La Chronique Agora

Ne courez pas après le rendement

richesse

« Année : période de 365 déceptions ».
– Ambrose Bierce, Le Dictionnaire du diable

▪ L’année 2014 a été l’une des pires qu’aient jamais connue les stock pickers. A cela, la majorité des gens ne réagissent pas correctement. Et cela pourrait vous coûter très cher sur le long terme si vous êtes comme eux.

En effet, les investisseurs mettent leur argent dans des fonds passifs — comme des fonds indexés sur les grands indices boursiers. Comme chacun le sait, les stock pickers ne peuvent pas battre le marché à cause des frais qu’ils doivent payer. Cependant, cette année fut une déroute épique.

On a beaucoup écrit pour expliquer le pourquoi du comment. Cela ne m’intéresse pas, parce que je pense que nous devinons tous. Deuxièmement, même si nous le savions, cela ne signifie pas que nous serions capables de prédire quand les choses changeront.

Voici donc mon conseil : ignorez tout ce qu’on peut dire pour essayer de l’expliquer. N’essayez pas de courir après les rendements, sinon, vous perdrez beaucoup d’argent avec le temps.

*** Confidentiel ***
Un conseiller de la CIA révèle le plan qui prépare en secret l’avènement de
LA « MONNAIE FANTÔME »

Selon cet expert, la fin du système monétaire mondial est déjà programmée et pourrait avoir lieu d’ici mars 2015ou avant.

S’il a raison, les marchés boursiers pourraient être divisés par deux, l’épargne individuelle partirait en fumée, les faillites bancaires se multiplieraient… et des millions de gens perdraient TOUT.

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Le fonds commun de placement moyen enregistre un rendement de 13,8% par an durant toute la durée de l’étude. Pourtant l’investisseur moyen dans ces fonds ne gagne que 7%. Pourquoi ?

Hélas, la plupart des gens recherchent le rendement. Par exemple, penchons-nous sur l’une de mes études préférées, de Dalbar. Elle montre que le fonds commun de placement moyen enregistre un rendement de 13,8% par an durant toute la durée de l’étude. Pourtant l’investisseur moyen dans ces fonds ne gagne que 7%. Pourquoi ?

Parce qu’il a retiré son argent du fonds après que ce fonds a sous-performé et l’y a réinvesti après que le fonds a bien performé. Les investisseurs recherchaient constamment les rendements.

Un autre exemple que j’aime bien est la CGM Focus Fund de Ken Heebner. Il a été le meilleur fonds de la décennie 2000-2010. Le fonds de Heebner a enregistré un rendement impressionnant de 18%. Pourtant l’investisseur typique de ce fonds n’a gagné que 11%. Ici aussi même chose : les gens ont retiré leur argent lorsque l’année a été mauvaise et l’y ont réinvesti à l’issue d’une année fructueuse.

▪ Penser à long terme est plus profitable
J’ai décrit ce phénomène dans mon premier livre, Invest Like a Dealmaker (Investir comme un opérateur boursier, NDLR). Le conseil que je donnais alors je le donne encore aujourd’hui. Pour l’illustrer, je cite Mohnish Pabrai répondant à une question que lui posait le Barron’s.

Le fonds de Pabrai a rapporté près de 10% au cours des 10 dernières années, battant l’indice d’environ 1,5 point. Mais cette année, il est resté fort à la traîne. Je cite l’article du Barron’s :

« Lorsque je lui ai posé la question de cette sous-performance, il répondit : ‘Je pense que cet intervalle de mesure n’est pas pertinent. On ne peut rien dire d’intelligent sur des périodes courtes comme 10 mois. Je ne fais jamais d’investissement en pensant à ce qui pourrait arriver dans quelques mois voire même dans un an’. » [C’est moi qui souligne.]

C’est tellement vrai !

Le problème avec la culture médiatique actuelle de l’info 24h/24 7j/7 est que tout le monde doit avoir quelque chose à dire tout le temps. Et pourtant la plupart du temps, il n’y a vraiment rien qui vaille la peine d’être dit.

J’irai même plus loin : je ne pense pas qu’il faille se comparer avec les grands indices ni avec le marché

Nous sommes donc chaque jour submergés de commentaires sur la moindre petite variation du cours des actions, de l’or, des obligations, etc. Tout cela est d’une telle futilité. Je partage l’avis de Pabrai : il n’y a vraiment rien d’intelligent à dire sur une période si courte. J’irai même plus loin : je ne pense pas qu’il faille se comparer avec les grands indices ni avec le marché. Voici ce que Martin Whitman, l’un de mes investisseurs préférés, dit à ce sujet :

« Certains économistes croient profondément que le but des gestionnaires de portefeuilles professionnels est de battre le marché. S’ils n’y parviennent pas, individuellement ou en tant que groupe, ceci est pris comme preuve qu’ils sont inutiles… Le mot le plus aimable que nous ayons pour ce point de vue est que c’est clairement de l’amateurisme ». [C’est moi qui souligne.]

Cette phrase est tirée de Modern Security Analysis par Whitman et Fernando Diz. Si je devais sélectionner une bible de l’investissement, ce serait celle-là. J’apprécie beaucoup leur approche et Whitman a eu une grosse influence sur ma façon de considérer l’investissement.

La raison pour laquelle Whitman montre un tel dédain pour savoir si on a battu le marché est que les gestionnaires ont des objectifs et des devoirs différents. Un gestionnaire qui investit pour le compte d’une fondation préférera sans doute la sécurité et une rente plutôt que des plus-values. Par conséquent, si un tel gestionnaire enregistre un rendement de 9% avec un portefeuille de titres classiques qui rapportent systématiquement des dividendes, il serait stupide de le critiquer parce qu’il ne bat pas le S&P.

En outre, qu’est-ce qu’une année ?

Il faut jouer sur le long terme. Et de toute façon, il existe des méthodes et des investisseurs qui, avec le temps, ont battu le marché d’une forte marge. Le fait est qu’ils battent rarement le marché de façon constante.

Les meilleurs investisseurs sont à la traîne du marché 30% à 40% du temps. Comme l’a un jour écrit Barton Biggs après avoir analysé les rendements extraordinaires d’investisseurs superstars : « aucun d’eux ne bat systématiquement le S&P 500, sans doute parce qu’aucun ne pense que c’est là le principal objectif ».

N’oubliez pas cela avant de remanier votre portefeuille après avoir vu les résultats de l’année. Ne courez pas après les rendements !

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