La Chronique Agora

Tesla : mythe et zombie

Tesla

Elon Musk est de moins en moins crédible et l’avantage compétitif de Tesla sur la voiture autonome contesté. Un mythe va-t-il s’écrouler et un zombie mourir ?

En ce moment, Bill Bonner se penche sur les mythes et les mensonges. Comment discerner un mythe utile et fédérateur d’un mensonge éhonté, se demande-t-il ?

Chaque époque a ses totems, ses emblèmes, ses exagérations. J’ai récemment décerné à Netflix la médaille d’or du zombie privé.

Un zombie est une créature financière qui ne meurt jamais car elle trouve toujours de l’argent pour refinancer sa dette.

Netflix, dont les précédentes émissions obligataires sont notées junk bond ou obligation pourrie, a à nouveau emprunté fin avril 1,9 milliard de dollars. Les titres, qui arriveront à échéance en novembre 2028, rapportent 5,875%. Par comparaison, un bon du Trésor américain arrivant lui aussi à échéance en 2028 rapporte 3%.

La dette à long terme de Netflix atteint après cette opération 8,4 milliards de dollars ; en perte, Netflix va brûler plus de trois milliards de dollars en 2018. Sa capitalisation dépasse actuellement 310 milliards de dollars.

Mais que penser de Tesla ? Tesla mérite probablement une médaille d’argent. Sa capitalisation actuelle dépasse 50 milliards de dollars, son chiffre d’affaires est en croissance, ses pertes aussi. L’entreprise est très endettée (à hauteur de 243% de sa capitalisation).

Un capitaliste traditionnel mettrait tout de suite en faillite une créature dont les pertes augmentent encore plus vite que son activité. Aucun espoir de retour sur investissement… Mais n’oubliez pas : nous ne vivons pas en capitalisme, nous vivons en créditisme…

Le 1er avril, le très charismatique patron de Tesla, Elon Musk, a cru pouvoir plaisanter sur sa prochaine faillite alors que les vendeurs à découvert avaient fait fondre la capitalisation de 10 milliards de dollars en mars.

Le 3 mai, Elon Musk commentait les résultats trimestriels de Tesla. Il a affirmé que l’entreprise n’aurait pas besoin de lever plus d’argent cette année. « Personne n’y croit », déclare un analyste resté positif sur la valeur.

Agacé par les questions, Elon Musk a de plus ridiculisé certains analystes, notamment ceux des grandes banques qui ont placé ses obligations auprès du public.

L’action a chuté de 8,5% en séance.

Tesla concentre les rêves : la voiture « propre » puisqu’électrique, la voiture autonome… Un jeune constructeur défie l’establishment, les Toyota, General Motors, Ford, Volkswagen, Renault-Nissan… Son patron parle bien (enfin jusque-là).
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Ce rêve pourrait-il se briser ?

Les espoirs de voiture autonome dopent la valorisation : les risques de collision seraient réduits de 40% grâce à l’avantage du logiciel Tesla, selon Elon Musk qui a largement mis en avant cette statistique.

Mais voilà que même ce chiffre est remis en cause par la National Highway Traffic Safety Administration, qui conteste les résultats.

Comment une entreprise qui n’a fait que « brûler du capital et produire des pertes » peut-elle être valorisée 50 milliards de dollars par les investisseurs et rester crédible ?

Parce que l’argent et le crédit sont quasi-gratuits. Ce mythe soutient les rêves les plus fous.

Si Dédale avait connu le système monétaire et financier actuel, la valorisation de son projet aurait dépassé la fortune du roi Minos et son fils Icare n’aurait pas vu fondre ses ailes de cire.

Le crédit infini et quasi-gratuit permet de ne jamais confronter les rêves à la cruelle réalité.

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