Un portefeuille d’action ou d’obligations qui prend de la valeur n’est pas forcément une bonne nouvelle : si la hausse est basée sur du vent, le retour de manivelle sera violent…
Comment peut-on prendre les gens pour des imbéciles et continuer de se poser la question de savoir si les actifs financiers sont « surévalués et bullaires ».
Cela dépasse l’entendement.
Sauf si on admet que poser la question sert à entretenir le doute donc à tromper le public.
La surévaluation n’est pas une question, c’est un constat.
Un constat alimenté par les faits suivants :
- depuis 2009, le monde entier s’appauvrit, croule sous les dettes non recouvrables, et il n’y a pas eu de croissance en regard ;
- le monde va s’appauvrir beaucoup avec la transition climatique : elle va faire mettre au rebut plus du tiers de nos équipements antérieurs, renchérir l’énergie, beaucoup d’actifs vont être bons pour la poubelle, et, au lieu d’être amortis, nos actifs vont être dépréciés ;
- la tension sur les ressources et la répartition du revenu mondial va être considérable, car il va falloir investir plus de 150 000 Mds$, plus de deux fois les PIB actuels ;
- la tension sur les ressources – sauf à faire sauter la valeur des monnaies – va faire monter les taux d’intérêt, ce qui va déprécier les actifs financiers anciens, lesquels ne rapportent déjà quasiment rien ;
- par ailleurs, les primes d’incertitude et de risque vont exploser.
Tous les bilans actuels du système sont faux, car ils ne tiennent pas compte des dépréciations et mises au rebut qui sont d’ores et déjà inéluctables, ainsi que des coûts de remplacement des actifs de production. Les amortissements et dépréciations sont non-pratiqués par exemple, alors qu’ils sont actés par les décisions internationales.
La richesse réelle ne progresse pas
Les bilans du système sont faux en ce sens qu’ils ne traduisent pas la situation réelle, honnête de la réalité qu’ils sont censés exprimer. La richesse réelle non seulement n’a pas progressé depuis 12 ans mais elle va être amputée.
En clair, les mots important sont « réalité » et « réel ».
L’argument des banquiers centraux pour éviter de reconnaître la fausseté des bilans et des valorisations, c’est l’argument des taux bas pratiqués sur les fonds d’Etat.
Cet argument est un aveu : l’univers des papiers est auto-référent. On ne peut justifier le niveau des promesses « papier » qu’à l’intérieur de cet univers du papier.
Les taux bas ne font pas référence au réel, ils font référence à des attributs du papier.
C’est le fameux « ceci n’est pas une pipe » : le papier n’est le réel, il est le signe trompeur du réel.
Or, un jour, les détenteurs demanderont la contrepartie réelle du papier, les vraies richesses. C’est là que le pot aux roses sera découvert : il n’y a pas de richesses réelles à mettre en face de toutes ces promesses.
Elles ne tiennent que dans l’imaginaire.
Alors, selon vous, les actifs financiers sont-ils surévalués ou pas ?
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]