La Chronique Agora

La révolte des masses

La calme ville de Dublin en flammes suscite des questionnements…

Selon nos voisins, il s’agissait de « voyous ». Un de nos amis a estimé qu’un grand « ressentiment » en était la cause. Le ministre de la justice a, quant à lui, déclaré qu’il s’agissait d’un « acte de brutalité pure ».

Jeudi dernier, Dublin a été le théâtre d’un pandémonium inhabituel. C’est une ville sûre. Une ville calme. Les gens sont polis. Contrairement à Baltimore, ou même Paris, où les troubles sociaux sont plus fréquents.

« Nous sommes comme le reste de l’Europe maintenant », a déclaré joyeusement un ami.

Il se trouve que nous étions à Dublin même lorsque l’enfer s’est déchaîné. Des âmes, enfermées depuis trop longtemps, ont soudain enfoncé la porte, et se sont déchaînées dans le centre de Dublin. Tous les policiers de la région ont été convoqués au centre-ville. Les hélicoptères de la police ont décollé. Les sirènes retentissaient dans toute la ville. Qu’était donc ce brouhaha ?

Comme des sauvages

Nous avons allumé la télévision pour y découvrir le centre-ville en flammes. Des enfants avaient été poignardés. Les émeutiers ont pillé des dizaines de magasins et incendié au moins un bus de la ville.

Quelle était la cause de l’émeute ? C’est là que les choses deviennent intéressantes : personne n’a osé le dire.

Le chef de la police a annoncé que des « rumeurs » couraient sur Internet et qu’il ne fallait pas y prêter attention. Il a ajouté que la « personne responsable » (dans l’incident de l’agression au couteau) était en garde à vue et qu’ils ne recherchaient personne d’autre.

Un téléspectateur aurait pu être très perplexe face à aussi peu d’explications. Il a fallu qu’un local s’exprime sur le sujet… presque en chuchotant.

« Oh… on aurait pu voir le problème venir de très loin. La ville de Dublin est devenue si chère ! Il est difficile d’y trouver un logement abordable. Et le fait qu’il y ait tant d’immigrants et de réfugiés qui arrivent en masse n’aide pas. L’agresseur… d’après Internet… je sais qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on trouve sur Internet… mais on dit qu’il s’agit d’un immigré clandestin. Il y a peu, une jeune femme a été tuée par un immigré africain. L’homme a été condamné à la peine maximale. Mais en Irlande, la peine maximale n’est que de 20 ans. Les gens n’ont pas trouvé cela satisfaisant. Personne ne veut le dire, mais il s’agit bien d’immigrés. »

Mais, si un immigrant a joué le rôle du méchant, un autre a joué celui du héros. Caio Benicio, un chauffeur brésilien travaillant pour Deliveroo, a mis fin à l’agression en enlevant son casque et en l’utilisant pour frapper l’agresseur à la tête.

Ce qui circule

L’Irlande était autrefois l’une des principales sources d’immigrants – vers l’Angleterre, l’Amérique du Nord, l’Australie et une grande partie du reste du monde. Les Irlandais étaient généralement considérés comme des « sans foi ni loi », des « buveurs invétérés » et des personnages « non civilisés ». La mention « No Irish Need Apply » figurait régulièrement dans les petites annonces, pour ne pas qu’ils postulent.

Mais ils se sont bien adaptés à leur pays d’accueil. Au moins 20 présidents américains ont des origines irlandaises. Aujourd’hui, les Irlandais ne souffrent plus d’être des immigrés dans des pays étrangers, mais souffrent des immigrés dans leur propre pays.

Et tous les immigrants ne sont pas égaux.

Les Normands ont conquis l’Angleterre. En l’espace de quelques générations, on ne les a plus distingués des Anglo-Saxons. Mais les Maures ont envahi l’Espagne au 7e siècle, et ils ne se sont jamais fondus dans la population locale, et ont été expulsés 700 ans plus tard. Les Noirs américains aussi, même après des centaines d’années, gardent leurs distances et leur culture à l’écart.

Mais la colère contre les immigrés monte. Le Democrat Gazette de l’Arkansas en témoigne :

« Un parti d’extrême droite étonne par sa victoire aux Pays-Bas

Les habitants de l’un des pays les plus socialement libéraux d’Europe se sont réveillés avec un paysage politique radicalement différent jeudi, après qu’un parti d’extrême droite a remporté les élections nationales, un résultat qui a eu des répercussions dans toute l’Europe.

Le Parti pour la liberté de Geert Wilders, qui prône l’interdiction du Coran, la fermeture des écoles islamiques et l’arrêt total de l’accueil des demandeurs d’asile, a remporté 37 sièges à la Chambre des représentants, qui en compte 150, ce qui en fait de loin le parti le plus important, et constitue un désaveu sans équivoque pour l’establishment politique du pays.

‘Toute l’Europe exigeun tournant politique’, a déclaré Alice Weidel, chef du parti d’extrême droite allemand AfD (Alternative pour l’Allemagne), en félicitant M. Wilders pour sa victoire. »

Foules urbaines

Les immigrants sont une cible facile. Ils prennent de la place. Ils présentent selon les dires une concurrence pour le logement, l’emploi et, dans de nombreux pays, ils sont un fardeau pour le contribuable. Les Latinos aux Etats-Unis, les Nord-Africains en France, les Palestiniens, les Ukrainiens, les Syriens, les Yéménites : plus leur nombre est important, plus le « fossé culturel » avec les autochtones se creuse, et plus les problèmes s’aggravent.

Le ressentiment s’accroît. Il finit par trouver un exutoire. Parfois, ce sont les autochtones qui protestent. Parfois, ce sont les immigrants eux-mêmes. Et tout le monde n’exprime pas son mécontentement en écrivant une lettre au gouvernement. Certains préfèrent lancer des bombes incendiaires contre des voitures de police.

Mais est-ce tout ce qu’il y a à faire ? Que les foules urbaines se défoulent ? Probablement pas. Nous verrons cela demain.

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