La Chronique Agora

Trois stratégies pour se jouer de la volatilité

▪ 11% pour le CAC 40 entre le 21 juin et le 5 juillet, + 9% entre le 5 et le 15 juillet, le baromètre boursier a des sautes de pression et ne prévoit qu’une certitude : la volatilité ne prend pas de vacances. Voici trois façons d’en profiter et de s’en protéger.

"La volatilité des marchés financiers reste forte, avec de brusques variations sur de faibles périodes (haussières ou baissières, parfois proches de 10% en quelques jours), signe de la détresse des investisseurs et d’une perte totale de repères", analyse la société de gestion Entheca Finance. "Le climat général des prochains mois devrait rester très incertain, soumis à des alternances de bonnes et de mauvaises nouvelles. La volatilité des marchés devrait donc rester élevée", renchérit Vincent Guenzi, responsable de la stratégie d’investissement de Cholet Dupont.

Et cela malgré des volumes faibles. "La distorsion de croissance entre les pays occidentaux et les pays émergents, l’endettement des Etats de l’OCDE et la faiblesse des économies du sud de l’Europe sont autant de motifs qui viennent contrarier la visibilité de la sortie de crise économique", explique Entheca Finance.

Sans compter la présence d’acteurs peu scrupuleux. "L’instabilité des marchés est aussi entretenue par la présence dominante d’investisseurs à court terme, motivés par les opportunités spéculatives actuelles", regrette l’équipe d’Entheca Finance.

Le cercle vicieux s’auto-entretient. Voici comment en éviter les pièges et en tirer parti.

▪ Sachez prendre vos bénéfices
Prudence est mère de sûreté. Mettez à profit les rebonds des marchés pour sortir des valeurs de votre portefeuille, que ce soit pour encaisser des bénéfices ou pour couper des pertes. C’est tout l’art d’une gestion dite active. Il n’y a pas à rougir de performances supérieures à une vingtaine de pour-cent alors que, "comme au début de l’année 2009, la faible valorisation des actions ne les protège pas contre les révisions à la baisse de la croissance économique ou des craintes de déflation à la japonaise", explique Vincent Guenzi.

"Les PER ont baissé et les primes de risque se sont redressées. Cette décote montre bien l’aversion au risque des investisseurs, qui ne croient plus aux prévisions des analystes", avertit-il.

MoneyWeek vous invite régulièrement à prendre vos bénéfices sur ses recommandations, comme les 60% récoltés début juillet sur Exfo Electro-Optical.

▪ Osez aussi profiter de décotes injustifiées
Investisseur à long terme, lancez-vous ! La forte volatilité des marchés crée aussi des opportunités. "Osez entrer lorsque, dans la panique, les investisseurs ne font plus de différence entre les titres et sacrifient de belles valeurs. C’est toujours dans les périodes de stress qu’on fait de bonnes affaires", encourage Serge Pizem, responsable de la gestion Axa Framlington, à Paris, chez Axa Investment Managers. "La richesse des entreprises tranche avec la misère des gouvernements. Il ne faut pas confondre économie européenne et sociétés européennes, assure ce dernier. Dans les secteurs de la pharmacie, des boissons, des équipements médicaux, des médias, de la consommation discrétionnaire, les marges n’ont pas souffert, malgré la chute des ventes. C’est exceptionnel", explique-t-il.

A la liste des secteurs à prendre en considération, Vincent Guenzi ajoute la distribution, le tourisme et les loisirs, les biens et services personnels, la technologie. Aliénor Capital complète la liste avec des noms brésiliens et chinois dans la consommation courante, les infrastructures de communication et de grandes marques du luxe.

Bien évidemment, le tri est à faire. Ne vous arrêtez pas à un seul indicateur tel que le price earning ratio (PER) : cela peut être trompeur. Définissez les thèmes porteurs des prochaines années. Recherchez des business models éprouvés : des sociétés aux bilans solides, peu endettées. Des groupes capables, par leur activité, leur management et leur diversification géographique, d’assurer une croissance pérenne et de créer de la trésorerie (qui remboursera les dettes, appuiera la croissance externe et/ou le versement de dividendes).

Comment profiter de la faible valorisation d’une action ? "Travaillez avec un cours cible d’entrée, recommande Serge Pizem. Puisque vous regardez à quatre – cinq ans, constituez-vous une position en investissant régulièrement de petites sommes dans les périodes de baisse, afin de ‘moyenner’ votre prix de revient, et accompagnez tout mouvement." Même conseil si vous prenez un fonds : "Entrez dans les périodes de baisse car le gérant a alors du cash qu’il peut réinvestir à bon prix", explique Serge Pizem.

▪ Restez dans la course
Pourquoi ne pas gagner sur la volatilité même ? A votre disposition, plusieurs outils — attention toutefois à leur complexité et leurs risques propres. Jouez les options qui, en transférant le risque d’un actif financier à un autre acteur, permettent de couvrir un portefeuille contre une baisse du marché. Optez pour des fonds market neutral qui cherchent à exploiter les fluctuations des cours des marchés et multiplient les arbitrages.

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