La Chronique Agora

Rions un peu : intéressons-nous au déficit budgétaire américain

** Rien ne vaut de commencer la journée par un bon éclat de rire — et je peux remercier le gouvernement américain pour m’avoir offert celui de ce matin. Le déficit fédéral ! Il y a de quoi se tordre : l’administration américaine prévoit apparemment un déficit plus limité qu’attendu, en 2009.

Je sais, je sais. Je ne suis guère charitable. Il faut bien commencer quelque part, et tout signe d’amélioration est positif. Les petites rivières font les grands fleuves, le plus long voyage commence par le premier pas, et ainsi de suite.

Mais quand même ! On attendait un "trou" de 1 840 milliards de dollars — il ne sera finalement que de… 1 580 milliards. N’est-ce pas magnifique ? Pour reprendre une comparaison chère à Bill Bonner, est-il vraiment moins douloureux (sans parler de mortel !) de se faire écraser par un camion 38 tonnes que par un 36 tonnes ?

La Tribune donne quelques détails : "en juillet, l’Etat américain a enregistré un déficit mensuel record de 180,7 milliards de dollars. Il s’agit du 10ème mois consécutif dans le rouge pour les comptes américains. Entre janvier et fin juillet, le déficit budgétaire atteint déjà 1 267 milliards de dollars. C’est trois fois plus que celui enregistré sur la même période il y a un an (388,6 milliards de dollars)".

Là, deux questions se posent ; l’administration américaine réussira-t-elle à tenir son budget "dans les clous" qu’elle a fixés — fussent-ils déficitaires ? Et si non… quelles seront les conséquences pour le dollar — mais aussi les détenteurs de dollars et le marché dans son ensemble ?

** Parce qu’il est à noter que le billet vert commence à donner des signes de faiblesse ; il cotait à 1,4212 pour un euro ce matin. Sylvain Mathon, rédacteur en chef de Matières à Profits, pense que ces frémissements sont significatifs : "[…] la faiblesse du dollar ces dernières semaines pourrait bien constituer les prémices d’un déclin plus important dans les prochains mois".

Ledit déclin aura sans doute un effet collatéral tout à fait intéressant pour l’investisseur averti : "la quasi-totalité des matières premières cotent en dollar", explique Sylvain, "et tout infléchissement de ce dernier les rend fatalement plus abordables pour les consommateurs non américains. Résultat : la demande s’accroît entraînant à la hausse le prix de ces matières premières".

Justement, l’or a pris hier 9 $ entre le premier et le deuxième fixing londonien, terminant la journée à 943 $… tandis que le pétrole grimpait lui aussi, à 72,42 $ le baril de WTI à New York. Cette dernière hausse est plutôt due à la baisse soudaine des stocks de brut aux Etats-Unis (8,4 millions de barils en moins sur la semaine se terminant le 14 août, contre une hausse de 1,3 million attendue).

** Sur les marchés boursiers, en tout cas, la journée a été agitée et en dents de scie ; le CAC 40 a finalement préféré l’indifférence, clôturant sur une perte de 0,01% à 3 450,34 points. Le Footsie londonien n’était pas en reste, puisqu’il n’a pas bougé, tandis qu’à Francfort, le DAX chutait de 0,4%.

Aux Etats-Unis, le Dow Jones a repris 0,66%, à 9 279 points ; le Nasdaq a terminé sur une hausse de 0,68%, à 1 969, tandis qu’avec ses 996 points, le S&P 500 grimpait de 0,69%.

Les choses semblent commencer à se brouiller sur les marchés, cher lecteur… Je ne sais pas s’il est temps d’hisser à nouveau notre drapeau d’alerte au krach… mais restez prudent malgré tout !

Françoise Garteiser,
Paris

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