▪ La tendance boursière est à la hausse… ou à la baisse. Personne ne peut le dire.
Nous ne sommes pas un joueur. Nous sommes donc sorti des actions américaines… et notre pavillon d’Alerte au Krach reste hissé… Non parce que nous pensons que les actions vont baisser mais parce que nous pensons qu’il y a plus de risque à la baisse.
Ceci dit, les autorités américaines ont sorti environ 3 000 milliards de dollars de liquidités et 23 000 milliards de garanties de crédit ces cinq dernières années. Il faut bien que l’argent aille quelque part, n’est-ce pas ?
Ne vous donnez pas la peine de le chercher dans les quartiers défavorisés américains. Les salaires horaires ne sont pas plus élevés… et moins de gens (en pourcentage de la main-d’oeuvre) ont d’emploi que jamais aux Etats-Unis.
Les revenus des ménages sont en fait plus bas, de sorte que vous ne trouverez pas l’argent sous les coussins des canapés de la classe moyenne non plus.
L’immobilier ? Il est toujours substantiellement moins cher.
Seules les actions ont grimpé. Par rapport à son plancher, le marché boursier a engrangé plus de 5 000 milliards de dollars de valeur papier. Il y a un parallèle assez net entre les graphiques des cours boursiers et de l’assouplissement quantitatif. On peut donc raisonnablement croire que la Fed continuera à faire grimper les cours des actions — au taux d’environ 85 milliards de dollars par mois… 1 000 milliards par an.
Nous pourrions même avancer qu’en revenant sur ses propres annonces, la Fed s’est embarquée dans une nouvelle étape d’injection monétaire. Et que les investisseurs pourraient désormais anticiper des milliers de milliards de dollars supplémentaires d’achats d’actions.
John Hussman :
"[…] les investisseurs pourraient prendre cette décision comme une preuve que le FOMC a placé une sorte de ‘filet de sécurité’ sous le marché… et que la surprenante extension de ses politiques actuelles pourrait déclencher une ‘explosion’ spéculative à court terme"…
▪ Explosion et effondrement
Nous ne le nions pas. Dans de telles conditions, les haussiers pourraient avoir raison. Ils pourraient parier sur une "explosion", avec des cours boursiers bien plus élevés. Ils pourraient gagner de l’argent.
Si vous vous sentez d’humeur, cher lecteur, tentez votre chance. Achetez des options call sur les marchés US. Qui sait ? Ils pourraient rapporter gros.
Un avertissement : les joueurs doivent savoir quand passer leur tour… et quand quitter la table.
Parier sur une "explosion" boursière revient à parier que 1) l’économie ne se remet pas vraiment, 2) la Fed ne peut/veut pas réduire son assouplissement quantitatif, 3) sans véritable reprise, le cash est consacré à la spéculation et 4) le marché spéculatif le plus probable est celui des actions.
Ce n’est pas un mauvais pari. "Tant que la musique joue, il faut danser", a dit Chuck Prince. C’est risqué, cependant. Parce que personne ne brandira de pancarte pour annoncer la fin de partie. Au contraire — à mesure que la fin approche, la fête devient de plus en plus folle.
Ah oui, cher lecteur, la tâche n’est pas facile. Plus on s’approche du désastre, plus il est difficile de partir. Juste avant que l’"explosion" se transforme en "effondrement", les actions grimpent généralement en ligne droite. Qui veut arrêter dans ces moments-là ? Ensuite, quand les lumières s’éteignent, tout le monde se rue vers la sortie. Mais il est trop tard. Les corps s’accumulent aux portes. Il est impossible de sortir.
Bien entendu, il en va de même pour toute l’intervention de la Fed. Plus la banque centrale intervient, plus l’économie devient dépendante, et plus il est difficile de sortir. Ils disent qu’ils commenceront à réduire quand les statistiques s’amélioreront… mais dès qu’ils font mine de sortir, les chiffres s’effondrent.
Dans ce sens aussi, les haussiers ont bien compris la dernière annonce de la Fed. Cette dernière devra boire le calice jusqu’à la lie. Elle nourrira les marchés avec plus de cash et de crédit. Ensuite, elle se rendra compte qu’il est impossible de reculer. Elle continuera… jusqu’à ce que se produise un effondrement des prix des actions.
Les haussiers ne réalisent pas qu’ils sont soumis au même phénomène : quand on joue la hausse, il est difficile de s’arrêter. On ne quitte pas comme ça des gains de 100% par an. Les haussiers restent donc à la table… jusqu’à la fin — de l’explosion à l’effondrement.
Il y a un meilleur moyen de jouer cette situation : l’anti-pari. A suivre…