La Chronique Agora

Thomas Massie, le rebelle du Congrès

Les élites veulent toutes des hommes de confiance, qui disent oui à tout. A la Maison-Blanche comme au Congrès.

« La vie, la liberté et la propriété d’aucun homme ne sont en sécurité lorsque le corps législatif est en session. » – Gideon J. Tucker

Le discours de Benjamin Netanyahu devant le Congrès a fait l’objet d’une large couverture médiatique. Certaines personnes – principalement celles qui bénéficient de fonds de campagne pro-israéliens, ou bien qui sont employées par le complexe militaire/industriel/Deep State/surveillance/université/presse – l’ont applaudi à tout rompre.

Ils se sont levés 50 fois… Ils ont semblé particulièrement enthousiastes lorsque le président israélien a suggéré que ceux qui s’opposaient à l’assassinat de milliers de Gazaouis sont alignés, voire soutenus, par l’Iran ! Ne savent-ils pas que le régime iranien pend les homosexuels à des grues de construction ?

D’autres personnes – pour la plupart des démocrates, et notamment Kamala Harris – ont préféré garder leurs distances. Netanyahou est largement et plausiblement considéré comme un criminel de guerre, qui dirige un régime d’apartheid, vole des terres, torture des innocents, détruit des écoles et des hôpitaux et a tué près de quarante mille Palestiniens au cours des neuf derniers mois.

Le simple fait d’évoquer ces massacres donne lieu à des accusations d' »antisémitisme ». Sur les campus universitaires, les professeurs qui s’expriment risquent de perdre leur emploi. Les étudiants perdent des opportunités d’emploi. Les médias parlent de « montée de l’antisémitisme » et donnent l’impression que tous les juifs du campus craignent pour leur vie. Le risque d’être qualifié d' »antisémite » est si grand que les goyim se sont tenus à l’écart, tandis que les juifs – qui ne peuvent raisonnablement être accusés de s’opposer à eux-mêmes – ont mené les manifestations de mercredi au Capitole.

Pour les hommes politiques, le risque de se retrouver du mauvais côté du lobby israélien est encore plus grand. Ils ont tous vu ce que l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) a fait à Jamaal Bowman. L’AIPAC est capable de dépenser plus que n’importe quel adversaire. Selon le député Thomas Massie, l’AIPAC affecte un membre de son personnel à la surveillance de chaque membre du Congrès, afin de s’assurer qu’il vote correctement. Si ce n’est pas le cas, un remplaçant est trouvé pour le défier lors des prochaines élections.

Ainsi, lorsque M. Netanyahu lui-même s’est présenté devant une session conjointe du Congrès, seul un républicain a osé rester les bras croisés, le susmentionné Thomas Massie.

Notre chronique du jour est que M. Massie mérite plus d’attention.

« Un fanfaron de troisième ordre »

M. Massie s’est fait remarquer pour la première fois lors de la pandémie de COVID.

« Il a été testé positif à l’imbécilité », a déclaré John Kerry.

Donald Trump l’a qualifié de « fanfaron de troisième ordre ». (Massie a répliqué : « Je suis très offensé par ces propos ; je suis au moins de deuxième ordre. »)

« Thomas Massie est en effet un abruti », a tweeté le député Maloney.

Un homme avec de tels ennemis ne peut pas être si mauvais que cela, avons-nous pensé. Nous avons donc regardé tout ça de plus près. Comme toujours, le contexte est important.

En mars 2020, le Sénat s’est empressé d’autoriser à l’unanimité une vague de dépenses extraordinaires, d’un montant de 2 200 milliards de dollars. On s’attendait ensuite à ce que la Chambre des représentants l’approuve sans discussion. Après tout, la nation était confrontée à une situation d’urgence nationale !

Bien entendu, le gouvernement américain ne disposait pas d’une telle somme d’argent. Il fallait donc l' »imprimer » et l’emprunter, ce qui a inévitablement conduit à des résultats désastreux.

La Constitution exige qu’il y ait un quorum pour l’adoption de lois importantes. Mais lorsque Massie est entré dans la Chambre, il n’y a trouvé que deux membres.

Il s’est alors demandé pourquoi les « travailleurs essentiels » – les chauffeurs routiers, les employés des magasins d’alimentation, les infirmières et bien d’autres – devaient toujours se rendre sur leur lieu de travail… mais pas les membres du Congrès ? Apparemment, ils ne sont pas essentiels. Les membres du Congrès bénéficient « des meilleurs soins de santé au monde », a fait remarquer M. Massie.

Il a exigé que les membres retournent au travail. Ils ont rouspété et ont dit des méchancetés sur Massie. Mais ils sont revenus à Washington. Ils ont voté pour plus de dépenses. Le projet de loi a été adopté… presque à l’unanimité.

Massie a voté « non ».

Et il avait raison sur toute la ligne. Il n’y avait aucune raison pour que les représentants du peuple se réfugient, alors que le peuple approvisionnait les rayons et transportait des marchandises.

Il s’est avéré que l’hystérie du COVID et le confinement n’étaient pas nécessaires. Et les milliers de milliards de dépenses excessives, initiées par Trump puis par Biden, ont conduit à une inflation de 9% et à un endettement de 35 000 milliards de dollars.

Les élites, le Deep State, les initiés, l’establishment… tous veulent des hommes qui disent oui. A la Maison-Blanche comme au Congrès.

La quasi-totalité de la législation transfère l’argent et le pouvoir du peuple vers eux-mêmes, leurs copains et leurs projets favoris. « C’est dans l’intérêt national », disent-ils. Mais ce n’est pas la nation qui profite de l’argent ; ce sont des groupes spécifiques, pour des raisons spécifiques.

Massie est un partisan du « non ». Il a voté contre les sanctions. Il a voté contre la désignation d’Israël comme un « partenaire stratégique », quel que soit le terme utilisé. Il a voté contre la loi sur la protection des salaires et l’amélioration de la santé. Il est souvent le seul membre du Congrès à s’opposer à l’augmentation des dépenses. Au cours d’une session, il a voté « non » 324 fois.

Massie a présenté un projet de loi visant à supprimer le département de l’Education, par exemple, et en a coparrainé un autre qui visait à supprimer le département de la Protection de l’environnement. Ces initiatives n’ont pas été loin.

On doit se sentir bien seul à Washington, lorsque l’on est un partisan du « non ». Et si cela veut dire que l’on est un « imbécile » ou un « fanfaron de troisième ordre », il est dommage qu’ils ne soient pas plus nombreux.

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