La Chronique Agora

Matières premières contre nouvelles technologies : le triomphe du virtuel

▪ L’or chute de 9% depuis le début de l’année, de 17% en douze mois et de 38% en trois ans. Il confirme ainsi sa tendance baissière en place depuis les 1 910 $ de septembre 2011. Nos lecteurs ont certainement en tête des contreperformances autrement plus impressionnantes : la division par deux du cours du cuivre, par exemple, et celle du platine, qui a été réduit quasiment de moitié en quatre ans.

Tout cela n’est rien en regard de la division par 3,36 du cours de l’argent-métal, passé de 49,5 $ en avril 2011 à 14,5 $ le 24 juillet 2015.

Le prix de la tonne de fer a été divisé par trois depuis fin 2012 et par quatre depuis janvier 2011. Il a récemment enfoncé ses planchers du printemps 2009 pour inscrire un cours plancher de plus de 10 ans, vers 50 $.

Aux cours actuels, plus aucune mine d’or, d’argent ou de platinoïdes n’est rentable sur la planète

Aux cours actuels, plus aucune mine d’or, d’argent ou de platinoïdes n’est rentable sur la planète. Toute l’industrie minière subit le ralentissement de la demande de la Chine et — on l’oublie trop facilement — de la Corée du Sud, de Taïwan ou Singapour.

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Le Brésil, l’Australie, l’Afrique du Sud et l’Indonésie sont les premières affectées. Le Brésil et l’Indonésie subissent d’ailleurs la double peine d’un effondrement parallèle du cours des céréales de première nécessité (blé, riz, soja, maïs) et des soft commodities en général. Un phénomène contre-intuitif… puisque l’expansion démographique planétaire se poursuit tandis que les surfaces cultivées ont tendance à stagner.

Les cours sont menés par les marchés à terme où la tendance négative depuis trois ans entraîne une réplication des stratégies baissières auto-réalisatrices.

▪ Quand l’Occident est victime aussi
La chute ne s’arrête pas aux métaux ni aux "commos", cependant, et ne menace pas que les BRIC et autres pays en voie de développement exportateurs de produits de base.

Elle affecte également les cours de produits périssables comme le lait et de la viande. Les gros titres l’actualité franco-française estivale concernent presque tous la colère des éleveurs, des maraîchers, des exploitants de vergers tous types de fruits confondus.

Nous assistons à un processus de déflation mondial qui n’épargne aucun produit de la terre, qu’il soit rare ou abondant, qu’il soit recyclable à l’infini ou périssable sous 48 heures.

Tout ce qui peut être considéré comme tangible suscite une fuite ou une abstention systématique de la part des investisseurs

Tout ce qui peut être considéré comme tangible suscite une fuite ou une abstention systématique de la part des investisseurs. Les prix chutent partout sous les coûts de production — y compris dans des secteurs bénéficiant d’une hyper-mécanisation et où la rentabilité est optimale.

Même si l’offre est déficitaire — comme pour le platine — ou en recul irréversible — comme pour l’argent –, le prix ne reflète en rien les déséquilibres réels présents ou futurs.

En ce qui concerne les matières premières agricoles, il y a toujours plus de bouches à nourrir… mais les producteurs constatent une pénurie de demande solvable bien plus qu’une surproduction et un engorgement du marché du fait de stocks excédentaires.

Ce constat n’est pas nouveau. Ce qui change l’équation, c’est que beaucoup d’insolvables se recrutent désormais dans les pays développés et plus seulement en Afrique subsaharienne ou en Argentine.

L’exemple de la Grèce est de ce point de vue particulièrement éclairant. Il ne se limite pas à la nourriture ou au cuivre et à l’acier (du fait de l’arrêt complet du secteur immobilier et de la construction d’infrastructures) mais s’étend jusqu’aux médicaments.

Même syndrome aux Etats-Unis avec des dizaines de millions d’Américains sortis du système, au propre comme au figuré : sans emploi et sans espoir d’en retrouver un, sans domicile fixe, sans existence statistique, sans accès à des soins de qualité.

▪ Vive les bulles !
En ce qui concerne ceux qui possèdent beaucoup d’argent — et surtout ceux qui captent l’essentiel des liquidités imprimées par les banques centrales –, ils manifestent un appétit insatiable pour ce qui est virtuel, déconnecté de l’économie réelle.

Aucun actif financier ne progresse plus vite qu’une biotech récemment introduite en bourse qui ne détient encore aucun brevet exploitable, ne bénéficie d’aucune autorisation de vente de la FDA… et ne réalise aucun chiffre d’affaires.

TEn France, la performance des biotech du cru 2015 est de +50% ; certaines introduites en 2014 affichent déjà des +150% à +200%

En France, la performance des biotech du cru 2015 est de +50% ; certaines introduites en 2014 affichent déjà des +150% à +200%.

Symétriquement, la plupart des mines d’or ont perdu entre 50% et 60% au cours des 12 derniers mois. Les grands trusts miniers (Anglo-American, BHP, Rio Tinto, Amplats, etc.) se retrouvent acculés à enclencher des plans de licenciements massifs semaine après semaine.

L’esprit des dot.com flotte de nouveau sur les marchés. Les investisseurs veulent du rêve, pas de ces vulgaires matériaux bruts arrachés à la croûte terrestre, ou dont les racines plongent dans ses ultimes couches superficielles.

Le triomphe du virtuel, du bullesque, de la fausse valeur découlant de la fausse monnaie semble désormais total. Si les financiers shootés au QE pouvaient vendre la planète (et tout ce qu’elle contient) puis ses habitants à découvert, ils le feraient… et plutôt deux fois qu’une.

Ce n’est pas nouveau ni original. Ce scénario, nous l’avons déjà vécu — certes avec moins de leviers : c’était il y a 15 ans, c’était la "Nouvelle économie".

Elle était censée faire disparaître l’ancienne.

Vous connaissez la suite… mais beaucoup de traders en activité aujourd’hui ne l’ont pas vécue. Les plus jeunes — à peine adolescents à l’époque — n’en ont carrément aucun souvenir.

Ceci explique cela…

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