La Chronique Agora

Révolution(s) dans le secteur du pétrole

▪ Spraberry/Wolfcamp. Il s’agit d’un champ pétrolifère du bassin de Midland, au Texas. On pourrait en récupérer jusqu’à 50 milliards de barils de pétrole si l’on utilise les nouvelles technologies d’extraction.

Peter Tertzakian, économiste chez ARC Financial, nous explique tout cela. Je vous cite sa déclaration dans son entier parce que le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est remarquable :

"S’il perdure, le boom pétrolier qui a lieu actuellement en Amérique du Nord nous ramènera à l’atmosphère de découvertes des années 1950 et 1960. Le potentiel ne se limite pas à Spraberry/Wolfcamp. On pense que la formation de Bakken, dans le Dakota du Nord, contiendrait plus de 10 milliards de barils, alors que Eagle Ford Shale en contiendrait 25 milliards. Si le pétrole suit le chemin du gaz naturel, il pourrait y avoir encore plus de méga-zones pétrolifères, dont certaines très prolifiques qui apparaissent au Canada. Tout cela pourrait bien ressembler à la période la plus importante dans le domaine de la découverte de réserves dans l’histoire longue de 155 ans de l’industrie".

Comme aurait dit feu Harry Caray : "la vache !"

Ce boom du pétrole aux Etats-Unis est tout récent. La plupart des géologues n’arrivent pas encore à en prendre toute la mesure ; ils ne parviennent toujours pas à comprendre comment les cartes ont bouleversé le jeu si rapidement. Depuis 2008, la production pétrolière américaine a augmenté de 43%. Bientôt, les Etats-Unis produiront plus qu’ils ne consomment. Cela pourrait être le cas avant la fin de l’année. Il y a cinq ans, de telles considérations auraient fait l’objet de railleries.

Voici un graphique tiré du Wall Street Journal :

Ce n’était pas possible. C’est ce que disaient les géologues !

▪ Une révolution technologique est en cours
Je ne cesserai de répéter que nous sommes en présence d’une révolution technologique. Les révolutions technologiques détruisent les paradigmes, elles cassent les choses. Il faut abandonner nos vieilles hypothèses, elles ne fonctionneront plus à présent. Le boom pétrolier a changé la donne.

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Quelles que soient les estimations existantes, elles s’avéreront certainement beaucoup trop basses. La technologie ne cesse de s’améliorer. L’expérience nous apprend comment tout cela fonctionne. Mon exemple préféré est Kern River. En 1899, lorsque le site fut découvert, les experts pensaient que seulement 10% de sa modeste production seraient récupérés. En 1942, le champ contenait encore 54 millions de barils de pétrole récupérable — après avoir produit 278 millions de barils. Au cours des 44 années suivantes, il produira 736 millions de barils supplémentaires. A ce stade, il reste 970 millions de barils.

L’histoire du pétrole est remplie de cas comme celui de Kern River. A la lumière de cette longue expérience, les nouvelles découvertes apparaissent particulièrement énormes.

Il va sans dire qu’il est difficile d’être haussier sur le pétrole avec de telles découvertes rien qu’aux Etats-Unis. Sans compter que le Canada possède encore ses vastes sables bitumeux. "Encore une formidable source d’approvisionnement", observe Tertzakian, "mais la révolution du pétrole de schiste marginalise sa taille autrefois formidable et la ramène à quelque chose de simplement grand, entre autres".

▪ Il n’y a pas que le pétrole de schiste
Regardez ce qui se passe dans le reste du monde. Au Value Investing Congress, Geoffrey Batt, chez Euphrates Advisors, a abordé le cas des énormes réserves en Irak.

"L’Irak possède 150 milliards de barils de réserves pétrolières prouvées à faible prix, les quatrièmes plus grandes au monde", explique Batt. "Les estimations des réserves prouvées atteignent le chiffre énorme de 214 milliards de barils, ce qui donnerait à l’Irak les deuxièmes plus grandes réserves au monde après le Venezuela et l’Arabie Saoudite". Les champs pétroliers irakiens ne coûtent guère pour être rendus opérationnels et sont les moins chers à exploiter une fois mis en production. Les Irakiens peuvent produire du pétrole pour seulement 2 $ le baril.

Les sceptiques mépriseront l’Irak, comme ils l’ont fait pour la formation de Bakken et tout le reste. L’avenir leur donnera tort. Du pétrole en sortira.

Et je n’ai pas mentionné les découvertes au large des côtes d’Afrique, au sud de la Mer de Chine ou encore au Brésil et dans bien d’autres régions du monde.

Face à toute cette nouvelle production et à toutes ces nouvelles découvertes, je ne suis pas haussier sur les prix du pétrole. Il est peut-être trop tôt pour dire quels seront les gagnants et les perdants parmi les producteurs de pétrole. Mais il y a clairement un gagnant : les utilisateurs de l’or noir.
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