La monnaie distribuée par hélicoptère n’a pas fini d’inonder les Etats-Unis. De nouveaux programmes d’aide en tout genre sont proposés pour faire face à l’inflation… en partie causée par les aides précédentes.
Mais quelle démence !
Voici un article paru la semaine dernière sur Yahoo Finance :
« Dans le comté de Los Angeles, le prix moyen de l’essence a atteint un nouveau record, alors que le prix du baril de pétrole brut dépasse toujours les 100 $, signe que le coût du plein d’essence ne va pas baisser de sitôt, pour les conducteurs.
Le prix moyen, dans le comté le plus vaste des Etats-Unis en termes de population, a augmenté de 2,3 cents et atteint 6,011 $ [NDLR : par gallon, soit 3,78l] – soit près de 0,17 $ de plus que la semaine dernière, 1,224 $ de plus qu’il y a un mois, et 2,085 $ de plus qu’il y a un an, selon les chiffres publiés par l’American Automobile Association. »
La Californie est un leader.
Des dépenses, encore des dépenses
Son gouverneur, Gavin Newsom, qui a été formé chez les « jeunes leaders mondiaux » du Forum économique mondial (alias les décideurs de Davos) – de même que Chelsea Clinton ou Pete Buttigieg, le secrétaire américain aux Transports – a un plan pour s’attaquer à l’inflation, comme sa porte-parole, Erin Mellon, l’a déclaré au Los Angeles Times :
« Nous travaillons sur une proposition qui aiderait les Californiens à faire face à l’augmentation des prix de l’essence et offrirait un financement aux transports publics afin qu’ils puissent directement soulager les conducteurs. »
Vous avez saisi ? Dépenser encore de l’argent !
Et M. Newsom n’est pas le seul à évoluer dans la nuit noire de l’ignorance économique.
Voici trois démocrates de la Chambre des représentants, et leurs cannes blanches.
Selon Yahoo Finance :
« La semaine dernière, trois démocrates de la Chambre ont présenté un projet de loi visant à effectuer des versements mensuels directs aux Américains tout au long de 2020, ou du moins tant que les prix demeurent exceptionnellement élevés.
Les représentants Mike Thompson, de Californie, Lauren Underwood, de l’Illinois, et John Larson, du Connecticut, ont dévoilé le projet.
Il offrirait des chèques mensuels de 100 $ aux personnes seules, et de 200 $ aux couples, tant que le prix moyen de l’essence au niveau national est de 4 $ le gallon [NDLR : 3,8 l environ], ou plus. Les foyers pourraient également demander 100 $ supplémentaires par personne à charge figurant sur leur déclaration de revenus. »
Taxer, emprunter ou imprimer ?
Alors voyons voir… D’où vient cet argent ?
Il n’y a que trois sources possibles : les impôts, l’emprunt, ou l’émission d’argent frais.
Lequel de ces trois éléments peut-il permettre à la population des Etats-Unis de mieux s’en sortir ?
Si l’argent est levé via les impôts, on le prend simplement à un citoyen pour le donner à un autre, les deux étant pénalisés par la hausse des prix.
S’il est emprunté, il faudra le rembourser avec les intérêts. Par qui ? Comment ? Quand ?
La Californie ne peut pas imprimer de l’argent, mais les Etats-Unis le peuvent. Et comme de moins en moins de gens veulent prêter de l’argent aux taux ultra bas d’aujourd’hui (mais qui augmentent !), il est très probable que tous les futurs programmes de dépenses seront financés par la planche à billets de la Fed.
Autrement dit, en essayant de guérir le mal provoqué par la hausse des prix, on va faire encore plus grimper les prix.
Autrefois, c’était du côté des Canadiens que nous nous tournions, en quête d’une attitude plus prudente et digne que celle que nous affichons, au sud du 49e parallèle.
Hélas, ces temps sont révolus.
La province du Québec a déjà pris de vitesse Newsom et ces trois démocrates. Le gouvernement, dans la ville de Québec, a annoncé un nouveau programme de dépenses censé « aider les Québécois à gérer la nette augmentation du coût de la vie constatée ces derniers mois », selon le ministre des Finances de la province, Eric Girard.
Six millions de Québécois sont censés recevoir un chèque de relance de 500 $.
Encore plus d’argent
Et voici une proposition encore plus fabuleuse, pour nos bons vieux Etats-Unis, faite par l’économiste Mark Wolfe :
« Le gouvernement devrait demander au Congrès d’autoriser le paiement de 1 100 $ par foyer afin de couvrir les quatre mois d’augmentation des prix à venir, et offrir la possibilité que le président attribue un deuxième, voire un troisième, chèque aux familles percevant des revenus faibles et modérés, pendant quatre mois de plus, si les prix demeuraient élevés.
Nous ne savons pas quand cette crise prendra fin, ni quand les prix des biens et services essentiels reviendront à des niveaux abordables. »
Bien sûr. Tout ce que vous voulez.
Il doit bien y avoir 80 millions de familles percevant un revenu « faible à modéré », aux Etats-Unis. Si on leur versait 1 100 $ tous les quatre mois, cela coûterait environ 265 Mds$ par an, en chiffres ronds, sans aucune source de financement plausible en dehors de la planche à billets.
Mais attendez. Pourquoi ne pas taxer les compagnies pétrolières qui font des profits, puis distribuer cet argent aux consommateurs ? Eh oui, cette idée – telle une péniche incontrôlable transportant des ordures – vogue également dans les médias.
Cela permettrait « de faire d’une pierre deux coups », selon ses partisans, en permettant de réduire la dépendance aux indicateurs de fluctuation des prix… tout en soulageant les souffrances provoquées par la hausse des prix de l’essence.
Qu’est-ce qu’il se passe, avec ces génies ? Les prix augmentent (inflation) lorsque la masse monétaire augmente plus vite que les biens et services qu’elle permet d’acheter. Bien entendu, cela ne se limite pas à cela.
Mais si vous avez compris jusque-là, vous avez saisi ce qui est important. En taxant les profits réalisés par les compagnies pétrolières, on ne ferait que les décourager de produire… tout en donnant de l’argent pour encourager la consommation. Et donc le prix de l’essence augmenterait plus vite que jamais.
On ne leur apprend donc rien, à ces « jeunes leaders », à l’école du Forum économique mondial ?
On ne leur apprend pas à maîtriser l’inflation ?
Ou bien est-ce qu’on se contente de leur montrer comment se servir de l’inflation pour obtenir ce qu’ils veulent ?
Mais qu’est-ce qu’ils veulent ?
A suivre…