La semaine qui vient de s’écouler a offert de nouveaux et lamentables spectacles où le service public à la française s’échoue comme une baleine à l’agonie sur une plage de galets. Une baleine qui coûte – et coûtera – de plus en plus cher, mais qui sera aussi de plus en plus au service d’une caste bien décidée à saigner la bête jusqu’au bout.
Devant près de 30 millions de téléspectateurs, Emmanuel Macron a annoncé, il y a dix jours, un retour au confinement sur l’ensemble du territoire et une fermeture des écoles pour trois semaines.
Beaucoup de Français ont eu l’impression de vivre un remake du mois de mars 2020 où, brutalement, tout s’est arrêté pendant deux mois. Une différence sépare cependant les deux mêmes décisions de confiner : en 2020, le virus nous a (presque) pris par surprise. En 2021, nous savions à quoi nous en tenir.
Naufrage du service public à la française
L’an dernier, le confinement est intervenu face au raz-de-marée qui envahissait les services de réanimation dans les hôpitaux publics. Les écoles ont fermé et… le système informatique de l’Education nationale est tombé en panne, rendant compliquée la transition vers l’école à distance.
Un an plus tard, malgré des déclarations anxiogènes quasi-quotidiennes de certains médecins demandant un confinement permanent, les mêmes scènes se reproduisent : les services de réanimation se disent débordés, et l’informatique de l’Education Nationale tombe en panne à cause d’un excès de connexions.
Pourquoi les échecs qui pouvaient s’expliquer par l’effet de surprise il y a un an se reproduisent-ils fidèlement alors que la situation est tout sauf surprenante et inattendue ?
Probablement parce que le service public à la française est en situation de faillite, à force d’être centralisé par une caste de hauts fonctionnaires qui se croient très compétents, tout permis, mais qui sont dépassés par leur mission et par les évolutions technologiques du monde contemporain.
De ce point de vue, le naufrage de l’Education nationale est emblématique : tant de cerveaux réunis pour produire une machine aussi incapable d’intégrer le fonctionnement d’internet, ça pose problème.
Une caste de hauts fonctionnaires qui vous met à son service
Le problème majeur du service public aujourd’hui tient précisément à sa mise en coupe réglée par une caste de hauts fonctionnaires qui considère que le contribuable est à son service. Tous ces gens arrogants se pensent comme des sauveurs pour le pays, alors qu’ils en sont seulement les prédateurs.
Cette inversion des valeurs (se penser comme maître là où l’on est simplement employé) explique le délitement du service public. L’exemple de l’Education nationale est là encore typique.
Comme l’indique la situation mensuelle du budget de l’Etat en 2020, le seul enseignement scolaire (hors université) a coûté aux contribuables 74 Mds€ !
Voici la somme des dépenses répertoriées sur ce seul poste :
C’est l’avant-dernière colonne qui donne le montant des paiements réellement effectués en 2020. La dernière colonne compare les chiffres de 2019. Concrètement, les crédits ont encore augmenté en 2019, alors que le pays était en récession.
Ce manque de solidarité du service public n’a manifestement pas servi à améliorer les prestations et la qualité générale du service.
On notera que les services administratifs (qualifiés de « soutien ») de cette énorme machine centralisée coûtent officiellement 2,2 Mds€. Il est probable que, dans la pratique, ce chiffre soit bien supérieur.
Manifestement, ces services, qui représentent 3% de la dépense globale de l’Etat en matière d’enseignement scolaire, n’ont pas beaucoup anticipé les besoins du contribuable, et surtout de l’usager du service public éducatif qu’est l’enfant « apprenant ».
En revanche, tous ces braves gens trouvent normal que leur rémunération continue à être versée normalement grâce aux contributions obligatoires de citoyens qui sont sommés de payer autant d’impôts qu’avant, même quand la crise frappe durement.
Les impôts augmenteront
L’illusion serait de croire que la stabilité des prélèvements obligatoires va durer. Les ratés du service public ne déboucheront pas sur une analyse froide et objective de leur cause. Les élites administratives s’y opposeront car elles voudront sauver leurs privilèges. La rengaine du « il faut plus de moyens » ne va pas tarder à revenir comme solution à tous nos problèmes.
Plus de moyens, cela signifie, bien entendu, plus de recettes fiscales pour l’Etat, c’est-à-dire plus d’impôts pour vous. Et plus de rémunérations pour eux.
Attendez-vous donc à une hausse d’impôts – au plus tard au lendemain des présidentielles de 2022.