** "Il n’y a pas de foi plus persistante et plus influente dans le monde d’aujourd’hui que la foi en les dépenses du gouvernement".
— Henry Hazlitt, L’économie en une leçon, 1946.
– C’est à la mode en ce moment, et aucun gouvernement ne veut être mis de côté. "Dépensez, dépensez, dépensez !", crient-ils du haut de leurs tours de guet respectives. "Le peuple a besoin de nous", se disent-ils à eux-mêmes — alors que ce dont le peuple a réellement besoin, c’est que les politiciens dégagent le terrain.
– Les docteurs reconnaissent une règle de base en médecine : ne pas faire de mal. Les officiels élus et non élus reconnaissent la règle opposée : faire quelque chose, même si n’est n’importe quoi.
– Il y a plus d’un siècle, le maintes fois ignoré Henry Hazlitt a mis en garde contre les dangers d’un gouvernement excessif.
– "Tout ce que nous obtenons, en dehors des dons gratuits de la nature, doit être payé", a observé Hazlitt. "Le monde est plein de soi-disant économistes qui sont eux-mêmes pleins de combines pour obtenir quelque chose en échange de rien. Ils nous disent que le gouvernement peut dépenser et dépenser encore sans jamais nous demander d’impôts ; qu’il peut continuer à amasser les dettes sans jamais les rembourser parce que ‘nous le devons à nous même’."
– Cette rhétorique politique tout à fait mignonne, est très tendance depuis quelques années, comme le mentionnait Hazlitt.
– "Rendormez-vous, citoyens américains", disait feu le grand comédien Bill Hicks. "Voici une nouvelle saison de la Nouvelle Star. Votre gouvernement contrôle la situation. Vous êtes libres. Rendormez-vous, citoyens américains."
– Et pour la plupart, c’est ce qu’ils ont fait. Mais il est difficile de faire une bonne nuit de sommeil quand les agents de recouvrement appellent à n’importe quelle heure.
** "Nous nous devons de vivre dans une maison plus grande", se sont dit les gens vers la fin du siècle dernier. "Ils proposent de bons taux et, après tout, l’immobilier ne fait que monter, pas vrai ?"
– En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, le banlieusard moyen a vu son faux tapis italien (fabriqué à Taiwan) enlevé de sous le canapé Ikea (fabriqué en Suède) et son écran plasma Sony (fabriqué au Japon) emmené dans un camion Hyundai (fabriqué en Corée). Même les récupérateurs envoyés par l’huissier ont été importés du Mexique.
– Qu’est-il arrivé à l’économie ? Trop peu ont pris la peine de se poser la question. Et maintenant que le système "nous pensons, ils transpirent" s’est effondré sur les têtes de tout le monde, un nouveau jeu qui fait son grand retour en ville. Pour beaucoup de ses participants, l’élection d’Obama était la carte "ne passez pas par la case dette" qu’ils attendaient tant.
– "Je suis tellement heureuse", s’écriait une femme au rassemblement de la victoire à Chicago. "Je n’ai plus à m’inquiéter de la façon dont je vais pouvoir mettre de l’essence dans ma voiture, ni de comment je vais rembourser mon hypothèque".
– Ce que beaucoup n’ont pas compris, et ne comprennent toujours pas, c’est que le problème ne s’arrête pas à Bobby qui a du retard dans les remboursements de sa voiture, ou à Mary qui a dépassé le seuil d’utilisation de sa carte de crédit. Ce ne sont que des petits poissons qui se tortillent au bout d’une longue ligne. Il y a de plus gros poissons à manger d’abord.
– Et maintenant que la meilleure (ou la pire) partie du système bancaire américain a été engloutie dans le bain sanglant des dettes et des désillusions, quelqu’un doit remplir le grand vide des promesses. En l’année électorale 2008, c’était une opportunité politique beaucoup trop belle pour qu’on passe à côté.
– Le week-end dernier, le secrétaire au Trésor américain, Tim Geithner, a pris son mégaphone pour assurer aux Américains que les secours étaient en route. Le Trésor américain va donner entre 75 et 100 milliards de dollars, a promis M. Geithner, pour lancer un partenariat public-privé du tonnerre pour nous sauver tous des horreurs de la réalité économique.
– La cerise sur le gâteau, rapporte la presse, c’est que "l’argent du gouvernement va être ajouté à des capitaux privés et l’effet de levier va être utilisé pour atteindre les 500 milliards de dollars, ou peut-être le double de ce montant, avec l’aide de la Federal Deposit Insurance Corp., un régulateur bancaire américain, et de la Réserve fédérale".
– Pourquoi s’arrêter à 1 000 milliards de dollars, nous demandons-nous. Pourquoi pas plutôt 10 000 milliards de dollars ? Ou 100 000 milliards de dollars ? Laissez-leur le temps, cher lecteur. Laissez-leur le temps.
– Comme on pouvait s’y attendre, les marchés ont accueilli la "nouvelle nouvelle solution" de M. Geithner avec enthousiasme. Et le dollar ? Eh bien, le billet vert, autrefois puissant et désormais dans les cordes, s’est encore pris un mauvais coup dans les dents… tandis que 300 millions d’arbitres détournaient les yeux.
– "Rendormez-vous, citoyens américains", clament en choeur les mégaphones. "Vous êtes libres".