▪ Le vice-Premier ministre de la Russie, Dimitri Rogozine, est récemment apparu à la télévision russe, pour une interview sans langue de bois menée par le très respecté journaliste Vladimir Solovyov.
Rogozine est le fils d’un général qui était à la tête d’une direction de la recherche dans l’ancien ministère de la défense soviétique. Il est diplômé en économie, a un doctorat en philosophie, une formation de pilote d’hélicoptère et est ancien ambassadeur de Russie auprès de l’OTAN. Aujourd’hui, il gère ce que les Russes appellent fièrement "le complexe militaro-industriel" de leur pays.
Au cours de l’interview, Solovyov lui a posé la question suivante : "qu’est-ce qui inquiète le plus les Américains ?"
"Ce qui les inquiète le plus est notre volonté indomptable", lui répondit Rogozine sous un tonnerre d’applaudissements.
Je sais ; cette réponse est typique de la fanfaronnade russe. Mais Rogozine peut l’étayer.
"Nous sommes en train de rééquiper nos forces armées à un rythme soutenu", a-t-il déclaré.
De tête, il a débité à toute allure un remarquable ensemble de statistiques — exactes, si j’en crois les sources publiques — à propos de la forte augmentation de la production d’armes russes au cours des quatre dernières années, depuis qu’il est en charge de la défense, en 2011. Cela signifie avions, hélicoptères, fusées, navires de surface (y compris les nouveaux brise-glace pour l’Arctique), sous-marins, pièces électroniques, robots etc.
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"Il y a un sentiment de fierté", a commenté le journaliste Solovyov, "quand ça ne vient pas que de nous, mais du meilleur au monde". Rogozine approuva en souriant. "Les Etats-Unis sont aujourd’hui réellement inquiets de nos plans pour équiper nos forces armées", a-t-il remarqué. "Ce ne sont pas seulement des plans mais des volumes tangibles… et une haute qualité en constante augmentation de nos équipements".
La Russie est en train de totalement recapitaliser son puissant arsenal de missiles balistiques intercontinentaux, par exemple |
C’est vrai. La Russie est en train de totalement recapitaliser son puissant arsenal de missiles balistiques intercontinentaux, par exemple. Pendant ce temps, les équipes en charge des missiles américains veillent sur des systèmes vieillissants conçus et construits dans les années 1960. "Je ne peux pas dire quel en est le nombre exact parce que c’est classé secret défense", a continué Rogozine. "Mais chaque année des dizaines de nouveaux missiles balistiques viennent grossir notre arsenal".
▪ Des innovations techniques et un discours sans ambages
Rogozine n’est pas entré dans les détails techniques des systèmes d’armes dont il a débité à toute allure les noms. Ce n’était pas le lieu pour entrer dans les détails. Il a donc expliqué les choses à un niveau plus global. "Les armes intelligentes… permettront d’éloigner [les soldats] de la zone de tirs ennemis, de contrôler les armes et d’attaquer l’ennemi avant qu’il ne puisse les voir. Donner [au soldat] la capacité de frapper l’ennemi avant que l’ennemi ne puisse le frapper".
En écoutant Rogozine, j’ai immédiatement pensé aux nouvelles capacités des Russes dans la guerre électronique, les impulsions électromagnétiques dirigées et les missiles antiaériens à longue portée qui ont pour but de détruire les radars et les renseignements américains et de ravitailler les avions (AWACS, Rivet Joint, Cobra-Series, KC-135, etc.) sur de longues distances — à plus de 320 km de distance.
Il n’y a qu’à considérer la nouvelle famille d’avions Su-30, avec leur puissant radar à balayage à l’avant, armés de missiles air-air de longue portée Kh-31 et R-172.
Les Américains savent, poursuit Rogozine, d’une voix calme et réfléchie, "que ce ne sont ni les machines ni même des inventions exceptionnelles qui conduiront à la suprématie technique".
Toutefois, malgré ce point de vue, il n’a pas hésité à donner une réalité de la "suprématie technique" : "notre développement de missiles a atteint un stade où les systèmes américains de défense antimissile actuels et futurs ne seront pas capables de contrer le potentiel russe de missiles stratégiques".
Vraiment ? Certains pourraient vouloir mentionner cela à quelques sénateurs américains.
Rogozine n’a pas mâché ses mots pour dire à quel point aujourd’hui la Russie perçoit les Etats-Unis comme une grave menace |
D’un ton jovial, Rogozine n’a pas mâché ses mots pour dire à quel point aujourd’hui la Russie perçoit les Etats-Unis comme une grave menace. "Tout ce qu’ils [les Etats-Unis] ont fait et font a pour but de détruire notre économie via l’application de sanctions qui ciblent certaines parties de notre économie".
Il ne faut pas oublier qu’ici Rogozine parle en russe, à un journaliste russe, pour un public russe. Les Occidentaux — la plupart Américains — n’écoutent pratiquement jamais ce genre d’interviews vérité. Peut-être devraient-ils le faire… comme nous l’expliquerons dès lundi.