La Chronique Agora

La richesse n’est pas forcément une bonne idée…

richesse

▪ Nous continuons notre série sur "Comment devenir riche" — et nous commençons l’épisode du jour avec un avertissement : "devenir riche" n’est peut-être pas une très bonne idée.

Il y a une raison très simple de préférer la pauvreté à la richesse : elle vous apprend à apprécier l’argent ! Oui, cher lecteur, s’il y a une chose pour laquelle le déclin de l’utilité marginale semble avoir été inventé, c’est bien l’argent. Comme les verres de whisky irlandais, chaque sou supplémentaire que vous obtenez vaut moins que le sou qui l’a précédé. Si vous êtes réduit à votre dernier centime, trouver un billet de cinq euros sur le trottoir est une aubaine. Vous le ramassez immédiatement pour vous rendre dans le bistrot le plus proche. Si vous avez un million en banque, en revanche, vous laissez gentiment le billet à qui en a plus besoin que vous. Ce qui explique bien entendu pourquoi les riches aiment tant à distribuer leur argent : il ne vaut simplement pas grand’chose à leurs yeux.

Si vous avez 10 millions de dollars en banque, un million supplémentaire est un détail comptable. Cela ne change rien à votre vie. Si vous n’avez rien sur votre compte, en revanche, vous vous sentiriez riche avec 50 000 $. Votre premier million pourrait tout changer.

En deux mots, l’argent est particulièrement important quand on n’en a pas. Lorsqu’on est riche, en revanche, l’argent n’a pas beaucoup d’importance. Et comme nous l’avons souligné hier, ça peut donner un sentiment de vide. Après tout, si l’argent n’a pas de signification… qu’est-ce qui en a ?

La richesse est une forme de vie condensée. Elle mesure le temps et les ressources qui ont été investis, développés et accumulés

▪ L’argent comme expression de la vie
Les philosophes et les poètes réfléchissent à cette question depuis des siècles. L’argent représente la richesse. La richesse est une forme de vie condensée. Elle mesure le temps et les ressources qui ont été investis, développés et accumulés — et peuvent désormais être échangés contre d’autres accumulations de temps, d’imagination et de ressources.

Une personne peut travailler toute sa vie pour accumuler de l’épargne. Cette épargne est une expression de sa vie — du moins de sa valeur économique nette. Chaque unité est un distillat de son dur labeur, de sa discipline, de sa persévérance. Lorsque cette personne a tant d’argent qu’une unité supplémentaire n’a plus ni signification ni valeur à ses yeux, elle commence à sentir le sol se ramollir. Elle perd pied.

"Les meilleures choses dans la vie sont gratuites", entend-on souvent. C’est vrai, pour autant que nous puissions en juger. Un baiser… un sourire… l’affection de la famille et des amis… comment peut-on chiffrer ça ? Le soleil d’automne ne réchauffe-t-il pas autant le mendiant que le gestionnaire de hedge fund ? Et nous n’avons encore jamais rencontré d’enfant qui vérifie le portefeuille boursier de son grand’père avant de l’embrasser.

Pourtant, l’argent jette son ombre même sur les plus belles choses. Une fois qu’on a assez pour se nourrir, se vêtir et se loger… à quoi bon le reste ? N’est-ce pas pour obtenir l’approbation des autres… se rendre digne d’amour et de respect ? N’est-ce pas pour cette raison qu’un jeune homme achète une belle voiture — pour séduire une jeune fille ?

Mais c’est aussi là que la déception et la tromperie commencent. Une femme attirée par un homme riche découvre bientôt que l’argent ne fait pas tout. Quant à l’homme, il réalise que ce qu’il voulait vraiment, c’était une femme qui l’aime pour autre chose que son argent ! C’est pire encore pour le malheureux qui travaille toute sa vie afin de gagner assez d’argent pour obtenir l’approbation de son père. Il découvrira probablement que a) il ne l’aura jamais… ou b) il l’avait au contraire depuis le début !

Le principe du déclin de l’utilité marginale entre là aussi en jeu. Un peu de succès financier peut apporter amour et approbation. Mais plus de succès n’entraîne pas forcément plus d’amour et de respect. Trop de succès financier peut en fait se retourner contre soi. Un homme financièrement prospère peut se retrouver l’objet d’envie, de rancune et d’opportunisme. Son épouse ne reste que tant que l’argent dure… ses "amis" le considèrent uniquement comme une proie fortunée… et sa propre mère le regarde de haut — il est devenu "obsédé par l’argent", selon elle !

Que faire ? C’est ce que nous verrons dès lundi !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile