▪ L’avenir est un film qui n’est pas encore sorti — c’est là un principe que nous nous remémorons chaque jour ou presque.
Un lecteur se pose des questions :
"Je suis un nouvel abonné, et je commence à me faire une idée du ton et de la qualité des informations présentées dans vos écrits. Une contradiction émerge : comment réconciliez-vous votre quasi-certitude d’un effondrement du système du crédit causé par la déflation à votre opinion qu’on ne peut pas connaître l’avenir ?"
Excellente question, merci de l’avoir posée…
La plupart des gens croient fermement — ils sont "quasi-certains" — que le soleil se lèvera demain matin comme il le fait tous les jours. Personne n’en est 100% assuré. Mais c’est probablement une erreur que de parier contre ce fait.
De même, si vous travaillez dans certains quartiers de Baltimore et que vous laissez vos outils dans une camionnette ouverte, ne vous attendez pas à les retrouver à votre retour. Nous disons ça comme ça…
Les marchés suivent des schémas. Ils grimpent. Ils baissent. Les économies aussi ont leurs bons et leurs mauvais jours.
Il y a des cycles dans tous les aspects de la vie humaine. Nous naissons. Mais nous mourons aussi. Nos villes, pays, empires prospèrent… puis stagnent et se décomposent. Nous inspirons… nous expirons. Nous sommes heureux… puis nous avons le cafard.
Les taux d’intérêt — qui suivent les hausses et les baisses — ne suivent pas une seule direction |
On observe et on décrit soigneusement, et depuis longtemps, les cycles du marché du crédit. Les taux d’intérêt — qui suivent les hausses et les baisses — ne suivent pas une seule direction. Parfois, ils reculent. Ils changent d’avis et font demi-tour.
▪ Sens unique
Vous voyez pourquoi ce doit être le cas…
Imaginez que les taux d’intérêt soient à sens unique. Les investisseurs connaîtraient l’avenir. Ils anticiperaient la direction du marché (correctement) et achèteraient des investissements pour en profiter.
Mais comment ? Qui vendrait ? Qui voudrait être de l’autre côté de la transaction ? Si les taux ne faisaient que grimper, qui irait parier sur leur baisse ?
Non… si les gens connaissaient l’avenir, il n’y aurait pas besoin des marchés (dont le but est de "découvrir" les prix). Le présent deviendrait un brouillard monotone.
Mais les marchés ne peuvent être annihilés. Lorsqu’on les met hors la loi… ils passent à la clandestinité. Lorsqu’ils sont retardés… ils accumulent de l’énergie. Lorsqu’on leur refuse quelque chose… ils s’en emparent sans autre forme de procès.
Les expansions de crédit sont possibles lorsqu’on a des taux d’intérêt réels bas (en tenant compte de l’inflation).
Les contractions de crédit ont lieu lorsque les taux réels grimpent. Elles peuvent se produire lorsque les investisseurs ont peur de ne pas être remboursés, ou lorsqu’ils craignent que l’argent qu’ils récupéreront aura moins de pouvoir d’achat que l’argent prêté.
Quoi qu’il en soit, les taux réels grimpent… et le crédit se contracte.
Après 66 ans d’expansion de crédit et 33 ans de tendance baissière pour les taux d’intérêt, nous nous attendons à un renversement |
Après 66 ans d’expansion de crédit et 33 ans de tendance baissière pour les taux d’intérêt, nous nous attendons à un renversement.
Comme l’exprime sèchement Deutsche Bank, "les Etats-Unis semblent en retard sur le cycle, sur une base micro et macro"…
Une "quasi-certitude" ?
Probablement pas.
Un bon pari ?
Probablement.
Et la pauvre Janet Yellen — bien à l’abri dans le monde universitaire et administratif pendant toute sa vie d’adulte — est le point de s’en rendre compte par elle-même.
La partie est truquée depuis sept ans. Les investisseurs savaient — avec une "quasi-certitude" – que la Fed ne permettrait pas aux taux longs de grimper. Celle semaine, elle est censée commencer à "normaliser" la situation en augmentant les taux courts.
Sauf que les marchés ne récompensent pas les régulateurs qui prennent leurs désirs pour des réalités… ni les professeurs aux théories insensées. Ils ont leur propre opinion.