La Chronique Agora

Trois classes d'actifs "font le plein" ces derniers mois. Ne passez pas à côté

▪ Posons-nous quelques minutes pour voir où nous en sommes. Vous y perdez votre latin ? Alors raccrochons-nous aux FAITS pour y voir clair et savoir que faire. Premier constat : les valeurs refuges « font le plein » depuis fin mars.

Depuis trois mois les investisseurs se sont massivement réfugiés :

1 – Dans l’or. Je rappelle que l’or vaut 1 119 euros et 1 622 $. Un record historique dans les deux cas.
2 – Dans l’obligataire souverain allemand — les investisseurs trouvent refuge dans les obligations allemandes jugées « sûres ».
3 – Dans le franc suisse, qui attire comme jamais les capitaux à la recherche d’un havre de paix.

Clairement, il y a de la peur dans l’air…

C’est la raison pour laquelle le VIX (indice de la peur) repart fortement à la hausse, tout comme le coût des CDS qui « assurent » contre le défaut souverain européen. Et là, je parle aussi bien des CDS de la Grèce ou du Portugal, que ceux de la France, notée pour l’instant encore AAA.

Second constat : la décision de l’Eurogroupe quant à la Grèce a momentanément anesthésié les marchés. Voilà qui leur a permis d’avaler une bouffée d’air après avoir frisé la syncope…

Mais attention. Un sommet ne fait pas tout et la situation est loin d’être réglée, croyez-moi. L’Europe mettra des années à s’extirper du bourbier dans lequel les perfides et égoïstes banquiers américains nous ont fait basculer.

Le Fonds européen de stabilité (FESF) devient donc l’alpha et l’oméga de la survie de l’euro. Il va pouvoir distribuer généreusement de l’argent à tous ceux qui en ont besoin pour les « sauver ». Formidable non ?

Mais attendez voir… Avec quel argent va-t-il payer tout ce beau monde ? Car pour l’instant, ce fonds est doté de 440 milliards d’euros (auquel, cher lecteur, vous avez généreusement contribué, grand bien vous en a pris…).

Sur ces 440 milliards d’euros, 44 milliards ont déjà été distribués à l’Irlande et au Portugal. Et 73 milliards viennent d’être attribués « en urgence » à la Grèce au bord de l’AVC. (Sur ces 73 milliards, 15 sont à votre charge, plus les intérêts dont on se garde bien de vous parler… Mais soyez rassuré : la facture présentée au contribuable allemand est encore bien plus significative…)

Bref, reste quelque 300 milliards dans la cagnotte.

Pensez-vous un instant que cet argent suffira à tenir le cap et traverser la tempête de la dette que nous allons traverser durant les prochaines années ? Permettez-moi d’en douter…

Je tire mon chapeau à Willem Buiter, chef économiste de Citigroup, pour sa métaphore très évocatrice : « le FESF est passé du statut de pistolet à barillet à celui de pistolet-mitrailleur, mais il a le même nombre de munitions »…

▪ En attendant, malgré la gravité de la situation, les politiques se chamaillent…

Les politiques français se chamaillent sur la règle d’or — obligation de présenter à la nation un budget équilibré. Affligeant… C’est un principe qui devrait remporter l’adhésion de tous ! Alors que nous aurions besoin d’une union nationale sur une question aussi grave et importante, les petites phrases de part et d’autre fusent et me désolent.

Car sur cette question, je persiste et signe : le politique n’est pas un animal très entreprenant lorsqu’il s’agit de réduire le train de vie de ses sujets. Et je n’ai aucune confiance en lui quant à sa capacité à se réfréner sur les dépenses. Depuis des millénaires, les plus grands empires chutent pour n’avoir pas su se contenir sur ce point, précisément.

Voilà pourquoi il me paraît sage que l’interdiction de déficit budgétaire soit gravée dans le marbre. A l’instar de ce qu’ont fait les Allemands.

Et je ne vous parle pas de la farce américaine. Les chamailleries politico-politiciennes entre démocrates et républicains sont absolument grotesques. C’est à qui réussira à mettre le bâton dans les roues de l’adversaire pour lui faire rendre gorge au moment des élections présidentielles de 2012…

En attendant les marchés flanchent, et les fonctionnaires tremblent. Il fut un temps où l’intérêt national passait avant tout. Aujourd’hui, l’homo politicus et sa vision subjective priment…

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises le 28/07/2011.

 

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