La Chronique Agora

Remaniement du gouvernement : à quoi s’attendre ?

Le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, suscite des opinions divergentes en raison de son ascension rapide…

L’année 2024, année de la marmotte ?

Les financiers se risquent souvent à parier que la première semaine boursière donne le ton pour les mois qui vont suivre. D’un point de vue symbolique, nous avons bel et bien été servis.

Le millésime 2024 a débuté par cinq séances éminemment soporifiques, caractérisées par des volumes d’échanges dignes d’une veille de réveillon (barre du milliard de transactions réelles franchie in extremis au bout du bout de la cession, avec moins de 2,4 Mds€ en moyenne au « fixing » de 17h35), mais grâce à la magie de notre agenda politique, la sixième promettait – du moins en théorie – d’être plus animée.

Mais ce ne fut pas le cas : Bourse figée, volatilité et volumes nuls… un non-événement absolu.

Pourtant, les marchés en avaient fini pour de bon avec les fils d’actualité laborieusement meublés par le feuilleton Depardieu, les déboires de la famille Delon ou la vague de froid en hiver (conséquence du dérèglement climatique, manquerait plus qu’il fasse trop chaud lors des Jeux olympiques fin juillet !).

Fini les reportages sur les automobilistes naufragés de la route à 10 km de Paris sur des autoroutes pas déneigées (pas d’investigation pour comprendre l’absence de salage : l’explication serait toutefois que la DDE se serait fié au « mauvais modèle » de prévision)… On allait enfin avoir du grain à moudre !

Les experts politiques allaient pouvoir se lâcher, envoyer du rêve avec la star du ministère de l’éducation parvenu en cinq mois – et sans avoir jamais accompli de concret – à la tête de Matignon, le « gendre idéal », le vrai chouchou des médias depuis juillet dernier, succédant à l’austère Elisabeth Borne, réputée technocratique et cassante, mal aimée du patronat, carbonisée par 23 « 49.3 » successifs, finissant avec une cote de popularité reflétant les valeurs du thermomètre sur le plateau de Joux dans le Jura (surnommé la « petite Sibérie »).

Les médias pro-élyséens – c’est-à-dire la majorité des quotidiens qui garnissent nos kiosques – se félicitent de l’excellent choix d’Emmanuel Macron : pensez donc, son poulain de Matignon jouit d’une cote de confiance de 48%, aucun autre de ses actuels ministre ne dépasse les 40% de « popularité »… Quant aux autres, les Français sont incapables de les évaluer, ils ne savent même pas qui ils sont.

Mais tout est affaire de présentation : on évite de mettre en avant le fait que 52% des Français ne font pas confiance à un jeunot archi-pistonné depuis l’école Alsacienne et Sciences-Po.

Il n’avait d’ailleurs pas validé sa seconde année, mais fut « rattrapé » grâce aux points apportés par un rapport de « sage professionnel » de haute volée, co-signé par d’éminentes têtes d’affiche des cercles de pouvoir… et alumni de l’IEP.

Les institutions du quartier latin savent heureusement reconnaître à leur juste valeur les mérites des âmes bien nées, qui comme nous le savons « n’attendent pas le nombre des années ».

Oublions qu’à 34 ans, Napoléon, au fait de sa gloire en 1805, ou Elisabeth Ire, trois siècles auparavant qui fut à l’origine de « l’âge d’or » éponyme, avaient déjà – au même âge – un peu fait leurs preuves, de même que Descartes, Mozart, Rousseau, Laplace, Copernic, Montesquieu, Michel Ange, d’Alambert, Léonard de Vinci… mais les médias scandent : « Allez Gabriel, te voilà en pleine lumière, à toi de jouer ! »

Cette bonne fortune doit cependant apparaître un peu frustrante pour beaucoup d’éléments parmi les plus méritants des filières d’excellence (polytechnique, Normal Sup’, HEC, Essec… où Gabriel Attal eut le flair de ne jamais tenter sa chance).

Oui, un peu de frustration pour ceux qui revendiquent à 34 ans des accomplissements professionnels flatteurs qui les désignent aux meilleurs postes dans des ministères ou des multinationales produisant énormément de richesses.

Alors que le nouveau « boss » de Matignon a toujours vu ses émoluments de « conseiller » ou d’éphémère ministre (quelques mois tout au plus, à chaque fois) versés par le contribuable, que son action ait ou non généré des résultats mesurables.

