Alors qu’il dérive sur une mer de bouleversements et de bizarreries, le soleil commence à se coucher sur l’Occident…
« Le pape, combien de divisions ? »
~ Joseph Staline
L’un des derniers sondages de Gallup nous apprend que l’une des institutions dans laquelle les Américains ont le plus confiance est en train de perdre en popularité. Comme le détaille le site Responsiblestatecraft.org :
« La gauche affirme que le racisme et d’autres formes d’intolérance dans les rangs ont détourné les Américains de l’armée ; la droite explique que les politiques ‘woke’ sont à la racine d’une aliénation croissante. Peut-être que la culture est en effet responsable de la chute de 25% des recrutements, mais mieux vaut se méfier des récits partisans qui paraissent parler pour tout le monde et expliquer des tendances si facilement. Rien n’est jamais si simple. »
Non. Pas si simple. La droite pense supposément que l’armée est trop woke. La gauche pense supposément qu’elle ne l’est pas assez. Mais est-ce que la vraie raison pour laquelle les Américains ont perdu confiance dans le Pentagone ne serait pas toute autre ? Et s’ils étaient en train de perdre confiance dans le Congrès… la Maison-Blanche… les deux partis politiques… et la Cour suprême… et dans toute l’affaire ?
Eux, l’élite
Et si « le Peuple » était en train de se rendre compte de quelque chose ? Et s’ils réalisaient que l’armée travaille pour l’élite… et que les décideurs de l’élite travaillent pour eux-mêmes, pas pour « le Peuple » ?
Pourquoi devons-nous avoir 32 000 Mds$ de dette publique ? Pourquoi les autorités fédérales continuent d’en ajouter toujours plus ?
Voici Bloomberg :
« Le département du Trésor a augmenté ses estimations d’emprunt net pour le trimestre de juillet à septembre à 1 000 Mds$, bien au-delà des 733 Mds$ qu’il avait annoncé en mai. »
Un millier de milliards de dollars en seulement trois mois. Et chaque centime sera payé – d’une manière ou d’un autre – par « le Peuple ». En guerres, en arnaques et en programmes farfelus – mais pourquoi y en a-t-il autant ?
Et oui, les raisons superficielles qui expliquent tout cela sont évidentes : cela paye pour les décideurs. Bloomberg une fois de plus :
« Lockheed a récolté 2,3 Mds$ jusqu’à présent en réapprovisionnant le Pentagone.
Avec ses efforts pour reconstituer des réserves d’armes américaines diminuées, le Pentagone a déjà engagé près de 2,3 Mds$ d’un total potentiel de 6 Mds$ à destination de Lockheed Martin Corp., le premier fabriquant de munitions du genre que les Etats-Unis ont fourni à l’Ukraine dans son combat contre l’invasion russe, d’après de nouvelles données du département de la Défense. »
Des hommes inégaux
Mais au milieu de cette mer de bouleversements et de bizarreries… il y a des courants plus profonds. « Mégapolitique » est le terme trouvé par nos amis, James Davidson et Lord Rees Mogg, pour les décrire. Largement invisibles, rarement compris, et impossibles à contredire, ils nous entraînent comme des bouteilles en plastique par les flux de la marée.
« Tous les hommes sont créés égaux » est une idée. Les 375 guerriers zoulous tués durant la bataille de Rorke’s Drift sont un fait. Et derrière ce fait est un autre : la poignée de soldats britanniques qui les ont tués avaient des fusils. Les Zoulous avaient des lances. Pendant des centaines d’années, la relation de pouvoir était si inégale que les Européens ont été capables de coloniser une grande partie du monde… alors qu’aucun Africain, Asiatique, ou les Amérindiens du Sud comme du Nord, n’ont colonisé la moindre région d’Europe.
Voilà la mégapolitique. Ce que quiconque pensait n’importait pas ; les Zoulous étaient juste démunis militairement. Au final, ce sont les faits qui importent. Les idées sont comment nous expliquons, justifions et nous méprenons sur les faits.
Ce qui nous amène au dernier rebondissement dans l’histoire de la Révolution industrielle, et à la dernière croisade des décideurs ; ils veulent éliminer les combustibles fossiles.
C’est le charbon qui a donné aux Britanniques un avantage décisif à Rorke’s Drift. Le charbon… et, plus tard, le pétrole et le gaz naturel… alimentaient les fourneaux qui produisaient de l’acier. L’acier était transformé en navires qui transportaient des soldats en Afrique… les moteurs qui faisaient avancer ces navires… et les armes qu’ils utilisèrent pour tuer des Zoulous.
L’arrivée des machines
Votre humble correspondant a personnellement apporté la Révolution industrielle dans la vallée de Calchaqui, en Argentine. Quand nous sommes arrivés sur place, il n’y avait aucun tracteur ou machine moderne utilisée sur la ferme. Les cowboys se déplaçaient à cheval. Un percheron vieillissant traînait un râteau à foin. Une mule tirait une charrue à une seule lame.
En moins de 10 ans, tout cela a changé. Des tracteurs, camions et une pelleteuse font désormais le travail le plus difficile. Les salariés du ranch se déplacent en motos et pick-ups.
La production a explosé d’un coup. Et puis c’était fini. Nous pourrions augmenter la productivité, peut-être, avec de nouvelles machines, plus de produits chimiques, d’engrais et de meilleures graines – mais probablement pas de beaucoup.
En Europe et dans l’Occident d’aujourd’hui, la Révolution industrielle est finie. Les taux de croissance diminuent depuis un demi-siècle. Les taux de natalité sont en chute. Les populations déclinent. Notre utilisation des combustibles fossile diminue. Les dettes s’empilent ; les revenus ne suivent plus les dépenses.
Et maintenant, les Zoulous ont des fusils automatiques eux aussi. Les BRICS sont devenus plus indépendants, plus puissants. Le « Sud global » (qui, un peu paradoxalement, inclut l’Inde et la Chine, toutes deux dans l’hémisphère nord) va bientôt produire la majorité des voitures, navires et fusils du monde.
Pendant ce temps, en Occident, les progrès de la Révolution industrielle, s’il y en a encore, sont marginaux… pas révolutionnaires… et, souvent, illusoires.
Aujourd’hui, nous avons tous les moteurs à combustion que nous pouvons utiliser. Nous pourrions en obtenir de nouveaux, meilleurs, mais ils n’augmenteront que marginalement notre production.
C’est dans ce sol fertile… la diminution de l’utilité marginale des combustibles fossiles… qu’une nouvelle idée a pris racine : que le charbon, le gaz naturel et le pétrole sont néfastes.