La Chronique Agora

Comment tirer profit des Jeux olympiques de Paris 2024 ? (1/2)

Cet événement mondial sera-t-il une bonne affaire pour les Parisiens et les Français en général ?

Les JO, c’est la grande affaire d’Anne Hidalgo. Mais aussi d’Emmanuel Macron, qui a désigné une camarade de promotion de l’ENA pour s’en occuper : Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques depuis le 20 mai 2022. Mais cet événement mondial sera-t-il une bonne affaire pour les Parisiens et les Français en général ?

Les JO se dérouleront principalement à Paris et en Ile-de-France, cependant ils ne seront pas totalement absents de province (ni même de Tahiti !). En effet, Bordeaux, Nantes, Lyon, Saint-Etienne, Nice et Marseille accueilleront des matches de football. Lille se consacrera au handball (phases finales) et au basketball (qualifications). Marseille verra aussi se dérouler les épreuves de voile, tandis que celles de tir se dérouleront à Châteauroux.

Louer un logement à prix d’or

Finalement, beaucoup de Français se trouveront à proximité d’un lieu olympique et comptent peut-être en profiter pour louer leur logement aux 15 millions de visiteurs attendus. Bien sûr, ces chiffres sont à prendre avec précaution, tant les organisateurs ont une fâcheuse tendance à sous-estimer les dépenses et à gonfler les recettes.

En tout cas, les prix des nuitées annoncés dans la presse font rêver. Le Figaro prend cet exemple : « Une studette à proximité de la gare du Nord, éclairée par une seule fenêtre et chichement aménagée avec quelques meubles en bois mélaminé blancs. Une banquette recouverte y fait office de couchage. De là, il suffit de tendre la main pour atteindre la kitchenette où sont disposés un four micro-onde, une bouilloire ou encore un égouttoir à couverts Ikea. Habituellement disponible pour une somme oscillant entre 80 € et 100 € la nuitée, ce bien voit subitement son prix bondir à 2 000 € pour les Jeux olympiques. »

L’exemple est caricatural, mais les prix augmentent bien. Le Figaro a calculé, en consultant les annonces publiées sur Airbnb, que « le prix moyen d’une nuitée par personne va doubler durant l’intervalle des épreuves olympiques, passant de 78 € à 164 € » à Paris. Dans certains quartiers, comme le IXe arrondissement, particulièrement bien situé et desservi par les transports en commun, les prix seraient même triplés entre février et août 2024. Le quotidien précise que cet emballement concerne les JO (du 26 juillet au 11 août 2024), et non pas les jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre 2024) qui « sont loin de susciter le même appétit de la part des hôtes ».

Il faut cependant avoir en tête que les prix affichés aujourd’hui ne sont pas forcément ceux qui seront pratiqués cet été. Une étude du cabinet MKG a, en effet, montré qu’au moment des JO de Londres en 2012, « les prix très élevés de la période avaient finalement été accompagnés de taux d’occupation plus faibles qu’à l’accoutumée […] et les prix avaient été fortement rabaissés juste avant le début des épreuves, face à l’absence de clients habituels ».

Si une forte demande peut faire monter le prix des nuitées (et inversement), une offre pléthorique peut les faire baisser.

Selon un sondage commandé par le cabinet Deloitte, un habitant de la région parisienne sur cinq envisagerait de mettre son logement à louer pendant les JO. Trop de biens mis en location ne serait pas bon pour les affaires.

En fin d’année dernière, la mairie de Paris constatait un effet JO, mais pas une explosion puisqu’elle avait enregistré 60 000 déclarations de meublés de tourisme (contre 45 000 en 2022), ce qui ne représente que 5% des logements du parc privé de la capitale (1,25 million d biens).

Cherche-t-on à décourager les visiteurs ?

Il est permis de se demander si les pouvoirs publics cherchent vraiment à attirer les touristes au moment des Jeux olympiques tant ils multiplient les mauvais signaux.

Il y a d’abord les déclarations ahurissantes de David Belliard, adjoint au maire de Paris, chargé de la transformation de l’espace public et des mobilités, qui s’est indigné, sur Sud Radio, le 5 janvier 2024, du fait qu’il faille accueillir 15 millions de touristes internationaux, venus la plupart en avion, alors même qu’il y avait une « magnifique occasion de limiter les touristes internationaux » pour avoir des Jeux « parfaitement écologistes » (sic). Pour lui, il faudrait réserver les Jeux « aux personnes françaises et européennes ». Et pourquoi pas aux seuls Parisiens, après tout ?

Deuxième mauvais signal, l’augmentation de la taxe de séjour. Plus précisément, son triplement. Pour une nuitée d’une personne dans un hôtel 2 étoiles, elle passe de 1,13 € à 3,38 €. Dans un 3 étoiles, elle passe de 1,88 € à 5,63 €, et ainsi de suite jusqu’au palace où de 5 €, elle passe à 15 €. De quoi, pour une famille de quatre personnes, renchérir sérieusement la facture du séjour.

Troisième mauvais signal, la hausse des transports publics. Ile-de-France Mobilités a, en effet, annoncé qu’entre le 20 juillet et le 8 septembre, le ticket de métro à l’unité passera de 2,15 € à 4 €. Le carnet de 10 tickets sera à 32 € au lieu de 17,30 €. Le passe Navigo hebdomadaire passera de 30,75 € à 70 €. Seul le Navigo mensuel ne changera pas de prix.

On sait aussi que le prix des billets pour assister aux épreuves est élevé : 680 € pour les sessions d’athlétisme, 500 € pour la natation, 480 € pour la gymnastique, l’escrime et le judo. Sans compter les 2 700 € pour assister à la cérémonie d’ouverture sur la Seine.

On voudrait décourager les visiteurs qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Malgré tout, ils seront présents. Peut-être pas dans la proportion espérée par les organisateurs, mais nul doute qu’ils seront des millions à se déplacer pour assister aux épreuves.

Alors, que faut-il savoir avant de louer votre logement ? Nous le verrons dans notre prochain article.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile