** Un jour, les valeurs financières seront une bonne opportunité d’achat. Mais je préfère rater les premiers 20% de la hausse. Et je préfère acheter des choses dans lesquelles je peux entrevoir au moins un signe de rebond. Alors pourquoi ne pas investir dans des entreprises qui font tourner le monde, et qui sont performantes, plutôt que dans des entreprises qui entraînent le monde à la baisse ?
– Je pense qu’il s’agit là de choisir son poison. Les matières premières agricoles et les actions dans le raffinage du pétrole sont de ces quelques poisons que je pourrais ingérer. Les valeurs financières, en revanche, sont un type de poison que je refuserais catégoriquement. Permettez-moi de vous donner quelques transactions couplées hypothétiques pour illustrer cette idée…
– La première serait de vendre Visa et d’acheter des matières premières agricoles. J’aime cette idée. La base macro-économique de cette idée, c’est que la consommation financée par les dettes n’est pas une fonction corporelle essentielle. Manger en est une. Donc si l’économie ralentit un peu, les gens ne pourront peut-être plus faire autant d’achats. Ils se contenteront d’acheter de la nourriture, par exemple.
– De plus, il y a quelques bons aspects micro-économiques dans cette histoire. Visa est une action chère. Elle vaut déjà 40 fois les bénéfices. Son prix a doublé depuis son introduction en Bourse en mars dernier. Sa valorisation ne ressemble en rien aux autres industries auxquelles elle est plus ou moins liée — l’immobilier et le bancaire.
– Ces secteurs, qui reflètent la santé approximative du consommateur américain, sont en train de sombrer. Visa ne s’en tire pas trop mal. Les fans des actions Visa disent qu’elle ne sert qu’à procéder aux transactions. Elle n’est pas exposée au crédit. C’est vrai. C’est une vertu. C’est formidable. Mais pour procéder aux transactions, il faut des transactions. Et je dirais aussi que si Visa sert SEULEMENT à procéder aux transactions, comment se fait-il que l’action se vend 40 fois les bénéfices ? Un autre point : nous commençons à voir le début des défauts de paiement dans l’industrie des cartes de crédit. Pas de grosse surprise de ce côté-là.
** D’un autre côté, les matières premières agricoles sont complètement DIFFERENTES de Visa. Elles ne facilitent pas le commerce… bien qu’elles facilitent l’existence. Tous les habitants de la planète ont faim et disent qu’ils veulent manger. Cela ne fait pas automatiquement de ces matières premières une bonne opportunité d’achat, mais il ne faut pas oublier que l’offre mondiale de toutes les céréales a atteint un plancher de 25 ans. Les réserves de blé sont minces. Les réserves de blé américain ont atteint leur plus bas niveau depuis 60 ans. Et à ce moment-là, il y avait eu une très grosse correction dans le secteur des matières premières agricoles. Le prix du maïs est redescendu de ses récents sommets, de même que le prix du blé. J’aime donc ces transactions d’un point de vue macro.
– Il y a toujours un marché haussier quelque part. C’est une façon optimiste d’interpréter l’activité dans les marchés financiers. Et c’est une réalité. Malheureusement, il arrive que les marchés haussiers les plus importants du monde ne soient pas ceux qui rapportent de l’argent et des bonnes choses. Il arrive que les marchés haussiers soient ceux des saisies, des pertes d’emploi et des mises en faillite.
– Et de fait, nous avons de nouveaux marchés haussiers brûlants dans les secteurs de la sécheresse, de la famine et des faillites bancaires. Donc oui, il y a toujours un marché haussier, mais parfois, ceux qui génèrent des rentrées d’argent ne sont pas très fournis. Pendant des marchés comme ceux-là, la prudence tend à dépasser la prise de risque.
– Au début des années 1970, Warren Buffett a passé plusieurs années à gérer des positions prudentes d’un ennui sans bornes. Il est aujourd’hui milliardaire. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cela me semble plutôt sexy. Et pas si ennuyeux que ça.
– Je pense donc que les cycles des marchés financiers ont peut-être atteint le stade récemment mentionné par Charlie Munger : le retour en force du style d’investissement Berkshire.
– Après être passés par la vallée de l’ombre de la mort — les CDO, l’effet de levier, les scandales comptables, etc. — nous allons arriver dans un endroit où nous revenons aux bases. Où vous devez vraiment comprendre ce que vous achetez. Et où vous pouvez l’acheter, dans cette foire aux bonnes affaires, pour ce que ça vaut vraiment.
– Avec ces conseils, j’espère vous retrouver tous l’année prochaine plus riches que vous ne l’êtes. Et sinon plus riches, au moins en meilleure santé.