La Chronique Agora

Du S&P 500 au Russell 2000, nouvelle série de records à Wall Street

banques centrales

▪ Bon, Thanksgiving c’est demain et le Black Friday c’est dans 48 heures… alors on arrache tout. Orgie de records à Wall Street, tous les indices au zénith, les PER au taquet et les robots traders à plein régime.

Cette hausse obstinée et rectiligne n’a aucun rapport avec les chiffres publiés aux Etats-Unis, encore moins avec les guidance des entreprises pour les prochains trimestres ?

Aucune importance… La bourse, c’est devenu un jeu vidéo ; il faut « faire péter les scores », déchaîner les l’enthousiasme des médias, en mettre plein la vue aux non-initiés.

C’est peut-être complètement idiot, bullesque à souhait mais c’est la Fed qui régale !

Et ça gronde, et ça fume, le sommet du volcan se dilate sous la pression des liquidités. Toujours plus de magma, toujours plus de gaz… Bienvenue sur le Mont St Yellen !

L’éruption entre dans sa phase active ; les éléments les plus volatils s’échappent en rugissant des conduits chauffés à blanc.

Les valeurs du Nasdaq se sont arrachées de +0,8% à 4 025 points, Apple gagnant 2%. Les midcaps du Russell 2000 se sont littéralement envolées vers la stratosphère — +1% à 1 136 points alors que l’indice boursier le plus large au monde était anticipé stable –, laissant derrière elles un panache de +36% cette année.

Les autres indices historiques se contentent de faire un peu de poussière avec +0,15% sur le S&P 500 et +0,10% sur le Dow Jones… Cependant, la couche de cendres vient de faire prendre quelques centimètres de plus au Mont St Yellen. Il bat chaque jour un nouveau record d’altitude — 43 records en ce qui concerne le Dow Jones, plus de 50 pour le Russell 2000, soit à peu près un tous les trois jours.

▪ L’immobilier mitigé
Le caractère stratégique (totalement intentionnel) de la charge héroïque de mardi soir ne fait pas de doute : aucun lien avec l’actualité macro-économique du jour.

Les indices américains n’ont tout simplement manifesté aucune réaction face à la nouvelle dégradation du moral des ménages américains, à 70,4 contre 71 en octobre (selon l’enquête du Conference Board). Pas davantage de remous lors de la publication des permis de construire de logements.

Ces derniers ont bondi de 6,2% au mois d’octobre (après 5,2% en septembre, soit 13,9% sur un an), pour s’établir à 1 034 000 en rythme annualisé. Cependant obtenir un permis et faire sortir un bâtiment de terre puis trouver un acquéreur, ce n’est pas tout à fait la même chose — comme le démontre d’ailleurs le cinquième recul consécutif des promesses de vente de maisons neuves (-0,6% au mois d’octobre).

▪ L’Europe tout autant déconnectée
Autre preuve que la hausse de Wall Street hier n’était reliée à aucune actualité : la déconnexion entre les indices américains et l’ensemble de leurs homologues européens. Est-ce que les reculs du CAC 40 ou du FT 100 sont davantage reliés à une actualité identifiable ? Rien n’est moins sûr !

Alors que la hausse des indices américains s’accélérait inexorablement après une consolidation initiale, la bourse de Paris a décroché de façon assez surprenante — voire troublante — au cours des ultimes échanges de la séance. Elle a subi un ultime coup de boutoir durant le fixing pour clôturer au plus bas du jour, en repli de 0,57%, ce qui efface l’intégralité des gains de la veille.

Le plus surprenant, ce fut l’explosion des volumes sur le CAC 40. Ils sont passés de 1,605 à près de 2,6 milliards d’euros, soit un milliard d’euros échangés au fixing.

Additionnez toutes les incohérences du jour, cependant, et vous finissez par obtenir un scénario qui tient la route.

Notre explication est peut-être un peu simpliste mais elle fonctionne et s’appuie sur de nombreux précédents. Nous sommes d’avis que les manipulateurs d’indices ont liquidé à la dernière minute les valeurs libellées en euro et en livre sterling pour se constituer un plus gros stock de munitions — cela afin de se ménager 100% de chances d’obtenir 100% de nouveaux records sur l’ensemble des indices américains.

Mission accomplie : ils ont tous pulvérisé des plus hauts absolus.

Le Mont St Helen avait battu ses records de volume et d’altitude lorsqu’il explosa. Peut-il en aller autrement du Mont St Yellen ?

Un bon conseil : si vous tenez à continuer de danser au pied du volcan, optez pour une distance de sécurité de 50 kilomètres.

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