** Nous pourrions y être, cher lecteur. Cette semaine, on pourrait atteindre trois seuils importants.
* Lorsque nous vous avons quitté hier, les forces implacables de l’inflation semblaient se diriger tout droit vers l’objet immobile qu’est la déflation.
* Ce matin, nous vérifions les gros titres. Que s’est-il passé ?
* Regardons d’abord l’inflation.
* Le plus inflationniste de tous les prix, c’est celui du pétrole. Et devinez quoi ? Il a atteint un nouveau sommet, à 98 $. La barre des 100 $ n’est plus qu’à une tasse de café
* Qu’est-ce qu’un pétrole à 100 $ signifierait ? Faites marcher votre imagination, cher lecteur.
* Ce week-end, nous étions en France pour fêter Thanksgiving dans notre maison de campagne. Nous conduisons un Nissan Patrol, qu’Elizabeth utilise pour tirer un van à chevaux. Lorsque nous avons fait le plein, nous avons regardé les chiffres défiler à la pompe ; nous avions l’impression de suivre le décompte de la population mondiale. Lorsque les chiffres ont enfin cessé de bouger, nous en étions à 140 euros. Cette somme provient de plusieurs sources. Le carburant est toujours plus cher en Europe qu’aux Etats-Unis ; il est plus lourdement imposé. De plus, le pétrole lui-même est plus cher dans le monde entier. Enfin, l’euro est une devise bien plus forte. Résultat : douleur à la pompe.
* Aux Etats-Unis comme en Europe, la hausse des prix du carburant est bien plus douloureuse au bas de la pyramide des revenus qu’à son sommet. C’est au bas que l’inflation se fait le plus sentir. C’est là que les gens dépensant plus pour le carburant ont moins à dépenser pour d’autres choses.
* Pendant ce temps, l’euro s’échange à de nouveaux sommets. Là aussi, un nouveau stade est sur le point d’être atteint. A la Chronique Agora, nous prédisions que le dollar chuterait à 1,50/euro. A l’époque, le dollar s’échangeait pour moins de 1,30 $. A présent, notre cible pourrait être atteinte du jour au lendemain.
* Un dollar plus faible est inflationniste. Sur les marchés mondiaux, vous en avez moins pour votre argent. En d’autres termes, les prix grimpent. Dans la mesure où une bonne partie de ce qui se passe dans le monde finit par arriver sur les marchés US également, les prix à la consommation grimperont bientôt aux Etats-Unis aussi.
* Il y a également eu un courant contraire sur les marchés vendredi. Le Dow a grimpé. Nous appelons ça un courant contraire parce qu’il nous semble que la marée va dans l’autre direction — mais nous pourrions nous tromper.
* Et l’or — la mesure ultime de l’inflation fiduciaire — a grimpé. Oh là là. Nous avons vu arriver la correction du marché de l’or ; le problème, c’est que nous ne l’avons pas vue partir. L’or était clairement prêt à faire une petite correction il y a quelques semaines — lorsque le prix a dépassé les 830 $. Nous savions que nous aurions bientôt l’occasion d’en acheter pour moins cher. Le problème, c’est que la correction a été très rapide et très courte ; elle est arrivée et repartie avant que nous ayions eu la possibilité de réagir. La semaine dernière, l’or avait pratiquement récupéré tout le terrain perdu. Et cette semaine, nous ne serions pas surpris de le voir atteindre son ancien seuil d’il y a 27 ans — 850 $. En fait, nous ne serions pas surpris de le voir dépasser cette marque et de continuer à grimper.
** Néanmoins, ce matin, la force de l’inflation semble moins implacable qu’il y a quelques jours. Devant l’objet immobile de la chute des prix, on dirait que l’inflation pourrait stopper.
* Où que nous regardions, nous trouvons de nouveaux signes de ralentissement. Les bons du Trésor US à deux ans ont connu une belle hausse ; leur rendement est désormais sous les 4%. Le shopping de Noël était inférieur de 3,5% à la fièvre acheteuse de l’an dernier.
* "Ne regardez pas ; la récession arrive", déclare Fortune.
* Les médias mettent enfin deux et deux ensemble :
* Les Américains doivent plus d’argent qu’auparavant — dont 11 000 milliards de dette hypothécaire. Et leur actif numéro un — le nantissement principal de toutes ces dettes — voit sa valeur baisser. Les prix de l’immobilier sont en baisse de 5% à ce jour dans tous les Etats-Unis. Rober Shiller, dont l’indice suit le marché immobilier, déclare que cela pourrait être bien pire que ce qu’attendent les gens. La dernière crise majeure de l’immobilier a eu lieu en 1925-1933, lorsque les prix ont chuté de 30%. Une chute de 30% de la valeur de l’immobilier américain aujourd’hui transformerait l’objet immobile de la déflation en quelque chose qui ressemble plus à un trou noir.
* Cela pourrait "créer un effet cauchemardesque", déclare un article de l’Associated Press.
* "Les difficultés du subprime vont s’aggraver", affirme le Wall Street Journal.
* "Les maux du subprime fuient dans l’économie", dit un autre article.
* Voyons voir… une chute de 30% des prix de l’immobilier revient plus ou moins à… 6 000 milliards de dollars dans le trou noir de la déflation. Eh bien… 1 000 milliards par ici… 1 000 milliards par là…