La Chronique Agora

+20 000 milliards de dollars de « richesse » aux Etats-Unis… grâce à la Fed !

Ex nihilo nihil fit. Rien ne vient de rien. St Thomas d’Aquin et St Augustin ont utilisé cet axiome pour démontrer que l’univers avait eu besoin d’un "déclencheur" pour lancer les choses.

Même si tout a commencé avec un Big Bang, disaient-ils, il a pourtant fallu quelqu’un pour faire ce fameux bang. Qui donc ? Dieu.

Nous n’en savons rien. Mais notre mâchoire s’est décrochée quand nous avons vu que les champions de la Réserve fédérale ont ajouté 20 000 milliards de dollars à la richesse des ménages américains depuis 2009 — battant un record de plus. Le Wall Street Journal :

"La richesse des Américains a atteint sont plus haut niveau l’année dernière, selon des données publiées jeudi, reflétant une hausse de la valeur des actions et des maisons qui a profité aux ménages américains les plus affluents.

La valeur nette des ménages et des institutions à but non lucratif a grimpé de 10 000 milliards de dollars en 2013 aux Etats-Unis, pour atteindre un total de plus de 80 000 milliards de dollars. Depuis le creux de la crise de 2008-2009, les ménages américains ont engrangé 20 000 milliards de dollars".

Ex nihilo ? Qui s’en soucie : cet argent est là ; il peut être dépensé.

Quelle sorte de richesse provient de rien ? Est-elle solide et réelle, comme la terre, la lune et les étoiles ?

Pourtant… quelle sorte de richesse provient de rien ? Est-elle solide et réelle, comme la terre, la lune et les étoiles ? Ou bien est-ce autre chose ?

C’est clairement autre chose. Mais quoi ?

▪ D’où vient tout cet argent ?
Commençons par voir d’où vient cette richesse. Non de la main du Tout-Puissant, bien entendu… On nous pousse à croire que les politiques de la Fed sont conçues pour produire une prospérité généralisée ; la Fed maintient les taux proches de zéro pour que toute l’économie en profite. Sauf que ce n’est pas vrai. Seuls quelques-uns prospèrent. Le Wall Street Journal le dit lui-même dans son titre : "la richesse augmente aux Etats-Unis, mais tout le monde n’en profite pas".

Les politiques activistes de la Fed déforment et corrompent l’économie. D’abord, les prix sont pervertis. Ensuite, puisqu’on suit de mauvaises indications de prix, on prend de mauvaises décisions. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, toute est faussé dans une direction ou une autre.

Comme nous l’avons noté hier, la Fed est en très grande partie à l’origine des "dinosaures immobiliers" que l’on peut voir dans tous les Etats-Unis. Les taux bas et la hausse des prix ont poussé les gens à croire que plus la maison était grande, plus on gagnerait d’argent.

Nous n’en avons pas parlé, mais les usines de Chine peuvent elles aussi retracer leur genèse aux politiques de taux bas de la Fed. Les Américains ont été poussés à emprunter et dépenser ; les fabricants chinois sont sortis gagnants. Les bénéfices record, les marges record, les émissions record de junk bonds, la hausse record de la richesse des ménages — tout ça n’est que le produit des politiques de la Fed.

▪ Plus riches, les Américains ? Pas tous…
Voici une citation extraite d’un livre à paraître prochainement, Paper Money Collapse ["L’effondrement de la monnaie papier", ndlr.]. L’auteur, Detlev Schlichter, a eu la bonté de nous en envoyer un exemplaire en avant-première :

"[Les autorités financières] ne peuvent jamais améliorer toute l’activité économie en même temps ou ‘stimuler’ l’économie de manière généralisée, dans sa totalité. Toute injection de nouvelle monnaie doit mener à des changements dans l’utilisation des ressources, à une redirection de l’activité économique de certains domaines vers d’autres et à des changements dans la distribution des revenus et de la richesse. Les afflux de nouvelle monnaie modifient inévitablement l’économie et doivent créer des gagnants et des perdants".

Les propriétaires d’actions et de maisons se sont enrichis. Les salariés et les épargnants se sont appauvris.

Cet excédent de 20 000 milliards de dollars est aux mains des gagnants. Ce n’est pas de la nouvelle richesse réelle. Le PIB réel n’a pas vraiment augmenté… et les salaires réels ont baissé. Cela n’a été qu’un simple transfert de richesse. Les propriétaires d’actions et de maisons se sont enrichis. Les salariés et les épargnants se sont appauvris.

Nous avons un conseil à donner à ceux qui se trouvent du bon côté de l’aubaine boursière : encaissez vos profits avant qu’ils ne disparaissent. Après tout, ils ne sont jamais qu’un droit sur la richesse réelle — non la richesse réelle elle-même. Et ce droit expirera sans aucune valeur lorsque la Fed changera de politique. La Fed donne ; la Fed reprend.

Soit la Fed mettra le tapering en place… soit elle finira par perdre le contrôle des taux d’intérêt. Lorsque ces derniers grimperont, tous les records que nous avons cités ces derniers jours ressembleront à des bouteilles brisées lors d’une rixe. Quelqu’un va souffrir.

Pour l’instant, les gouverneurs de la Fed sont plus puissants que Dieu. Depuis les débuts de l’univers, il a fallu approximativement 13 798 000 000 années avant que la valeur de tous les actifs du monde atteigne les 20 000 milliards de dollars. Le Big Bang de la Fed a réussi à faire la même chose en seulement six ans, du début à la fin.

Il ne nous en faut pas plus. Fini d’adorer quelqu’un qui est mort depuis 2 000 ans… ou son père, d’ailleurs. En cette saison de Carême, nous ne nous inclinons devant personne. Mais en ce qui concerne la dame aux commandes de la Fed, toute l’économie se penche dans la direction qu’Elle ordonne.

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