Du coup, cela m’amène à relativiser un peu les accusations de « jalousie » à l’encontre de « celui qui réussit » de la part des « losers »…

J’entends quelques dents grincer parmi les « losers » sortis majors de l’ENA, de l’X, d’HEC, ou parmi les « pisse-vinaigre » qui ont dû batailler pour séduire les électeurs pour devenir tardivement députés, après avoir fait leurs preuves au service de leurs administrés comme maires, conseillers régionaux, présidents de chambre de commerce, etc.

Mais nous devons – sans occulter nos nombreuses réserves sur la pertinence de cette nomination – ne pas non plus instruire de faux procès. Gabriel Attal est, tout comme Macron, une construction des médias et le « champion » des plus puissants cercles d’influence occidentaux – Bilderberg et WEF notamment. Autrement dit, si ce n’était Gabriel de la rive gauche, ç’aurait pu être un clone de la rive droite (Bercy, bastion de l’énarchie) ou des grandes écoles de l’Ouest parisien (Dauphine, HEC, Polytechnique…).

Quel est le degré de responsabilité de la marionnette – consentante, c’est un destin doré qui ne se refuse pas – par rapport à ceux qui tirent les ficelles, bien à l’abri du suffrage universel, des vicissitudes très terre à terre découlant du « temps court » du jeu démocratique ?

Gabriel Attal n’est qu’un instrument, peut-être en quête d’une future autonomie, laquelle lui serait accordée quand « il sera prêt » et s’il parvient à imposer son autorité à un aréopage de ministres qui seront tous plus âgés que lui… mais qui savent – parce que c’est évident – qu’il est l’élu de ceux demeurent les maîtres de leur destin à tous.

Et comme il n’est pas prêt – à part pour incarner le visage idéal de la « jeunesse » et de « la foi en l’Europe » –, les « sherpas » lui ont choisi une vraie « pointure » comme mentor, un homme de l’ombre, Emmanuel Moulin, qui lui possède les compétences et la maturité d’un ministre… mais qui n’incarne pas le « souffle nouveau » et « la fougue juvénile » de la nouvelle tête d’affiche de Matignon.

C’est du solide et du sérieux.

Emmanuel Moulin, c’est le prototype du grand serviteur de l’Etat, qui n’a pas quitté Bercy pour faire fortune dans une banque d’affaires anglo-saxonne (juste un bref passage par Citigroup durant l’année 2006), qui respecte le principe « servir et non se servir ».

Profil ENA/inspection des finances, passé par la direction générale du Trésor en 1996, il deviendra suppléant à la Banque mondiale à Washington où il vivra le 11 septembre 2001. Il devient ensuite secrétaire général du Club de Paris (qui gère une partie de la dette des pays en développement) de 2003 à 2005. Puis il est rappelé à Bercy par Christine Lagarde en 2007, comme directeur adjoint de cabinet, chargé des dossiers macroéconomiques, des dossiers financiers et des affaires européennes et internationales.

C’est lui qui sera à la manoeuvre à la tête de Bercy lors de la grande crise financière de 2008/2009, puis de nouveau lors de la crise de la gestion du COVID en mode « quoi qu’il en coûte » : il en fut l’un des chefs d’orchestre, à défaut d’en être l’inspirateur.

Car c’était un « plan » international coordonné par Mc/Kinsey/Pfizer et Von der Leyen visant à instaurer un système de contrôle global – sous un prétexte sanitaire via l’obligation vaccinale – des citoyens européens et des principales démocraties occidentales.

Un plan auquel Gabriel Attal a souscrit intégralement, surenchérissant même sur un Emmanuel Macron qui se faisait fort « d’emmerder les Français, et jusqu’au bout ». Gabriel Attal fustigea à son tour sans merci ceux qui résistaient à la pression de l’apartheid sanitaire, la pire abjection qui ait été infligé aux citoyens de notre pays depuis les ordonnances scélérates décrétées par Vichy, en juillet 1942.

Mais l’histoire ne semble pas être le point fort de Gabriel qui excelle plutôt dans le registre « mentir avec un sourire enjôleur », une aptitude fort bien maîtrisée qu’il partage avec son mentor de l’Elysée… et Olivier Véran, avec lequel il entretient d’évidents « liens de proximité ».

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