La Chronique Agora

Réserves de change : la Chine préfère l’or aux Treasuries

Actuellement, les acteurs sur le marché des devises sont en grande discussion au sujet des prévisions sur l’évolution du dollar américain faites en début d’année qui se sont finalement révélées fausses.

A l’époque, la pensée dominante donnait gagnant le billet vert en raison de prévisions très positive sur la croissance du PIB américain, la poursuite du tapering censé conduire à la hausse les taux d’intérêt, et son statut de "valeur refuge" dans un temps de fortes tensions géopolitiques. Au lieu de cela c’est l’euro qui est fort. Le président de la BCE, Mario Draghi, s’est déjà empressé de plaider, à Washington, pour un euro plus faible.

Le rôle du dollar dans le système monétaire international aussi bien que dans le commerce international diminue

Le rôle du dollar dans le système monétaire international aussi bien que dans le commerce international diminue. La République populaire de Chine presse de plus en plus les pays avec lesquels elle commerce à régler leurs factures dans leur propre monnaie nationale plutôt qu’en dollar.

Jusqu’à récemment, des 3 440 milliards de dollars de réserves de change de la Chine (soit environ le PIB allemand, selon le Financial Times), 60% étaient libellés en dollar US, 30% en euro, 3% en livre sterling et 3% en yen.

Le Wall Street Journal estime que la part du dollar américain dans les réserves de change totales de la Chine baissera jusqu’à 54%. La baisse ne se fait pas par la vente de bons du Trésor, mais par le fait que les arrivées à échéance ne sont pas réinvesties en dollar US. Par conséquent, la part des partenaires commerciaux bilatéraux augmente, alors que seulement quelques-unes de ces monnaies sont librement convertibles comme par exemple les dollars australien et canadien.

L’objectif à long terme du gouvernement chinois reste de renforcer le rôle international du yuan

Le but de la Chine
L’objectif à long terme du gouvernement chinois reste de renforcer le rôle international du yuan et la Chine progresse continuellement vers cet objectif en imposant sa monnaie pour payer ses factures dans le monde entier. Ce faisant elle affaiblit le dollar.

Devenir trader sur le marché des devises ?
Difficile… long… coûteux…
… Sauf si vous pouvez répliquer à l’identique les trades d’un spécialiste qui vit du Forex depuis des années !

Comment ça ? Eh bien… tout est là. N’attendez plus !

 

Selon l’organisation Swift Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, le yuan est la septième monnaie (13ème il y a un an) la plus utilisée pour les paiements transfrontaliers. Le yuan concerne seulement 1,4% de la valeur totale des paiements, mais il affiche déjà un grand dynamisme. Juste devant le yuan, on trouve le dollar canadien (1,8%) et le dollar australien (1,7%). Dans le haut du tableau on trouve le dollar US (38,8%) et l’euro (33,5%), suivis par la livre sterling (9,4%) et le yen (2,5%).

Compte tenu de l’énorme dette nationale des Etats-Unis et de la baisse du pouvoir d’achat du dollar, rester en billets verts est trop risqué pour la Chine. Selon les calculs effectués par la Réserve fédérale de Minneapolis, 100 $ de 1914 valent aujourd’hui 23,53 $. Sur ses réserves en bons du Trésor US à court terme, la Chine ne perçoit pratiquement aucun intérêt.

Quelle alternative au dollar ?
Comment la Banque populaire de Chine (PBoC) peut-elle se tirer d’affaire ? Que font les autres banques centrales ? A côté de leurs réserves de change sous forme de devises, les banques centrales détiennent de l’or à hauteur de 11%, en moyenne, de leurs réserves totales.

Elles ont continuellement augmenté leur stock d’or depuis début 2011 (achats nets par les banques centrales en 2013 : 409 tonnes). Le World Gold Council (WGC) prévoit que les banques centrales vont continuer d’acheter de l’or à hauteur d’environ 300-350 tonnes par an.

De toute évidence, elles se préparent à une prochaine réforme du système monétaire mondial

De toute évidence, elles se préparent à une prochaine réforme du système monétaire mondial. Leur motivation principale est la diversification des réserves de change et la réduction de la dépendance vis-à-vis du dollar américain. La part de l’or dans les réserves monétaires des banques centrales asiatiques est encore particulièrement faible.

Dans les statistiques du World Gold Council d’avril 2014, la Chine détient officiellement seulement 1 054 tonnes d’or, ce qui représente à peine 1,2% de ses réserves en devises. Ces chiffres officiels ne sont publiés que depuis 2009. On ne connaît pas les montants détenus ou achetés par les institutions publiques autres que la Banque centrale chinoise.

Par ailleurs, le marché privé des métaux précieux en Chine est en train d’évoluer considérablement. La seule demande d’or physique chinoise équivaut à la totalité de la production minière mondiale. La Chine est aujourd’hui le plus grand marché du monde de bijoux et d’investissement dans des biens physiques. A moyen terme, d’ici 2017, la WGC prévoit une demande chinoise annuelle en or de 500 tonnes.

Les chiffres concernant l’évolution des réserves de change de la PBoC sont des données très sensibles qui sont gardées confidentielles par le gouvernement et la Banque centrale. On ne peut pas s’attendre à ce que la Banque centrale annonce qu’elle envisage de vendre, par exemple, 500 milliards de bons du Trésor US pour acheter de l’or à la place : cela entraînerait beaucoup de turbulences sur les marchés… ce qui jouerait contre ses propres intérêts.

Il faut plutôt s’attendre à ce qu’elle le fasse lentement et avec précaution mais avec persistance et sans défaillir. Pour les traders londoniens, ne restent que des spéculations : les avoirs en or de la Chine pourraient être de 3 000 à 4 000 tonnes. A titre de comparaison, les Etats-Unis détiennent 8 133 tonnes d’or (72,1% de leurs réserves de change), l’Allemagne 3 387 tonnes (68,7%) et la France 2 435 tonnes (65,1%).

Le gouvernement chinois devrait poursuivre sans interruption son objectif de faire du yuan l’une des principales monnaies du système monétaire mondial. Compte tenu de leur dette extérieure très élevée, les Etats-Unis ne seront guère en mesure d’enrayer ce processus et de maintenir la prédominance de leur dollar…
[NDLR : Qu’est-ce que tout ça signifie pour vous, investisseur ? Approfondissez la question ici même… et sortez gagnant de ce changement fondamental du système monétaire mondial. ]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile