▪ Quasiment toutes les nouvelles sont bonnes, aux Etats-Unis. On dirait que la reprise est enfin là.
Mais peut-être sommes-nous juste en train de nous habituer à une économie paresseuse… où même une petite amélioration ressemble à un boom.
Pour autant que nous en sachions, l’économie américaine est toujours dans une Grande Correction… qui est loin d’être terminée.
Les gens s’habituent aux corrections, toutefois… et au fait que les autorités injectent du cash et du crédit pour empêcher que les choses ne tournent trop mal. Il n’est pas exactement « normal » qu’une banque centrale prête de l’argent sous le taux d’inflation des prix à la consommation. Et il n’est pas exactement « normal » que le gouvernement américain doive gérer des revenus équivalant à 8% du PIB… ou qu’il dépense 1,50 $ pour chaque dollar qu’il touche en recettes fiscales.
Beaucoup de choses ne sont pas « normales ». Mais si on les pratique pendant assez longtemps, les gens s’y habituent. Même distribuer de l’argent commence à sembler normal.
Les autorités n’ont pas inventé leurs théories sur l’argent facile. C’est John Maynard Keynes qui a trouvé ce programme insensé il y a de nombreuses années. Il a rencontré Franklin Roosevelt et lui a expliqué le principe. Roosevelt a confessé plus tard qu’il n’avait pas la moindre idée de ce dont Keynes parlait. Mais il avait apprécié le petit discours de Keynes — parce qu’il lui donnait une justification théorique pour prendre le contrôle de l’économie.
Keynes avait piqué son idée dans l’Ancien Testament. Pharaon mettait du grain en réserve durant les années de bonnes récoltes. Il le distribuait ensuite quand les récoltes étaient mauvaises. Il avait l’air d’un génie. Roosevelt voulait probablement lui aussi avoir l’air d’un génie.
Mais les gouvernements ont trouvé beaucoup plus facile de dépenser durant les années maigres que d’épargner durant les années fastes. Dans les faits, ils n’ont rien épargné du tout. Ensuite, quand les ennuis sont arrivés, ils n’avaient pas de vraies ressources sur lesquelles se reposer.
Ils n’avaient d’autre choix que d’emprunter de l’argent… ou l’imprimer.
Le vrai problème, à présent, c’est que le secteur privé a des dettes à régler. Sauf qu’on ne peut régler des dettes avec plus de dettes.
Non, cher lecteur, on ne peut pas emprunter jusqu’à se sortir de la dette. En revanche, on peut tout à fait s’endetter jusqu’à se sortir de l’emprunt. C’est-à-dire qu’on peut accumuler tant de dettes que plus personne ne veut vous prêter d’argent. Quand ça arrive… vous êtes comme la Grèce.
Mais les Etats-Unis ne sont pas la Grèce — sauf par les aspects les plus importants. Les deux pays dépensent plus qu’ils ne peuvent se le permettre, s’appuyant sur la dette pour compenser la différence. Et ça fonctionne… parfois plus longtemps qu’on ne l’imagine.
Tant que c’est le cas, tout le monde est content.
Les investisseurs semblent penser que nos problèmes sont derrière nous. Mais est-ce bien le cas ? Jetons un coup d’oeil en arrière. Oui, nous voyons quelques difficultés par là-bas. Les ménages américains ont réduit leur ratio dette/PIB de 15%. Malheureusement, il leur reste beaucoup de chemin à parcourir. Au moins 15% supplémentaires. Peut-être même 50% de plus.
Tant qu’ils se consacrent à la réduction de leurs dettes… il ne peut y avoir de vraie reprise.
Les autorités se mettent simplement en route vers des problèmes plus nombreux et plus graves. La dette gouvernementale augmente rapidement.
Alors… comment est-ce que cette situation finira par se résoudre ? Mal, selon nous…
Mais attendez.
Vous pensez probablement que nos dirigeants sont des gens intelligents. S’ils accumulent beaucoup de dettes, ce doit être pour une bonne raison, non ? Et ils doivent savoir ce qu’ils font, n’est-ce pas ?
Si les choses commencent à mal tourner, ils verront qu’ils se sont trompés, et ils changeront, n’est-ce pas ? C’est là tout l’avantage des gouvernements modernes ! Le peuple a le contrôle. Les gens feront toujours ce qu’il y a de mieux pour eux, n’est-ce pas ? Et ce qui convient le mieux pour le peuple convient le mieux au pays.
Personne ne veut que le pays fasse faillite, n’est-ce pas ? Donc ça n’arrivera pas ! N’est-ce pas ainsi que les choses fonctionnent ?
Nous avons bien peur que non. Souvent arrivent des choses que personne ne veut voir arriver.
Voyons voir ce qui arrivera demain… et les jours suivants.
▪ En tout cas, à partir de la semaine prochaine, nous partons en congé sabbatique pendant deux mois. Après avoir travaillé tous les jours sans exception depuis 1973… et écrit le Daily Reckoning, la version américaine de vos Chroniques, sans interruption depuis 1998, nous avons besoin d’une pause.
Qu’allons-nous faire ?
Eh bien, nous allons pelleter de la terre… la mélanger avec de l’eau… et utiliser le tout pour poser des pierres. Ensuite, nous allons verser du béton et faire des arches… puis ajouter un plafond voûté par-dessus. Nous construirons ensuite une coupole au centre, et tasserons de la terre sur l’ensemble du toit. Avec un peu de chance, l’ensemble ne s’effondrera pas tout de suite.
N’ayez crainte : nous vous tiendrons au courant du résultat de nos expériences.