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Argentine, Biden, inflation, taxe

Lorsqu’il s’agit d’enchaîner les politiques douteuses, l’Argentine est depuis longtemps première de la classe. Brièvement détrônée par les Etats-Unis plus tôt cette année, elle a de nouveau repris la tête récemment…

Nous avons passé ces dernières semaines au pays de la pampa, des gauchos, du tango… Et des politiques budgétaires désastreuses.

Mais au bout du compte, dans la course à l’autodestruction, les Etats-Unis ont dépassé l’Argentine.

Il est dur de trouver un programme médiocre ou une politique idiote que les Argentins n’aient pas déjà tentés… au moins une fois. Par conséquent, dès que Washington imagine un nouveau « plan », il a déjà été testé à Buenos Aires où, bien évidemment, il s’est soldé par un échec.

A la pointe du progrès sur la fiscalité

Mais le mois dernier, le gouvernement américain est passé en tête. Le gouvernement Biden a proposé une « taxe sur les bénéfices exceptionnels ».

L’idée est la suivante : s’il survient quelque chose qui permet aux entreprises de réaliser des bénéfices exceptionnels, il faut leur prendre cet argent.

Les profits ne sont exceptionnels que lorsqu’ils offrent des avantages exceptionnels aux acheteurs.

Quelqu’un qui vend de l’eau, par exemple, peut voir ses profits augmenter au cours d’une sècheresse. Si cela se trouve, il a du mal à être rentable, les années normales… et il compte sur la sècheresse – période où les gens ont réellement besoin de son produit – pour vraiment gagner de l’argent. Sans la survenue « exceptionnelle » d’une année de sècheresse, il pourrait bien mettre la clé sous la porte.

De même, un entrepreneur des pompes funèbres peut considérer chaque cadavre comme un centre de profits. Pour lui, une guerre est une manne « exceptionnelle ». Devrait-on le dissuader de stocker davantage de cercueils et de former plus de préparateurs ?

Les calculs ne sont pas bons

Nous savions que c’était une proposition stupide. Mais désormais, nous en avons la preuve : les Argentins ont proposé la même chose.

Selon le Buenos Aires Times :

« Le gouvernement argentin a annoncé un nouveau bonus pour les travailleurs ayant de faibles revenus, ainsi que pour les retraités, en indiquant qu’il financerait les versements via de nouvelles taxes sur les gains économiques « inattendus » résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

En versant de l’argent aux citoyens les plus pauvres du pays, cela les aidera à faire face à la hausse de l’inflation, a déclaré le ministre de l’économie, Martin Guzman, en indiquant que cette taxe sur les bénéfices exceptionnels deviendrait un bonus destiné à ceux qui en ont le plus besoin.

Le ministre a indiqué que les travailleurs non déclarés et certains autoentrepreneurs recevraient jusqu’à 18 000 pesos répartis en deux versements, et que les retraités recevraient 12 000 pesos en une seule fois.

Les entreprises dont les bénéfices nets imposables annuels sont supérieurs à un milliard de pesos (près de 8,5 M$) contribueraient au financement, et selon Guzman, ce groupe représente « un tout petit pourcentage du réseau d’entreprises du pays ».

Les secteurs économiques qui ont le plus bénéficié de la guerre en Ukraine sont les producteurs et exportateurs de céréales telles que le maïs et le blé. »

« Si vous voulez davantage de quelque chose, subventionnez-le », affirmait Milton Friedman, et « si vous en voulez moins, taxez-le ».

En surprotégeant les personnes sans domicile, on s’aperçoit rapidement que de plus en plus de gens n’ont pas de logement où vivre ! Et si l’on taxe lourdement les entreprises qui fournissent la plus grande quantité de céréales au moment où on en a le plus besoin, cela aura un effet évident, également. A la prochaine crise, il y aura moins de pain.

La taxe furtive

Mais que dire de la « taxe sur l’inflation » ?

L’état dépense délibérément de l’argent qu’il n’a pas sur des projets dont nous n’avons pas besoin, et il comble le trou en « émettant de l’argent ».

Résultat ? Les gens en payent le coût au travers de la hausse des prix et non d’une fiscalité honnête.

Et cette « taxe sur l’inflation » n’a-t-elle pas la même conséquence – plus ou moins – que d’autres formes de fiscalité ? Est-ce qu’elle ne presse pas comme des citrons – et pénalise – tous ceux qui sont taxés ? Est-ce qu’elle ne réduit pas la quantité d’eau disponible une année de sècheresse ?

Mais que taxe, exactement, cette taxe sur l’inflation ?

Actuellement, le taux de la « taxe sur l’inflation » serait d’environ 8%, dit-on, aux Etats-Unis. Mais si vous louez une maison à Miami, vous allez peut-être devoir payer une taxe sur l’inflation supplémentaire de 20 à 50%. La taxe sur l’inflation, lorsque vous achetez une voiture d’occasion, peut atteindre 39%… les voitures se vendant en moyenne plus de 30 000 $. Et lorsque vous faites le plein, le taux de la taxe sur l’inflation appliquée à l’essence est d’environ 40%.

Là où l’inflation passe…

En regardant autour de nous, en Argentine, nous voyons bien ce que la « taxe sur l’inflation » a produit.

Là-bas, l’inflation galope à un taux de 50% par an. Et elle frappe toute l’économie : les revenus, le chiffre d’affaires, les profits et l’épargne. Elle réduit tous les salaires, entame tous les budgets, sape l’intégralité du PIB et la richesse de la société.

La taxe sur l’inflation s’attaque aussi bien au passé qu’à l’avenir. Les gens travaillent toute leur vie, épargnent des milliers de pesos dont la valeur est ensuite divisée par deux chaque année. Et l’investisseur est frileux : il ne va pas construire une nouvelle usine sur des bases financières aussi instables… et qui ressemblent autant à des sables mouvants.

Les maisons sont des abris de fortune, les bâtiments sont souvent en mauvais état. A Buenos Aires, la lumière est souvent coupée. On voit encore des Ford Falcon sur les routes… et des Peugeot datant des années 1980.

Les maçons gagnent 25 $ par jour (s’ils ont de la chance) et pas de l’heure, comme c’est le cas aux Etats-Unis.

Les gens ont de moins en moins de maisons ou de voitures neuves… ils circulent sur des routes non goudronnées… ils attendent des mois avant d’être admis dans les hôpitaux publics.

… Ils doivent même retarder leur mort : les cercueils viennent à manquer.

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