La Chronique Agora

La révolte des masses II

Les contours de l’empire se déchirent et s’effilochent, dans un affrontement brûlant de cultures et d’idées…

Un chant rythmé… des sauvages barbouillés de peinture… des plumes dans les cheveux… et des scalps à la taille… Ils dansent sauvagement autour d’un feu, comme sous l’emprise d’un démon ou d’un dieu.

Peut-être célèbrent-ils la capture de nouveaux esclaves… Peut-être préparent-ils leurs captifs pour un festin, dont ils sont le plat principal… Ou peut-être célèbrent-ils simplement le changement de saison, en faisant un appel à la pluie, un appel aux étoiles et aux forces de la nature, sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle.

Mais attendez… Ces sauvages, c’est nous…

Ceci est une introspection. Nous ne sommes probablement pas comme nous aimerions être. Et certainement pas comme l’élite voudrait que nous soyons. Mais nous ne sommes pas faits d’argile, prêts à être modelés par les décideurs politiques et les personnes influentes du XXIe siècle.

Au contraire, nous avons été façonnés par des millions d’années de tentatives et d’erreurs, cuits dans un four chauffé à blanc par des catastrophes épisodiques – famine, guerre, sécheresse, inondation, froid et peste. Les résultats – des pots fêlés – sont partout autour de nous.

Voyous et scélérats

La semaine dernière, ici en Irlande, nous avons vu les méfaits que nous, les humains, pouvons commettre de temps en temps. The Washington Examiner rapporte :

« […] La police irlandaise a arrêté 34 personnes ayant participé aux émeutes qui ont éclaté après qu’un immigré d’origine algérienne a poignardé cinq personnes, dont trois enfants.

La poursuite des personnes ayant enfreint la loi, y compris l’immigré algérien qui a poignardé cinq personnes, aurait dû mettre un terme à l’affaire. Mais le gouvernement irlandais est sensible au fait que sa politique d’immigration, qui a conduit à ce que près de 20% de la population du pays soit née à l’étranger, est impopulaire.

Le rythme de l’immigration de masse a été particulièrement spectaculaire en Irlande, puisque près de la moitié de tous les immigrés du pays sont arrivés au cours des cinq dernières années seulement. »

Les émeutiers sont aisément considérés comme des voyous et des scélérats.

Mais est-ce aussi simple que ça ? L’immigration est-elle le seul problème ? La colère monte-t-elle, jusqu’à ce que les émeutes éclatent ou que les révoltés votent pour Geert Wilders ou Donald Trump ?

C’est ce que nous disent la presse et les politiciens. Dans l’approche simpliste de la presse de propagande, l’immigration = le bien ; ceux qui s’y opposent = le mal.

Des origines inavouables

Le Financial Times, porte-parole fiable de l’élite mondiale, n’a pas tardé à identifier le problème.

Aux Pays-Bas, Geert Wilders a remporté une solide victoire en se présentant au poste de Premier ministre, avec un fort message anti-immigration assumé. Sa « victoire est un avertissement pour l’Europe », affirme le FT.

Un avertissement de quoi ? Voici ce que le FT rapporte :

« Un tremblement de terre politique… Le succès [de Wilders] va enhardir d’autres populistes anti-immigration et eurosceptiques qui espèrent obtenir des votes lors des élections parlementaires européennes de juin… »

En d’autres termes, les hommes politiques pourraient commencer à se soucier de ce que les masses pensent vraiment !

Le Premier ministre irlandais (Taoiseach), quant à lui, espère qu’elles ne pensent pas du tout. Il a l’intention de profiter de cette émeute pour réprimer les « discours de haine ». Plutôt que de s’attaquer au problème, il propose de rendre illégal le fait de dire quoi que ce soit, à ce sujet.

Déjà, la presse irlandaise se donne beaucoup de mal pour éviter de mentionner que la personne qui a déclenché les émeutes de Dublin était un immigré. Ici, comme aux Etats-Unis et dans la plupart des pays d’Europe, les élites du gouvernement et des médias considèrent qu’il est impensable que les immigrés puissent poser un problème. Lui accorder un statut d’immigré reviendrait à dire qu’il est en surpoids ou qu’il aime le pudding au chocolat – c’est totalement hors de propos.

Mais l’immigration est un problème. Et ce n’est pas le seul.

Les élites occidentales ont créé un monde inconfortable et insoutenable. Leurs gouvernements impriment de l’argent à volonté et sont presque tous en train de se ruiner, accumulant rapidement toujours plus de dettes qu’ils ne peuvent rembourser.

Ils se mettent également à dos une grande partie du reste du monde, les BRICS, avec des sanctions financières et des politiques militaires autoritaires. Leurs « programmes verts », ainsi que l’immigration, la dette et les réglementations mesquines garantissent que les jeunes générations de citoyens nés dans ces pays ne jouiront pas de la même liberté et de la même prospérité que leurs parents.

Les bords effilochés de l’empire

Nous attendons de nos élites civilisées qu’elles nous éloignent de nos instincts primitifs et nous guident vers un monde plus éclairé. Et nous attendons de nos démocraties qu’elles permettent à la sagesse des masses de s’exprimer (éventuellement). Mais que se passerait-il si les hommes politiques étaient redevables aux lobbyistes de l’argent, plutôt qu’aux citoyens qui les élisent ? Et s’ils ne faisaient que truquer le système à leur avantage et à celui de leurs sponsors ?

Depuis la seconde guerre mondiale, « l’Occident » dirige le monde. L’Occident était dirigé par les Etats-Unis. Et les Etats-Unis étaient dirigés par ses élites. Tout en prétendant faire le bien, ces élites se sont en fait très bien débrouillées… Les riches sont devenus de plus en plus riches. En revanche, depuis ce que les Français appellent les « Trente Glorieuses » – les années 50, 60 et 70 –, les classes laborieuses n’ont guère progressé sur le plan matériel.

En insistant sur l’importance de l’obéissance, les élites ont attisé les guerres et provoqué la misère aux confins de l’empire. Nicaragua, Honduras, Cuba, Iran, Irak, Libye, Serbie, Koweït, Irak, Afghanistan, Ukraine, Israël… Les guerres semblaient interminables et insensées. Des millions de personnes sont mortes. Tandis que des millions d’autres réfugiés – immigrants – cherchaient une vie meilleure en Europe et aux Etats-Unis.

Les élites occidentales, en particulier aux Etats-Unis, ont profité de la commercialisation de la puissance de feu pour poursuivre ces guerres. Ensuite, une marée d’immigrants a fait baisser les coûts salariaux, ce qui a permis aux élites capitalistes d’augmenter leurs profits. Les chaînes de montage leur appartiennent, mais ils n’y travaillent pas. Les nouveaux immigrants étaient mis en concurrence pour les emplois, mais pas avec l’élite, dont les emplois au sommet étaient généralement à l’abri de la concurrence.

Les nouveaux réfugiés avaient eux aussi besoin d’un logement. Mais ils n’ont pas mis les riches à la rue ; ils se sont disputé les logements principalement dans les quartiers marginaux, et non dans les bons quartiers.

Enfin, les immigrés votent, dès qu’ils le peuvent. Et pour qui votent-ils ? Faut-il le demander ? Oui, ils votent pour les élites qui favorisent la poursuite de l’immigration.

Mais attendez. Il ne s’agit pas seulement d’immigration. Il s’agit de la révolte des masses. Nous en parlerons demain.

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