La Chronique Agora

Si Greenspan est pour, nous sommes contre

** "Greenspan approuve la nationalisation", titre un journal.

* Eh bien, voilà qui règle la question, à la Chronique Agora. Si Greenspan est pour, nous sommes contre. Personne n’est plus responsable qu’Alan Greenspan de la crise financière mondiale actuelle et de la dépression qui s’annonce.

* Le travail de la Fed, c’est d’enlever le bol à punch lorsque la fête devient trop folle, disait l’ancien président de la Fed William McChesney Martin. Greenspan n’a rien fait de tel. Dès que la soirée a commencé à se calmer et que les gens se sont mis à chercher leurs clés de voiture, Greenspan a rajouté du rhum et a monté le son. Lorsque les policiers du crédit sont enfin intervenus, les gens dansaient sur les tables partout dans le monde.

* Et maintenant, le pauvre M. Obama doit soigner les maux de tête.

* Le Dow s’est remis, cette semaine — mais il triche un peu. On en retire régulièrement les actions prises de faiblesse. Dans le cas présent, des actions financières sont passées sous les 10 $ et ont disparu de l’indice. Par conséquent, l’indice ne mesure pas les véritables résultats.

* Le dollar continue de grignoter du terrain. Et l’or était à 980 $ au second fixing de Londres hier.

* L’or semble un peu surmené. Il est peut-être prêt pour un nouveau recul. Le marché haussier de l’or, en revanche, ne terminera probablement pas de sitôt.

** Ce qu’il y a de bizarre, c’est que pendant que l’or grimpe, le dollar fait de même. Ainsi que les bons du Trésor US. On dirait que les investisseurs n’arrivent pas à se décider. Ils font grimper en même temps les prix des T-Bonds… et les prix des anti-T-Bonds. Que se passe-t-il ?

* Le côté droit de leur cerveau leur indique que les bons du Trésor US sont le seul endroit où l’on puisse mettre son argent avec l’assurance de le récupérer. Les actions sont un désastre. Les obligations — à l’exception des T-Bonds — sont trop risquées ; même l’Angleterre pourrait faire faillite ! Les matières premières ? On a vu ce qui pouvait se passer dans ce domaine… il suffit de voir le pétrole ! Même l’or pourrait facilement perdre 20%. Voilà pourquoi les bons du Trésor US sont l’endroit où il faut être.

* Mais attendez… le côté gauche du cerveau envoie un message lui aussi. Achetez de l’or, dit-il ; il y a quelque chose de pourri au royaume du marché obligataire US. Comment est-il possible que les autorités puissent emprunter des milliers de milliards de dollars sans faire grimper les taux d’intérêt ? Comment peuvent-elles tant augmenter la quantité d’une chose… sans en diminuer la qualité ? Où est le point de rendement décroissant ?

* Une question mène à une autre : comment vont-elles rembourser cet argent ? demande le côté gauche.

* Plus le côté gauche réfléchit, moins il comprend ce qui se passe. Voyons voir… le plus grand dépensier de la planète émet des milliers de milliards de reconnaissances de dettes… sans moyen visible de rembourser l’argent…

* … Ce même dépensier a le droit de rembourser ses dettes avec encore plus de dettes qu’il imprime lui-même…

* … et il VEUT diminuer la valeur de ses reconnaissances de dette… pour que les gens ne les gardent pas. Il veut que les gens dépensent ces reconnaissances en biens et services… aussi vite que possible… pour que "l’économie recommence à avancer".

* Qu’est-ce que j’ai mal compris ? demande le côté gauche du cerveau à personne en particulier.

** "Le reste du monde a fait la queue pour prêter aux Etats-Unis autant d’argent qu’ils voulaient en emprunter pour que leurs consommateurs recommencent à dépenser", écrit Spengler dans le Asia Times. "Ca ne fonctionnera pas, mais c’est une autre histoire"…

* Spengler est intelligent. Malheureusement, bon nombre de ses pensées ne sont pas dignes d’un homme sensé.

"Un monde craintif achète des milliers de milliards de titres du Trésor US", continue-t-il. "De tous les cash flows de la planète, rien n’est plus fiable que les recettes fiscales de l’Etat américain, le gouvernement le plus durable de la Terre, régnant sur la plus grande économie au monde".

* Oui, et General Motors était le constructeur automobile le plus prospère au monde — jusqu’à ce qu’il ne le soit plus. Le monde craintif achète des T-Bonds, mais pas parce que les recettes fiscales des Etats-Unis sont si fiables ; il en achète parce que les Etats-Unis sont le seul débiteur substantiel au monde pouvant rembourser ses dettes avec de la devise qu’il fabrique lui-même. Les revenus fiscaux chutent à pic, aux Etats-Unis. Ils sont déjà bien loin de la somme nécessaire pour couvrir les dépenses publiques américaines. Voilà pourquoi les administrations tant républicaines que démocrates ont accumulé des déficits — des déficits réels — depuis l’administration Nixon. Et c’est pour cela aussi que les Etats-Unis sont désormais la plus grande arnaque en pyramide au monde. Le seul moyen de rembourser les anciens prêteurs est d’en faire venir de nouveaux — ou de faire marcher la planche à billets. C’est tout ce dont les prêteurs ont à se soucier — l’inflation. Pour l’instant, les prix baissent. Ils continueront à baisser — jusqu’à ce qu’ils se mettent à grimper.

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