La Chronique Agora

La solution de la Fed

Fed, inflation, dette

La banque centrale américaine n’a que deux options : encore plus accentuer l’inflation… ou la mort des zombies.

Larry Summers, ex-secrétaire d’Etat américain au Trésor, a pris des risques. Fox News rapporte :

« L’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers affirme qu’un ‘ralentissement de l’économie est presque certain’.

Larry Summers, ex-secrétaire au Trésor américain sous la présidence de Bill Clinton, et conseiller économique du président Barack Obama à la Maison-Blanche, a prédit que l’économie allait connaître un ‘ralentissement’ dans les mois à venir, à mesure que la Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation. »

Note à Larry : c’est l’idée.

A trois reprises depuis le début du siècle, M. le Marché a tenté de corriger les absurdités et les distorsions causées par la Fed. En 2000, avec le crash du Nasdaq. En 2008, lorsque l’effondrement du financement hypothécaire a provoqué une crise à Wall Street. Puis, à nouveau, en 2020, lorsque les autorités ont paniqué et ont mis à l’arrêt l’économie pour empêcher les gens de tomber malades.

A chaque fois, M. Fed a repoussé la tentative avec plus d’argent et de dette. La Fed a refusé de permettre une correction. Les entreprises zombies qui auraient dû faire faillite ont été maintenues en vie avec de faibles taux d’intérêt. Les investissements zombies qui auraient dû être anéantis ont été autorisés à se refinancer à des taux encore plus bas. Et les zombies gouvernementaux eux-mêmes, les poches aussi vides que leurs têtes, ont reçu des milliers de milliards de dollars supplémentaires à dépenser comme bon leur semblait.

Puis, au début de 2022, la fête a pris fin. Le « ralentissement de l’économie » est devenu réel. Pour la première fois en 40 ans, la chasse aux zombies est ouverte.

90 000 milliards de raisons

C’est soit encore plus d’inflation, soit… les zombies devront mourir. En ce moment, la campagne de la Fed pour augmenter le coût des emprunts signe la mort des zombies. Mais elle rend la vie au dollar ; elle a fait du dollar la monnaie la plus forte du monde. Et c’est pourquoi la meilleure chose que vous auriez pu faire avec votre argent depuis le début de l’année était simplement d’avoir des dollars et de les conserver.

Mais en protégeant le dollar, la Fed protège également la valeur de 90 000 Mds$ de dette américaine. Sur ce total, 30 000 milliards sont des dettes du gouvernement américain, dont les autorités fédérales veulent désespérément se débarrasser. Et la question que nous nous sommes posés hier était la suivante : comment vont-elles s’y prendre ?

Elles ne peuvent pas la payer – surtout pas avec des taux d’intérêt plus élevés. Les taux plus élevés réduisent considérablement leur marge de manœuvre.

Avant, elles pouvaient dépenser autant qu’elles le voulaient… en étant sûres que la Fed « imprimerait » suffisamment pour les suivre. Elles émettaient simplement une obligation, que la Fed achetait avec des liquidités qu’elle avait créées spécialement à cet effet. Et, comme les taux d’intérêt baissaient, leurs coûts de détention ont en fait diminué alors que leur dette augmentait.

Maintenant… tout cela a changé. Il est maintenant temps pour M. Fed d’être à nouveau un héros.

La Fed a prétendu avoir sauvé l’économie en 2008. Elle a l’intention de le faire à nouveau… cette fois, non pas en relançant l’économie… mais en la dégonflant.

Cependant, l’histoire de la Fed en tant que héros ne montre pas toute la vérité.

On oublie la longue période durant laquelle la méchante Fed a transféré des milliers de milliards de dollars aux personnes les plus riches et les plus puissantes du pays, favorisant donc les décideurs du pays avec des taux d’intérêt anormalement bas. On oublie également les nombreuses années pendant lesquelles l’incompétente Fed n’a pas noté que la dette du pays atteignait 90 000 Mds$… et que l’inflation rampait sur son flanc.

On oublie aussi l’ignorance de la Fed, qui pensait que l’inflation prendrait fin avant même d’avoir commencé… et la vanité monumentale de l’ancien chef de la Fed, Ben Bernanke, qui a essayé de présenter le phénomène lâche d’impression monétaire comme « le courage d’agir »… et sur l’imbécillité préternaturelle de son ancienne chef – qui dirige maintenant le Trésor américain – Mme Janet Yellen :

« Pourrai-je dire qu’il n’y aura plus jamais de crise financière ? » s’était-elle interrogée en 2017.

« … Je pense effectivement que nous sommes beaucoup plus prudents, et j’espère que cela n’arrivera pas de notre vivant. Mais je ne crois pas que ce sera le cas », avait-elle alors conclu.

Depuis lors, il y a eu deux crises financières. Et elle est toujours en vie.

A quand l’apocalypse ?

Mais nous avons mis tout cela derrière nous… laissons le passé au passé… Maintenant, si nous pouvons y croire, cette bande de frères et sœurs d’armes est tout ce qui nous protège de l’apocalypse. Soit la Fed écrase l’inflation… soit elle nous écrase.

Le chef de file de la Fed a été réincarné en Paul Volcker ; il va écraser l’inflation des deux pieds.

Ce qui reste à voir, c’est comment notre héros va résoudre l’apparente contradiction de l’intrigue. Il sert au gré du gouvernement américain… qui est contrôlé par l’élite.

S’il applique son programme et « normalise » le prix des actifs, les 10% les plus riches du pays – l’élite – perdront jusqu’à 50 000 Mds$ en actions, obligations et biens immobiliers. Le Congrès, lui aussi, sera dans un sacré pétrin, avec 30 000 Mds$ de dette et – à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés – aucun moyen de la refinancer. Il sera incapable de continuer à emprunter et à dépenser au rythme actuel. Horreur… il pourrait même être contraint d’équilibrer son budget.

L’inflation détruit l’économie… punit les consommateurs… et déstabilise le gouvernement et la société civile. Une inflation galopante est toujours une chose terrible à subir pour une nation. Elle doit être stoppée aussi vite que possible.

Mais, si vous devez 30 000 Mds$… et que vous ne pouvez pas les rembourser…

…vous pourriez voir les choses différemment. Vous pourriez penser que, par exemple, l’inflation n’est pas une si mauvaise chose que ça après tout.

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