne avec une devise élastique… et qu’on multiplie le crédit par 50 en un demi-siècle… il ne faut pas s’étonner que le monde financier prenne le mors aux dents. Ensuite, quand les choses tournent mal, M. Stiglitz profite de l’occasion pour nous dire que les marchés doivent être contrôlés par ceux-là même qui nous ont donné la bulle du crédit :

« … les marchés doivent une fois encore être domptés et tempérés. Les conséquences de l’inaction sont graves : dans une démocratie qui a encore un sens, où les voix des citoyens ordinaires sont entendues, nous ne pouvons maintenir un système de marché ouvert et globalisé, du moins pas dans la forme que nous connaissons, si ce système, année après année, aggrave la situation de ces citoyens. L’un ou l’autre va devoir céder — soit notre politique, soit notre économie ».

Ca, c’est du panache… c’est du culot… c’est avoir des tripes ! Ou le cerveau endommagé.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile