La Chronique Agora

Seuls dans la tempête

▪ Nous ne commenterons pas la situation en Crimée, n’ayant aucune connaissance sur le sujet. Tout ce que nous savons, c’est qu’elle donne des sueurs froides aux marchés boursiers… et qu’elle réchauffe l’or.

Nous savons aussi que la politique de taux zéro de la Fed — et son bilan de 4 100 milliards de dollars — ne peuvent que causer des problèmes. Quelle forme ces problèmes prendront-ils ? Il va falloir attendre pour le savoir.

D’ici là, la montagne de dettes se fait de plus en plus haute aux Etats-Unis — on pourrait atteindre les 20 000 milliards de dollars de dette officielle d’ici 2020. A mesure qu’elle augmente, elle pèse sur l’économie. Plusieurs études ont souligné que la dette ralentit les économies. La raison est relativement facile à comprendre.

Les Américains ont mangé des hamburgers en 2007. Ils l’avaient apprécié, à l’époque. Le restaurant a gagné de l’argent. Le cuisinier a gagné de l’argent. Et l’économie a enregistré une hausse de son PIB. Mais ils ont payé leur repas à crédit… et la transaction n’est peut-être pas encore soldée. Certains paient encore des intérêts sur leur burger. Ce qui signifie moins d’argent à dépenser pour eux… et moins d’argent à gagner pour les autres. Ce poids sur l’économie ne disparaîtra pas tant qu’ils n’auront pas remboursé leur dette.

La masse monétaire se développe au moment où le prêt est fait. Elle se contracte lorsqu’il est remboursé. Les banques créent de l’argent ex nihilo lorsqu’elles accordent des prêts. Lorsque ces derniers sont remboursés, le prêt revient là d’où il était parti.

Le gouvernement américain a un ratio dette/PIB 10 fois plus élevé que celui de la Russie.

A mesure que les économies ralentissent, il devient de plus en plus dur de suivre la dette. Une part de plus en plus grande de la production doit être utilisée pour satisfaire la consommation passée. En guise de comparaison, le gouvernement américain a un ratio dette/PIB 10 fois plus élevé que celui de la Russie. En ce sens — sinon en d’autres — les Etats-Unis ont 10 fois plus de problèmes sur le dos.

Mais là encore, il va falloir attendre pour en savoir plus…

▪ Aventures hivernales
Nous avons passé toute la journée d’hier sur la route pour revenir d’Aiken, en Caroline du sud.

« Vous n’allez tout de même pas prendre la voiture », nous a dit le concierge du Willcox Hotel. « Une gigantesque tempête de neige arrive. Toute la Côte ouest des Etats-Unis sera touchée. Vous n’y arriverez pas. Mieux vaut rester ici une journée de plus ».

Nous commencions tout de même à avoir des fourmis dans les jambes. Non qu’Aiken ne soit pas un endroit charmant. Mais nous y étions depuis plus d’une semaine. Elizabeth avait gagné ses rubans bleus et jaunes. Il était temps de s’en aller, neige ou pas.

Nous sommes donc partis tôt le matin avec Elizabeth… gardant un oeil sur la météo grâce à notre iPhone. Il faisait chaud et ensoleillé en Caroline du sud ; nous avions du mal à croire que le temps puisse être si épouvantable un peu plus au nord.

Nous avons pris notre temps, empruntant les petites routes jusqu’à Columbia afin de nous faire une meilleure idée de la campagne dans la région. Nous avons découvert qu’elle est pauvre. Dans certaines régions, c’est à peine si une couche de terre arable couvre le sable blanc. Les gens sont pauvres aussi ; nombre d’entre eux vivent dans des mobil-home délabrés ou des cabanes de fortune. Souvent, des carcasses d’automobiles et de camionnettes décorent leurs jardins et leurs cours.

Puis, quasiment dès l’instant où nous avons pris l’autoroute, le mauvais temps nous a rattrapés. D’abord une légère pluie… puis une grosse pluie… puis une pluie gelée… puis, lorsque nous sommes entrés en Caroline du Nord, une pluie verglaçante et enfin de la neige.

Nous maintenions une moyenne tolérable. Nous avions prévu de continuer vers le nord aussi longtemps que possible. Si la neige devenait trop abondante ou la route trop gelée, nous nous arrêterions dans un motel à Greensboro ou Durham… ou, si nous pouvions aller aussi loin, à Richmond.

▪ Adhérence et forêt de pins
Nous nous tracassions au sujet de l’itinéraire, cependant. Une vaste forêt de pins borde la route 85 lorsqu’elle travers la Caroline du nord et la Virginie. Si la tempête devait nous atteindre à cet endroit, nous ne trouverions peut-être pas de logement pour la nuit. Des panneaux avertissaient les voyageurs. Les voitures et les camions rebroussaient chemin. Les routes devenaient de plus en plus calmes.

Malgré tout, sous une neige légère, nous sommes partis de Durham en espérant atteindre au moins Petersburg avant d’être enneigés.

Notre véhicule, un Ford F-150, n’a pas beaucoup d’adhérence quand il n’est pas chargé. Normalement, il a tendance à glisser et déraper facilement. Mais plus nous cheminions, plus la glace s’attachait au châssis et plus il s’alourdissait. La route n’a pas tardé à être couverte de neige et de verglas, mais nous pouvions rouler sans trop de problèmes.

Un camion, tirant ce qui semblait être une citerne d’essence, avait fait un tête-à-queue au sud de la ville.

Lorsque nous sommes arrivés à Richmond, on aurait dit que nous le voyage était terminé pour la journée. Le trafic était encore clairsemé, mais il y avait de nombreux accidents. Plusieurs voitures avaient heurté la glissière de sécurité, d’autres encore avaient fini dans le fossé, et un camion, tirant ce qui semblait être une citerne d’essence, avait fait un tête-à-queue au sud de la ville.

Mais alors que nous commencions à chercher un motel ou une auberge, le ciel s’est éclairci juste assez pour nous donner de l’espoir. De plus, l’iPhone affirmait que la neige avait cessé à Washington. Si nous pouvions juste dépasser Richmond, nous sommes-nous dit, nous pourrions peut-être rouler sans difficultés.

Dépasser Richmond s’est révélé être une corvée lente et longue… mais tout a fini par se passer plus ou moins comme nous l’avions espéré. Nous sommes arrivés sur le périphérique de Washington aux alentours de l’heure de pointe. Il n’y avait personne. Les employés fédéraux avaient déserté leur poste au premier flocon de neige. Et avec les policiers occupés par tant d’accidents dans la région, nous avons ressenti une étrange liberté. Que faire ? Dévaliser une station-service ou juste faire un excès de vitesse ?

En l’occurrence, nous nous sommes dépêchés de rentrer chez nous…

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