La Chronique Agora

Et si nous avions tort ?

Maintenant que la Fed a « pivoté », le bon vieux temps est-il de retour ?

Dans cette chronique, nous explorons les courants plus profonds de l’Histoire – invisibles… non répertoriés… incompris…

Au milieu du bruit et des distractions de la « politique », qui ose parler des faces cachées – ou autrement dit, de la mégapolitique – des décisions de politique publique ?

Pourquoi les Etats-Unis préfèrent-ils des taux d’intérêt bas à des taux élevés ? Pourquoi préfèrent-ils les déficits aux excédents ? Pourquoi ont-ils abandonné leur discipline fructueuse (pendant 18 décennies) axée sur un dollar garanti par l’or, en faveur d’une monnaie « papier » sans valeur ?

Pourquoi les Etats-Unis ont-ils déclenché des guerres inutiles en Irak et en Afghanistan […] ? Et maintenant, pourquoi le gouvernement américain soutient-il Israël… et pas la Palestine ? Pourquoi soutient-il l’Ukraine… et pas la Russie ?

Vous me direz que le pays cherche à faire ce qui est « juste », mais comment sait-il ce qui est juste ?

Une préoccupation plus pressante

Nous reviendrons demain sur ces questions épineuses.

Aujourd’hui, nous allons aborder une question plus urgente en matière d’investissement. Car nos chers lecteurs doivent se poser la même question que nous : et si nous avions tort ?

La tendance primaire s’est inversée… du moins, c’est ce que nous pensons…  et elle s’est inversée en deux temps. Tout d’abord, les obligations ont atteint leur pic en juillet 2020. Ensuite, les actions ont ont fait de même à la fin de l’année suivante. Nous avons exhorté les investisseurs à activer le mode « sécurité maximale » (MSM), dans l’attente d’une crise.

La déflation était la menace immédiate, et non l’inflation. Nous pensions que la hausse des taux d’intérêt entraînerait des problèmes de financement. Il fallait s’attendre à la chute d’un autre domino – par exemple, une grande entreprise incapable de payer ses factures… une vente aux enchères de titres d’Etat sans appel d’offres… un krach boursier à évolution rapide.

Nous pensions que cette crise provoquerait la panique de la Fed, qu’elle « pivoterait », abaissant son taux directeur, tout en laissant filer l’inflation.

Mais que s’est-il passé ?

Jusqu’à présent, le marché obligataire s’est comporté comme prévu, avec la plus forte chute des prix des obligations (ainsi que la plus forte augmentation des rendements) jamais observée. Lorsque la Fed a commencé à relever ses taux, en février 2022, son taux directeur était en fait inférieur de plus de 5% à zéro. Aujourd’hui, il est supérieur de plus de 5% à zéro en termes nominaux… et corrigé de l’inflation (selon la mesure utilisée), il est positif d’environ 1 ou 2%.

Le rendement du Trésor à 10 ans, en moyenne jusqu’en 2020, était inférieur à 1%. Aujourd’hui, il est quatre fois plus élevé. Les taux d’intérêt ont baissé récemment. Mais ils ne se sont pas approchés des niveaux historiquement bas de 2020. Les taux d’inflation ont également baissé, comme prévu. 

Les bons vieux jours

Les actions se sont comportées plus ou moins comme nous le pensions.

Le marché s’est effondré en 2022. Ensuite, après avoir perdu près de 8 000 points, le Dow Jones s’est stabilisé en septembre de l’année dernière. Puis, sans raison apparente, il s’est redressé, sous l’impulsion d’une performance délirante des grandes entreprises technologiques, et notamment d’un enthousiasme comparable à celui d’une bulle pour l’intelligence artificielle.

Et la semaine dernière – sans crier gare… sans avoir été provoquée… –, la Fed a semblé « pivoter ». Pas de crise. Pas de panique. Et pourtant, aucune raison réelle d’abandonner la lutte contre l’inflation ; après tout, l’inflation de base est toujours environ deux fois supérieure à l’objectif de 2% de la Fed.

S’agissait-il d’une « erreur de pivot », comme nous l’avons suggéré ? Ou bien la Fed a-t-elle essayé d’aider l’équipe Biden à se faire réélire, en distribuant au système des cadeaux pour les fêtes ? Nous n’en savons rien. Mais les investisseurs pensent que le bon vieux temps est de retour. Voici ce qu’en dit Markets Insider :

« Le marché haussier à long terme est bel et bien vivant ; le Dow Jones a atteint un niveau record cette semaine.

Le marché boursier américain est dans un marché haussier séculaire depuis 2013, lorsqu’il était sorti d’une fourchette de consolidation latérale de 13 ans qui avait commencé au sommet de la bulle Internet de 2000. »

La hausse à long terme du Dow Jones est visible dans son graphique, qui souligne que l’indice est généralement marqué par de longues périodes de consolidation latérale, qui sont ensuite suivies par des ruptures à long terme vers le haut. La société s’attend donc à ce que la tendance haussière à long terme des actions se poursuive.

Un pivot faible

Que se passe-t-il ? Le creux de septembre 2022 n’était-il qu’une nouvelle occasion de faire le plein d’actions peu chères ? Le marché haussier qui a débuté en août 1980 est-il toujours intact ? Avec un sommet encore plus élevé à venir ?

Qui sait ! Mais il faut se garder de tirer des conclusions trop hâtives. Si les actions sont en hausse, elles restent inférieures aux sommets atteints il y a deux ans, lorsque l’on considère leur valeur en or, ou corrigée de l’inflation.

Les taux d’inflation plus faibles que nous observons actuellement ne signifient pas que la Fed a gagné son combat contre la hausse des prix. Les prix à la consommation continuent d’augmenter, mais moins rapidement. Si l’inflation diminue, c’est probablement en grande partie parce que l’économie ralentit, et non parce qu’elle reprend des couleurs.

Nous maintenons nos prévisions. Tout ce dont nous avons pu témoigner jusqu’à présent, c’est d’un « faible pivot ». Pas de crise majeure. Pas de changement décisif vers des taux d’intérêt plus bas et une inflation plus élevée.

Est-il temps de renoncer à nos liquidités ? Le moment est-il venu de désactiver le mode « sécurité maximale » ?

Où mettriez-vous votre argent ? Dans les actions, alors qu’elles atteignent des sommets inégalés ? Dans les obligations, alors que les Etats-Unis enregistrent le plus gros déficit mensuel de leur Histoire ?

Non, nous n’abandonnerons pas notre mode de sécurité maximale. Pas encore.

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