Après une longue période de tendance à la baisse, les cours se sont brusquement envolés début 2014 |
Le graphique ci-dessous montre l’évolution du cours des matières premières sur les trois dernières années. Après une longue période de tendance à la baisse, les cours se sont brusquement envolés début 2014 (indice CCI pour Continuous Commodity Index — nouvelle appellation de l’indice CRB). Compte tenu de la forte volatilité constatée sur ce marché il faudra, cependant, un peu plus de recul pour parler de retournement.
Jusqu’au début de l’année, les marchés financiers se sont principalement interrogés sur le danger d’une déflation mondiale, avec le risque d’une chute des cours des matières premières, mais au premier trimestre 2014 cette préoccupation s’est quelque peu atténuée. Actuellement, l’OCDE parle d’une croissance soutenue sur les marchés mondiaux.
En 2013, les importations et les exportations ont globalement augmenté dans les pays du G7 et les BRICS de, respectivement, 1,1% et 2,3% par rapport à 2012. Pour 2014, la Banque mondiale prévoit seulement une légère baisse des prix de l’énergie. Les prix agricoles pourraient encore subir une baisse de 2,5%.
▪ Ces prévisions pourraient rapidement être remises en cause
En effet, en seulement une semaine, trois avertissements officiels ont été publiés mettant en garde contre le possible retour, pour cet été, du phénomène climatique El Niño. Les instituts de prévisions météorologiques américains estiment la probabilité de ce retour à 50%. Si El Niño devient une réalité, il faudra compter sur de mauvaises récoltes principalement en Amérique avec, pour conséquence, une forte hausse sur les prix alimentaires.
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El Niño pourrait être, pour les marchés, la cause de très mauvaises surprises |
Les premiers signes de tension sont déjà visibles sur les marchés des matières premières. Cela pourra aussi avoir une influence sur les cours dans la Zone euro et même dans d’autres régions. El Niño pourrait être, pour les marchés, la cause de très mauvaises surprises.
Sans hausse particulière de la demande dans le monde, selon la Banque mondiale, le cours des métaux industriels pourrait baisser en moyenne de 1,7% en 2014. Toujours selon la Banque mondiale, si l’aversion au risque des investisseurs institutionnels n’augmente pas, les prix des métaux précieux pourraient chuter de 13% en 2014 — mais cela pourrait aussi être le contraire.
▪ Volatilité et incertitudes
Compte tenu d’une volatilité très importante, les prévisions sur les marchés des matières premières sont assorties d’incertitudes particulièrement élevées. La production de matières premières a un caractère cyclique très marqué et nécessite beaucoup de capitaux. La hausse des prix ne déclenche pas immédiatement une hausse de la production compte tenu du décalage, parfois de plusieurs années, qui existe entre l’exploitation d’un gisement et les produits finis prêts pour la vente.
La recherche par les investisseurs d’un "refuge sûr" ne favorisera peut-être pas le dollar compte tenu des mauvais fondamentaux de l’économie américaine. |
Les politiques monétaires ultra-expansives des banques centrales peuvent encore apporter, avec le temps, une hausse des prix à la consommation. En effet, les fortes turbulences sur le marché des devises depuis le début de l’année n’ont toujours pas modifié significativement la parité EUR/USD — mais il n’est pas garanti que cette stabilité perdure encore longtemps. Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la recherche par les investisseurs d’un "refuge sûr" ne favorisera peut-être pas le dollar compte tenu des mauvais fondamentaux de l’économie américaine.
Conclusion : les investissements dans les matières premières restent spéculatifs et à hauts risques, mais une poursuite d’un super-cycle des matières premières ne peut être totalement exclue.