Reagan était bien intentionné. Il était intelligent. Et son instinct était bon. Mais il ne faisait pas le poids face au pouvoir bien établi des élites.
C’était il y a 44 ans. Mais nous nous en souvenons bien. C’était le bal inaugural de 1981. Ronald Reagan venait d’être élu président. Le plafond était orné de rouge, de blanc et de bleu. Le champagne coulait à flots. L’orchestre a joué Happy Times Are Here Again.
Et nous avons mis la clé sous la porte.
Oui, à l’époque, nous dirigions l’Union nationale des contribuables… dont la mission déclarée était de « mettre un terme au gaspillage gouvernemental » et d’économiser l’argent des contribuables. Mais maintenant que Ronald Reagan était président, ce n’était plus nécessaire. Reagan était aux commandes. Il allait mettre de l’ordre dans les finances fédérales et réduire les dépenses inutiles. C’est du moins ce que nous pensions.
Contrairement à Donald Trump, Reagan avait consacré des années de sa vie au gouvernement et à la politique. Ayant commencé sa carrière à gauche, il est passé à droite en vieillissant et a conclu que « le gouvernement était le problème, pas la solution ». Il savait que les budgets devaient être équilibrés. Et il était pleinement engagé – idéologiquement, intellectuellement, par tempérament – dans la cause conservatrice traditionnelle d’un pouvoir fédéral limité. Il a même nommé notre ami David Stockman, un homme capable de repérer un centime gaspillé à des kilomètres, au poste de directeur du budget.
Si son équipe n’était pas capable de redresser la barre, personne ne le pourrait.
Et pourtant, il a échoué. L’élan du Big Government était trop fort. Reagan était bien intentionné. Il était intelligent. Et son instinct était bon. Mais il n’a pas fait le poids face au pouvoir bien établi des élites.
David Stockman a écrit un excellent livre qui explique en détail comment les choses ont mal tourné. Il s’intitule Le Triomphe de la politique : pourquoi la révolution Reagan a échoué. Il explique comment, dès le début des années 1980, la politique de Washington a détourné les « conservateurs » pour en faire les plus grands dépensiers de tous les temps. Pendant les quatre années de Reagan, la dette américaine a augmenté de 160%, soit la troisième plus forte hausse de tous les présidents… et le double de celle de Barack Obama.
Allez savoir pourquoi.
Et depuis lors, tous les dirigeants « conservateurs » ont été des imposteurs. Bush I, Bush II, Trump… tous étaient fermement sous l’emprise des élites du Big Spending/Big Empire. Aucun d’entre eux n’a jamais tenté de réduire les déficits ou les aventures militaires des Etats-Unis.
Aujourd’hui, le chef de l’exécutif a été largement mis à l’écart. C’est pourquoi Mme Harris était une candidate parfaitement plausible ; il n’était pas attendu d’elle qu’elle fasse quoi que ce soit ou qu’elle ait ses propres idées. Les électeurs s’attachent en fait aux candidats sur la base d’indices culturels communs, et non sur la base de leur politique sous-jacente. En outre, les choix politiques fondamentaux des républicains et des démocrates sont essentiellement les mêmes.
L’exemple des deux dernières années, au cours desquelles nous n’avons pratiquement PAS eu de président, le prouve largement. Et nous n’en avions pas besoin.
Mais les gens continuent à penser que c’est un devoir civique de voter pour l’un des deux candidats, même si le choix est mauvais. Ils doivent penser qu’il existe un génie invisible dans le système qui élève des hommes (ou des femmes !) ordinaires au rang de dignes dirigeants du monde libre. Ellen Sauerbrey, par exemple, est une politicienne de Baltimore au grand sourire. Elle a notamment été nommée ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU. Ecrivant aux électeurs du Maryland, elle les a exhortés à voter pour Trump :
« Ma décision est prise. Je vote pour lui et voici pourquoi : il fait passer les Américains et leur bien-être en premier. Kamala ne le fera pas. Il fera entrer @elonmusk dans son cabinet pour qu’il soit le tsar de l’efficacité et qu’il se débarrasse du gaspillage. C’est peut-être la meilleure raison de voter pour lui. »
Nous ne nous souvenons plus de la dernière fois où nous avons entendu un homme politique dire qu’il ne plaçait pas le bien-être des Américains au premier plan. Mais ils enfilent tous leur pantalon, une jambe à la fois, comme tout le monde… et font passer leur propre bien-être en premier – tout comme nous le ferions à leur place.
La crédulité la plus remarquable est l’idée qu’un « tsar de l’efficacité » permettrait de « se débarrasser du gaspillage ».
Cette idée révèle un manque de cynisme alarmant. Tout d’abord, comme nous l’avons appris dans les années 1980, le « gaspillage » n’existe pas à Washington. Tout l’argent qui arrive en ville finit dans la poche de quelqu’un… et c’est bien là l’idée.
Deuxièmement, l’inefficacité est souvent la seule chose qui la rende tolérable. Le monde aurait-il été meilleur si le gouvernement italien de Mussolini avait été plus efficace pour rassembler les Juifs ? Ou si les bombardiers de Yamamoto avaient fait un meilleur travail sur la flotte américaine du Pacifique ? Et personne n’a jamais été félicité pour l’efficacité de ses relations amoureuses.
Reagan avait compris qu’en matière de gouvernement, ce n’est pas l’efficacité qui compte. C’est la taille. Moins, c’est plus. Et maintenant, Donald Trump, qui n’a rien du charme du Reagan, rien de son charisme… et rien de ses principes philosophiques et idéologiques – y a-t-il un espoir plausible qu’il réussisse là où Raegan a échoué ?