▪ Séoul vient de jeter le gant. Depuis plusieurs années déjà la Chine mène ce que les pays développés ont parfois appelé une guerre des terres rares.
Après avoir réussi à produire près de 95% de la production mondiale dans les années 1990, Pékin a progressivement freiné ses exportations. L’Empire du Milieu plongea alors des centaines d’industriels spécialistes des aimants permanents, des lasers ou de la luminescence dans l’angoisse de ne plus recevoir les précieux métaux indispensables à leur activité.
Ce mois-ci, Séoul lance la contre-attaque. L’université sud-coréenne de Kyung Hee vient de lancer un vaste programme de recherche pour remplacer les terres rares dans les applications de hautes technologies. Le principal contributeur de ce projet n’est autre que Samsung, qui participera à hauteur d’un milliard d’euros.
L’enjeu est important pour la Corée du Sud, qui pourrait chercher à travers ce programme ambitieux une reconnaissance de sa puissance scientifique. Le journal The Register souligne que Séoul pourrait décrocher ainsi son premier prix Nobel en physique, chimie ou médecine.
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Mais à côté de la compétition entre deux puissances émergentes, les autres pays ont également tiré la sonnette d’alarme. En Europe, le JLC, le Centre commun de recherche européen, vient tout juste de publier une liste de huit métaux stratégiques dont les industriels européens de l’énergie pourraient être amenés à manquer dans les années 2020-2030. Il s’agit du dysprosium, du néodyme, du praséodyme, de l’europium, du terbium et de l’yttrium. Aux Etats-Unis, c’est le département de l’Energie qui a donné les grandes lignes de la dépendance américaine à travers deux documents publiés en 2010 et 2011.
Tous les pays développés ont mis en marche des politiques pour réduire leur dépendance.
[NDLR : Quant à nous, nous menons notre propre stratégie… Nous avons intégré en portefeuille une valeur spécialiste des matériaux high tech, qui pourraient à moyen terme prendre la place des terres rares. Recommandée il y a moins de six mois, cette valeur a déjà fait gagner 50% à ceux qui ont misé sur elle. Il est encore possible de rentrer dessus en cas de repli. Pour plus de détails, continuez votre lecture…]
▪ La mine, l’idée simple
C’est ce à quoi tout le monde se raccroche instinctivement. Si la Chine possède un monopole de la production, elle ne possède pas de monopole des réserves. Selon l’USGS, la Chine ne compterait que 36% des réserves de terres rares dans le monde.
Ce constat a donné le coup d’envoi à une sorte de course aux terres rares à travers le monde. Plus de 400 projets miniers sont aujourd’hui menés aussi bien en Australie, en Namibie, en Russie qu’aux Etats-Unis et en Allemagne. Tous n’arriveront pas à maturité selon le BRGM, le Bureau de la Recherche Géologique et Minière, car tous ne seront pas rentables.
Depuis le pic des prix des terres rares en 2011, les prix sont considérablement redescendus.
Si la baisse des prix de ces métaux a apaisé quelque peu les tensions, de nombreux chercheurs ont soulevé le cas plus particulier des terres rares lourdes. Ce sous-groupe des terres rares comprend l’europium, le gadolinium, le dysprosium, l’holmium, l’erbium, le thulium, le terbium, l’ytterbium et le lutécium. Il s’agit des terres rares qui possèdent les propriétés physico-chimiques les plus remarquables. Elles sont à cet égard difficilement substituables.
C’est pourquoi depuis plusieurs mois L’Edito Matières Premières a rappelé qu’il fallait en priorité investir sur les projets miniers de terres rares lourdes. Cet article d’Edward Bonner donnait notamment de bonnes pistes d’investissements. Toutefois les prix des terres rares lourdes a suivi jusque-là le même chemin que les terres rares légères — la baisse.
▪ Est-il possible de prévoir quelles terres décolleront les premières ?
Un début de réponse est apporté par la société MTL Index, spécialiste français des investissements dans les terres rares.
Lors de la dernière conférence sur les terres rares organisée par Metal Events à Hong Kong, les discussions ont tourné davantage autour des métaux essentiels aux aimants permanents qu’autour des terres rares lourdes. Les industriels ne sont plus obnubilés par la question de la sécurisation des approvisionnements en terres rares lourdes, mais bien par le souci de sécuriser leur approvisionnements en terres rares les plus consommées. Comme le résume MTL Index, "il semblerait que le centre d’intérêt et le vieux débat ‘Terres Rares Lourdes et Terres Rares Légères’ se soit déplacé vers des notions plus économiques et stratégiques". Le marché fait son retour.
▪ Mon conseil
Les approvisionnements en dysprosium et terbium, deux des terres rares lourdes, sont aujourd’hui aussi importants que les approvisionnements en néodyme et en praséodyme, deux terres légères.
Ce changement d’angle permet de mettre à nouveau en valeur des minières mieux dotées en terres rares légères que lourdes. On pense tout de suite à Molycorp, la minière américaine qui devrait commencer à produire des terres rares en toute fin d’année. Pour les plus aventureux, des centaines de petites juniors ont lancé leur projet minier depuis deux-trois ans. C’est parmi ces sociétés que les gains seront les plus élevés. Encore faut-il miser sur la bonne…