La Chronique Agora

Rien ne les arrête

** Décidément, les marchés ont le cuir épais. Tels un rhinocéros qui continuerait de charger avec cinq fléchettes tranquillisantes dans le corps, ils ne se laissent pas abattre par les multiples revers qu’ils rencontrent depuis cet été ; effondrement de l’immobilier, crise du subprime, ralentissement économique, flambée du pétrole… non, rien ne les arrête.

La semaine dernière, par exemple, ils ont chuté jeudi pour mieux se relever vendredi — quoiqu’un peu groggy tout de même — à la suite de chiffres US meilleurs que prévu. Le CAC 40 a ainsi terminé la semaine sur des dommages limités : un recul de 0,18% sur la séance de vendredi, à 5 725 points. Les bancaires, bien entendu, ont pesé sur la tendance.

Côté américain, on s’en est largement mieux sortis, avec une hausse unanime (mais inégale) sur les principales places boursières. Le Dow Jones a ainsi progressé de 0,20%, atteignant 13 595,10 points en clôture vendredi soir. Dans le même temps, le Nasdaq s’adjugeait 0,56%, à 2 810,38 points, tandis que le S&P 500 terminait sur une faible augmentation de 0,08% sur la journée, à 1 509,65 points.

** Cette journée de répit, on la doit aux statistiques américaines — et notamment aux chiffres de l’emploi : 166 000 créations en octobre aux Etats-Unis, contre 85 000 attendus. A 4,7%, le taux de chômage reste stable, tandis que le salaire horaire moyen progresse de 0,2% (contre 0,3% attendus).

Autre information venue conforter les investisseurs dans leurs velléités : la hausse de 0,5% des commandes à l’industrie — une surprise agréable, quand on attendait une baisse de 0,7%…

Heureusement que les investisseurs ont les yeux braqués outre-Atlantique… Cela leur permet d’ignorer qu’en Europe, par contre, les nouvelles sont loin d’être réjouissantes, comme on l’apprenait ce matin dans La Tribune. En France, l’indice des directeurs d’achat du secteur manufacturier stagne, à 50,5 en octobre — le même niveau qu’en septembre. "Un niveau de l’indice au-dessus de 50 indique que l’activité manufacturière croît, tandis qu’un chiffre sous 50 reflète une contraction de l’activité industrielle", explique le journal.

"Cette stagnation intervient alors que les analystes tablaient au contraire sur une baisse de cet indice, à 50 points, selon le consensus établi par l’agence d’information financière Thomson Financial News. Cette relative stabilité est donc une assez bonne nouvelle pour l’activité industrielle hexagonale qui, comparativement aux autres pays de le zone euro, s’en sort mieux ce mois-ci."

En effet, avec une baisse des nouvelles commandes, l’indice NTC/BME du secteur manufacturier allemand enregistre un net recul, à 51,7 en octobre contre 54,9 en septembre. L’Italie n’est pas mieux lotie, avec deux mois de baisse consécutive… Et tout cela se ressent au niveau européen : "l’indice des directeurs d’achat (PMI) du secteur manufacturier dans la zone euro [s’établit] à 51,5 points en octobre contre 53,2 points en septembre, soit un plus bas depuis août 2005", selon La Tribune.

** Tout cela n’a guère semblé influencer le marché des changes — où la désaffection grandissante des investisseurs continue d’affaiblir le billet vert : le dollar US continue sa dégringolade, à 1,4512 par euro en fin de journée vendredi (après avoir touché en séance un sommet historique à 1,4525).

Sur le marché obligataire, les difficultés des bancaires et du marché du crédit commencent à peser. Les taux se sont détendus vendredi, le rendement du bon du Trésor US à 10 ans se détendant de cinq points de base, à 4,30%.

Le pétrole continue sa course aux records, sur fond de craintes de pénurie et tandis qu’Europe et Etats-Unis appellent l’OPEP à relever ses quotas de production. A New York, le baril de WTI a terminé la séance de vendredi en nette hausse, à 95,93 $ le baril contre 93,48 $ jeudi dernier.

Et l’or… l’or a dépassé la barre des 800 $ à New York ! Sur le marché spot américain, l’once a touché un sommet de 28 ans en séance, à 807,30 $. A Londres, par contre, il faudra fournir encore un petit effort avant de franchir la barre : au second fixing, le métal jaune en était à 796,50 $ "seulement"…

Françoise Garteiser,
Paris

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