La crise de 2008 a permis de mieux cerner l’économie réelle et a engendré les cryptomonnaies ainsi que le financement participatif.
Le processus de « destruction créatrice » entamé en 2008 a été contré par les banques centrales mais il est quand-même ressorti de bonnes choses de cette crise financière.
En premier lieu, l’expression « économie réelle » est désormais courante. Le public commence à flairer quelque chose de frelaté dans l’industrie financière actuelle. Pour aller jusqu’au bout de l’analyse, il faudrait formuler que l’industrie financière appartient à l’économie irréelle.
Dans cette économie, on manipule de l’argent irréel qui a brisé tout lien avec le monde réel. Le couple risque-rendement a rompu, laissant dans la nature des rejetons mal éduqués, immoraux et trop-gros-pour-faire-faillite.
En deuxième lieu, les cryptomonnaies nous sont nées. En réaction à la folie des banques centrales et aux révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage de nos données personnelles, cette nouvelle monnaie nous permet – si nous le désirons – de ne plus être les cobayes des expériences monétaires, des « dévaluations compétitives » et autres billevesées qui nous sont infligées par de doctes et pompeux monétaristes, économistes, banquiers centraux et politiciens en mal d’argent facile.
Guillaume Maujean, éditorialiste des Echos que l’on ne peut pas taxer d’être un « anarcap » (anarcho-capitaliste) n’écrivait-il pas en décembre 2017 au sujet du bitcoin :
« Le bitcoin, lui, ne dépend d’aucun Etat, d’aucune banque, ni d’aucune autorité centrale. Il n’y a aucune possibilité d’éroder sa valeur en menant une politique inflationniste ou en faisant tourner la ‘planche à billets’, puisque les règles du jeu ont été fixées dès le départ et sont immuables.
C’est la pierre de touche d’un système où les individus sont enfin affranchis de tout arbitraire politique. Le moyen de se libérer de l’emprise de l’Etat et du contrôle que celui-ci exerce sur les informations relevant de la sphère privée. Le rêve de la philosophe Ayn Rand et des libertariens qui devient réalité . »
Oui, le bitcoin pourrait conduire à la reprise en main de la monnaie par chacun de nous, une monnaie utile à l’économie réelle même si cette monnaie est immatérielle.
En troisième et dernier lieu nous est né le financement participatif. Celui-ci permet aux entreprises de l’économie réelle de solliciter le vrai argent, l’épargne, en contournant les banques.
Comme nous le savons désormais, les banques ne sont plus des intermédiaires de prêt, agrégeant de l’épargne pour la mettre à disposition de projets gourmands en capitaux. Les dépôts ne font plus les crédits. Dans l’économie irréelle d’aujourd’hui, les crédits accordés avec de l’argent qui n’existe pas encore font les dépôts.
Ce système permet de tricher sur les taux d’intérêt en les manipulant à la baisse. Ce système draine de l’argent (irréel et réel) vers des projets non rentables (tels que le gaz et le pétrole de schiste aux Etats-Unis), ce qui étouffe l’économie.
Mais vous pouvez très bien vous en affranchir si vous le souhaitez en prêtant directement à des entreprises de l’économie réelle (crowdlending) ou en participant à leurs levées de fonds en capital (crowdfunding).
Récemment, nous avons envoyé à nos abonnés un dossier de prêt d’une entreprise rapportant 5,50% sur 36 mois. C’est 7,3 fois mieux qu’un Livret A à 0,75 %, qui est lui-même grignoté par une inflation à 2,3 % à fin juillet 2018 !
Sensibilisation à ce qu’est l’économie réelle, concurrence monétaire et financement participatif : « à quelque chose malheur est bon », dit le dicton. Espérons que la prochaine crise permettra de démontrer que le bitcoin peut être « antifragile » et se bonifier avec les épreuves.