La Chronique Agora

Fin des découverts, taxes sur le e-commerce : la régulation qui sabote le pouvoir d’achat

Dhaka, Bangladesh- 03 July 2025: Smartphone displaying SHEIN logo with shopping cart on a blue background.

Sous couvert de protection, les autorités multiplient les obstacles à des services plébiscités, tandis que les grands distributeurs poussent à verrouiller la concurrence. Résultat : moins de choix, plus de contraintes — et un pouvoir d’achat sous pression.

L’arrivée en France d’une régulation de l’UE sur les crédits à la consommation promet davantage d’obstacles pour les découverts de moins de 200 euros. Elle impose désormais une étude de solvabilité pour la totalité des découverts, créant ainsi un frein supplémentaire à l’octroi de crédits aux consommateurs.

Comme l’explique BFM, ces nouvelles barrières posent surtout problème aux ménages les plus modestes :

« C’est surtout pour les plus précaires qu’il y a des inquiétudes. Les nouvelles exigences pour les découverts de moins de 200 euros et de moins d’un mois pourraient bel et bien induire des refus de certaines demandes qui auraient pu être acceptées dans le cadre actuel. »

La régulation introduit aussi une interdiction de publicité pour les alternatives aux crédits à la consommation, comme le paiement en différé. Ces mesures interviennent alors que l’usage du paiement fractionné, notamment via des services comme Klarna, a explosé.

L’introduction en Bourse du groupe, en septembre, a permis une levée de fonds de plus d’un milliard d’euros, portant sa valorisation à 14 milliards de dollars. Klarna indique avoir enregistré 112 milliards de dollars de transactions cumulées et compter 111 millions d’utilisateurs récents.

Ces services permettent d’obtenir l’équivalent d’un crédit à la consommation sans intérêts ni contraintes réglementaires lourdes. Désormais, les régulateurs créent des obstacles aux crédits, aux découverts et au fractionnement des paiements – bloquant l’accès à des services en demande et augmentant les pressions sur les consommateurs. L’interdiction de promouvoir ces services limite également l’émergence de nouvelles alternatives de paiement.

Lutte contre Shein : pression du secteur du vêtement

Dans le secteur du vêtement, le gouvernement mène aussi l’assaut contre la plateforme Shein, souvent sous la pression d’entreprises du textile réclamant taxes et restrictions. Pourtant, le succès du e-commerce repose sur ses avantages pour les consommateurs : un choix accru et des prix tirés vers le bas grâce à la concurrence.

Les ventes de produits en ligne en France atteignent 175 milliards d’euros en 2024, contre 93 milliards en 2019 et 8,4 milliards en 2005.

Un sondage de L’Hémicycle confirme la demande forte pour les vêtements bon marché :

« Les revenus intermédiaires et modestes citent avant tout le prix accessible et la fréquence des promotions… Sans surprise, les ménages modestes privilégient Shein, Primark ou Temu. »

L’étude révèle également un paradoxe : même parmi les consommateurs attentifs à l’éthique, Shein reste massivement utilisé. « Parmi ceux qui jugent l’origine et les conditions de fabrication essentielles, 64 % ont acheté chez Shein ces 12 derniers mois… Les scandales ? Leur impact est marginal. »

L’ouverture de magasins Shein, notamment au BHV à Paris, augmente la pression du secteur sur le gouvernement. Plusieurs distributeurs (Décathlon, Kiabi, magasins U) réclament des mesures contre les importations pour se protéger de la concurrence.

En 2021, des procédures contre Wish ont conduit à la disparition de la plateforme en France, officiellement au nom de la protection du consommateur – mais au détriment du choix disponible.

Le gouvernement cherche désormais un prétexte pour cibler Shein : contrôle massif des colis à Roissy, procédure de suspension, et déclaration du ministre de l’Intérieur évoquant un blocage pour « infractions répétées ».

Entreprises en quête de protections

L’opposition à l’ouverture de magasins Shein vient en partie de l’industrie du vêtement. Dans un rapport remis au gouvernement, plusieurs acteurs proposent des taxes et mesures restrictives contre le e-commerce.

Selon FranceInfo, le rapport formule une trentaine de recommandations pour soutenir le commerce de proximité. Il suggère notamment une taxation des achats en ligne et davantage de pouvoirs pour les maires afin de bloquer l’ouverture de centres de distribution.

Le rapport justifie ces mesures en invoquant la protection du commerce de centre-ville. Pourtant, il admet lui-même que l’érosion du commerce physique ne vient pas principalement du e-commerce.

En effet : « Le commerce physique croît en volume d’activité et en actifs employés. De 2006 à 2022 : +25 % de création d’emplois, soit environ 800 000 emplois créés. La part du e-commerce représente seulement 50 000 emplois. »

Le graphique ci-dessous, issu du rapport montre la répartition des ventes selon le type de commerce : les grandes surfaces réalisent 67 % du chiffre d’affaires, tandis que les achats en ligne atteignent 11 %, malgré une progression continue depuis vingt ans.

Le graphique suivant détaille l’évolution du nombre de magasins de centre-ville par type depuis 2014. Il montre une baisse des commerces d’équipements à la personne (vêtements et mode) au cours de la dernière décennie, au profit des hôtels, restaurants, services et autres formes de commerces.

Le rapport exige donc l’instauration de taxes sur le e-commerce.

Ses auteurs écrivent :

« Il apparaît, dès lors, nécessaire d’instaurer une taxe dissuasive pour instaurer une équité concurrentielle effective, par une application sur tout le territoire européen et sur tous les articles, c’est-à-dire avec une assiette large, une information claire et un prélèvement au moment du paiement. Une telle taxe s’inscrit dans un effort de justice fiscale et dans la volonté de garantir une concurrence plus équitable tout en préservant la sécurité et l’intégrité du marché français. »

La protection des commerces de centre-ville, comme la lutte contre le changement climatique, sert ici de prétexte aux demandes de restrictions et de blocages contre les importations.

En réalité, les distributeurs de vêtements à bas coût, tels que Système U, Décathlon ou Kiabi, cherchent des protections contre la concurrence. Pourtant, la popularité des plateformes comme Shein et la hausse continue des ventes en ligne montrent clairement la demande des consommateurs.

Le secteur du vêtement souhaite donc limiter la concurrence, tandis que le consommateur perdrait des avantages essentiels : une offre plus large et un pouvoir d’achat préservé.

Les régulations contre les découverts, le paiement en différé ou les plateformes comme Shein contribuent toutes à des surcoûts pour les ménages. Elles freinent l’accès à des produits en forte demande et participent à la stagnation du niveau de vie dans la zone.

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