La Chronique Agora

Sur quoi d’autre ont-ils menti ?

Afghanistan

La victoire des talibans était « extrêmement peu probable »… on n’assisterait pas à des scènes de panique en Afghanistan… et autres mensonges gouvernementaux divers et variés…

Ces derniers jours, la chute de Kaboul fait de l’ombre à l’actualité financière.

Le 8 juillet, le président Biden déclarait qu’une victoire des talibans était « extrêmement peu probable », ajoutant qu’il n’y aurait « aucun cas [où] l’on verrait des gens héliportés depuis le toit d’une ambassade ».

Et quand bien même les talibans s’empareraient du pouvoir, déclarait le secrétaire d’Etat US Antony Blinken en juin, ce ne serait pas « quelque chose qui se produit du vendredi au lundi ».

Sauf que… c’est exactement ce qu’il s’est passé. Les troupes afghanes que les Etats-Unis ont entraînée, soudoyées et soutenues pendant 20 ans n’ont pas combattu jusqu’au dernier homme : elles ont simplement laissé tomber leurs armes et ont rejoint le camp d’en face.

Incompétents et peu fiables

De toute l’histoire militaire, nous ne pouvons pas nous souvenir d’une défaite si rapide… si complète… ou si ignominieuse.

Joe Biden et Antony Blinken, sont conseillés et informés par 17 agences de « renseignement » différentes – la CIA, la NSA, etc. – dotées de budgets de plusieurs milliards de dollars, de milliers d’analystes perspicaces et de toutes les technologies d’espionnage les plus récentes.

Comment pouvaient-ils être tous de tels incapables ?

Selon le journaliste Glenn Greenwald, le Pentagone rapportait depuis longtemps que l’armée afghane, quatre fois plus nombreuse que les talibans, était à la fois incompétente et peu fiable.

Ils n’ont pas fait « une erreur », a déclaré Greenwald sur Fox News la semaine dernière : « Ils ont menti. »

Ajoutez Biden, Blinken et quelques autres chefs du renseignement à la liste des condamnés. Pendez-les haut et court, en guise d’avertissement aux autres.

Corruption et conflit

Aujourd’hui, nous nous demandons : à quel autre sujet mentent-ils ?

Oui, cher lecteur : c’est incroyable ce qu’on ne voit pas quand on est payé à être aveugle. Pendant longtemps – 20 ans, dans le cas de l’Afghanistan –, on peut maintenir le fantasme intact.

Ensuite, en quelques jours seulement, il s’effondre comme un ballon crevé.

N’importe qui aurait pu prévoir ce fiasco sur deux décennies… il suffisait de lire la page « Afghanistan » sur Wikipédia.

Le pays a été inventé par les Européens, mais il est habité par des douzaines de tribus différentes : Pachtounes, Tadjiks, Hazaras, Ouzbeks, Aïmaks, Turkmènes, Baloutches, Pashayi, Arabes, Brahouis, Qizilbash, Pamiris, Kirghizes – chacun ayant sa propre langue, religion, culture… et des rancunes profondes envers les autres.

Construire là-bas une démocratie à l’américaine était absurde dès le départ. Mais qui voulait l’admettre… quand il y avait 2 000 Mds$ à gagner en faisant semblant de ne pas le voir ?

Les généraux ont reçu leurs étoiles… leurs sinécures post-retraite chez Raytheon… et leurs parts dans WestExec, une société de private equity qui se spécialise dans les gabegies du Pentagone.

Evidemment, les généraux n’étaient pas les seuls à être payés à ne rien voir. Le secteur privé a collaboré avec l’armée – et en a joliment profité.

Un portefeuille de valeurs de la « défense », acheté au début du XXIème siècle et détenu jusqu’à aujourd’hui, a été multiplié par 10, tandis que le PIB US ne faisait que doubler.

Aubaine, vous avez dit aubaine ?

Des milliers de milliards de dollars changeaient de mains. La corruption, les conflits d’intérêt, la tentative de mentir, tricher et voler étaient évidents.

Il n’est de pire aveugle…

Où était la presse, pendant ce temps ? Où étaient les gardiens de la vérité… de la transparence… et de la justice ?

Comme nous l’avons vu vendredi, certains reporters étaient à la solde du complexe militaro-industriel. Cependant, l’aveuglement allait bien plus loin que quelques pigistes payés à faire l’article pour le Pentagone.

En réalité, quasiment l’intégralité de la presse… dans sa hâte à ne pas voir la corruption… s’est elle-même crevé les yeux.

Oui, les journalistes pouvaient bien se mettre dans tous leurs états suite à l’assassinat de George Floyd. C’était de la faute de quelqu’un d’autre – des racistes, comme chacun sait.

Pour un journaliste, il suffisait de pousser les hauts cris sur le sujet : il pouvait ainsi obtenir un meilleur poste au New York Times… être invité aux soirées les plus prestigieuses… et voir son nom sur la liste pour un prix Pulitzer.

Mais l’Afghanistan ? 47 245 fois plus de civils innocents ont été tués par des soldats américains dans l’Hindou Kouch que par Derek Chauvin à Minneapolis. Visiblement, cela ne compte pas !

Une escroquerie d’élite

Par ailleurs, la débâcle en Afghanistan était soutenue par les démocrates aussi bien que les républicains.

C’était une escroquerie fomentée par les élites dans leur ensemble, pas seulement les cinglés trumpistes ou les pseudo-« insurgés » qui ont envahi le Capitole le 6 janvier.

Le désastre afghan a été concocté dans les think tank des élites. Il a été dirigé par des experts diplômés faisant partie des élites… provenant d’universités élitistes. Il a été ravitaillé par les corporations des élites… et stimulé par des lobbyistes des élites.

Hillary Clinton (alors secrétaire d’Etat US) et Antony Blinken (actuel secrétaire d’Etat US) se trouvaient dans la Situation Room de la Maison Blanche, à regarder l’écran, lorsque les soldats de la Navy ont tué le dirigeant d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, et les membres de sa famille.

A présent, la vérité sur l’Afghanistan est exposée au grand jour… mais que reste-t-il de caché ?

La vérité sur les déficits budgétaires ? Sur la « loi infrastructures » à 2 000 Mds$… ou le budget à 3 500 Mds$ pour les « infrastructures humaines » ? Sur l’impression monétaire de la Fed ?…

… Ou sur l’inflation ?

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