La Chronique Agora

Significatif, l'or à 1 000 $ ? (1)

Par Adrian Ash (*)

Dans le brouhaha qui régnait lorsque l’or a passé la barre des 1 000 $/once, un autre seuil a été franchi, dans ce marché haussier de neuf ans — et il est passé parfaitement inaperçu.

Comme la clinquante barre des 1 000 $, ce niveau offre un joli chiffre rond que les medias pourront mettre en avant. Il arrive même avec un zéro en plus.

Mais ce niveau pourrait se révéler bien plus important que les 1 000 $/once — et pour bien plus de gens — parce qu’il montre à quel point la tendance haussière des cours de l’or a été solide et forte jusqu’à ce jour. Historiquement, il souligne les tendances sous-jacentes à la fois de la faiblesse du dollar et de la vigueur du métal jaune.

Le problème, c’est que ce niveau du prix de l’or s’exprime selon une devise morte et enterrée. Il parle donc aux générations passées, plutôt que de crier plus fort que les bavardages de court terme des commentateurs.

Murmurant de sa voix de papier réduit en cendre, il déclare que les devises vont et viennent, mais que le métal ne peut rester éternellement enterré…

Le vieux cheval de guerre du glorieux passé de lutte contre l’inflation de l’Allemagne, le deutschmark, a finalement été envoyé à l’abattoir le jour de l’an 2002.

C’est le jour où l’Allemagne — avec les 11 autres pays de l’Eurozone — a finalement échangé sa devise contre l’euro. Les nouveaux billets et pièces pan-continentaux devaient être utilisés pour les transactions en liquide et le règlement des dettes, tandis que le mot "DM" était effacé des enseignes des boutiques, et que les billets eux-mêmes terminaient dans la fournaise.

Le nouvel euro renaîtrait de ces cendres et apporterait une stabilité à l’allemande aux 300 millions de citoyens de cette union monétaire. Tel était le plan, en tout cas.

A présent, Jean-Claude Trichet, président actuel de la Banque centrale européenne, avertit que l’inflation de la Zone euro demeurera "sensiblement" supérieur à 2,0% durant le reste de l’année 2008. Si l’on suit le prix de l’or à partir de 1999 en deutschmarks, on s’aperçoit que le prix de l’or, un indicateur avancé de l’inflation à venir, est du même avis.

Demandez à n’importe quel analyste armé d’un crayon HB et d’une règle incassable. De retour à 40 000 DM/kilo, le cours de l’or a touché une résistance de très long terme. En fait, depuis le 21 février, l’or a enregistré au second fixing de Londres des prix équivalents à 40 000 DM ou plus à dix reprises.

A l’époque du fixing de Francfort, l’or n’a réussi cet exploit que 15 fois. Et si l’on pense que l’évolution du marché de l’or à ce jour ce mois-ci a été frénétique, il vaut la peine de s’intéresser aux violents soubresauts enregistrés au début des années 80.

Durant la panique inflationniste mondiale déclenchée par la deuxième crise pétrolière de l’OPEP, la crise des otages iraniens puis l’invasion soviétique de l’Afghanistan, fin janvier 1980, le prix de l’or en deutschmarks a doublé en moins de quatre mois.

Il a ensuite perdu 23% de sa valeur, pour les investisseurs ouest-allemands, en deux jours !

Fusant encore plus haut, le prix de l’or a récupéré le niveau des 40 000 DM à la fin septembre 1980 — durant cinq jours seulement. L’or a ensuite re-touché ce niveau une fois de plus durant deux séances au cours de l’hiver suivant, redescendant de ce sommet de 40 000 DM/kg le 3 février 1983.

Il a fallu près d’un quart de siècle supplémentaire pour y revenir. Entre temps, l’or a perdu de sa valeur quasiment tous les ans — jusqu’à ce que l’accord aurifère entre les banques centrales dépasse les ventes d’or gouvernementales à la mi-1999. Le métal monétaire a ensuite grimpé doucement jusqu’au début 2005, avant de s’échapper et de doubler, pour revenir aux 40 000 DM à la fin du mois dernier.

La suite dès demain…

Meilleures salutations,

Adrian Ash
Pour la Chronique Agora

(*) Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d’acheter et d’investir dans l’or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications — l’homologue britannique des Publications Agora — il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d’investissement. Les points de vue d’Adrian sur le marché de l’or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.

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